Le site Selectra a publié aujourd'hui un article sur l'intervention du président de RTE, Xavier Piechaczyk, au 'Colloque National de France Renouvelables 2025' qui s'est tenu hier à Paris, expliquant l'avertissement publié le 11 Avril dernier par RTE sur les très fortes tensions sur le réseau électrique français.
En fait, le 1er Avril précédent, 9 GW de production a avait disparu en quelques minutes, suite à l'arrêt simultané de moyens de production EnR, à cause de l'approche de prix négatifs. Ce qui ressemble beaucoup au scénario que j'évoquais pour expliquer le blackout en Espagne.
Et les mêmes causes produisant les mêmes effets, lui aussi préconise des mesures, comme l'opérateur du réseau espagnol REE, pour éviter les effets de rampe, faisant varier brutalement la fréquence et la tension, pour étaler les arrêts des centrales EnR sur une plus longue période.
Puisque elles, contrairement aux centrales thermiques, ont la capacité de couper leur production en quelques seco,des sans que leur coûte.
Quand le trop-plein d'énergie verte menace la France d'un blackout : l'alerte du patron de RTE
Par Matias Perea - Analyste Énergie
Le "choc électrique" qui a fait trembler le réseau français
Le message est porté par Xavier Piechaczyk, président de RTE, plus haute autorité du réseau électrique français. Il a révélé un incident qui illustre parfaitement le danger. Le 1er avril dernier, en une seule fois, 9 gigawatts de production verte ont été débranchés du réseau. Pour se faire une idée, c'est comme si l'on arrêtait brutalement neuf réacteurs nucléaires en même temps.
Cette coupure a provoqué des "sauts de fréquence" sur le réseau. En clair, le système électrique, qui a besoin d'un équilibre parfait pour fonctionner, a subi un choc violent. "Le réseau ne peut pas gérer des changements aussi abrupts", a martelé le président de RTE. Le risque, à terme, si ces pratiques se répètent, est celui de la désynchronisation et de la panne à grande échelle.
" Le 1er avril dernier, en quelques minutes, 9 GW de production d'énergie renouvelable se sont arrêtés sur le réseau français.9 GW, c'est l'équivalent en puissance de 9 tranches nucléaires. Cela provoque des sauts de fréquence majeurs.
Xavier Piechaczyk, président de RTE -Colloque National de France Renouvelables 2025, 16 octobre 2025"
Pour entendre le président de RTE détailler lui-même ce "choc électrique", son intervention est disponible ci-dessous (le passage clé débute à 1h11).
Le paradoxe des prix négatifs : pourquoi coupe-t-on l'électricité ?
Mais pourquoi en arrive-t-on à débrancher des sources d'énergie propres ? La raison est économique et physique. Certains jours, notamment au printemps, quand il y a beaucoup de vent, de soleil et une faible demande, la France produit plus d'électricité qu'elle n'en consomme. L'offre dépasse tellement la demande que les prix sur le marché de gros deviennent négatifs : il faut payer pour injecter son électricité sur le réseau.
Face à cette situation, les producteurs d'énergies renouvelables préfèrent logiquement arrêter leurs installations pour ne pas perdre d'argent. Le phénomène prend de l'ampleur : sur la première moitié de l'année 2025, la France a dû "effacer" 2 TWh d'énergie verte, soit une hausse de 80 % en un an. Le problème n'est donc pas de couper, mais de le faire tous en même temps.
La solution : "freiner en douceur" plutôt que de piler net
Le blackout ibérique, un avertissement pour l'Europe
Cette crainte n'est pas que théorique. Certains experts estiment que la récente panne de courant massive qui a touché l'Espagne et le Portugal pourrait être liée à un excès de production d'énergie verte qui a déstabilisé leurs réseaux. Un exemple concret qui montre que la gestion des surplus est un enjeu de sécurité majeur pour tout le continent.
Face à ce danger, RTE ne demande pas d'arrêter de couper la production excédentaire, mais de le faire de manière intelligente et coordonnée. L'image est simple : il faut "rendre la rampe moins raide", c'est-à-dire freiner en douceur plutôt que de piler net. Cela implique de trouver des solutions pour étaler les arrêts des éoliennes et des parcs solaires sur plusieurs minutes ou heures, et non en quelques secondes.
Plusieurs pistes sont à l'étude : des mécanismes économiques pour inciter à un arrêt progressif, de nouvelles réglementations ou des outils techniques de pilotage à distance. L'objectif est de lisser ces variations pour que le réseau puisse les absorber sans vaciller.
https://selectra.info/energie/actualites/marche/blackout-energie-verte-alerte-rte