Et surtout posé la bonne question : « Les foyers ont-ils besoin d’être connectés à la fibre aujourd’hui ? » C’est le débat des élus depuis un an : faut-il se précipiter pour que chaque famille de Dordogne obtienne un débit de 100 mégas, alors que les usages actuels suffisent largement entre 8 et 20, ou d’abord irriguer les zones économiques, les établissements scolaires et les sites touristiques ? « On a du mal à l’affirmer », dit Antoine Darodes de Tailly. « Mais il faut être en mesure d’anticiper et de se projeter dans l’avenir. Il faut envisager aujourd’hui les nécessités de demain. »
L'importance de l'upload est une nouvelle fois oubliée... ou tout simplement ignorée...
Est-t-il nécessaire de goudronner les routes en dehors des villes et des zones économiques ?
Le FTTH n'est pas une autoroute pour chaque habitant mais le goudron qui permet de depasser les 2Mbs en zones rurales.
Cette "habitude" d'inonder d'abord certains lieux précis figure dans de nombreux SDTAN , y compris celui de mon département (Lot).
A mon sens, c'est une profonde erreur, voici pourquoi:
* Dans les écoles maternelles/primaire, un internet rapide est pratique mais pas indispensable: La plupart des enseignants travaillent chez eux (je suis en couple avec l'une d'entre elle, donc je le constate bien), la connexion servant essentiellement aux besoins administratifs en journée. Les enseignements aux élèves se contentant du minimum (ludo-éducatif & bureautique). Les gens ont appris (tant les enseignants que les concepteurs de programmes) que Internet n'était ni fiable ni rapide & se sont adaptés.
* Dans les mairies, là, ok, selon la taille de la commune l'échange des données peut être important, c'est un point important.
* On arrive aux zone économiques / touristiques, tel que les ZA.
Le problème (et on le vois bien dans le Lot), c'est que ces ZA sont souvent.... désertée, justement. Il y a très peu d'entreprises. Or, le problème est que l'espoir des financeurs des fibres est que ce soit CES entreprises qui participent le plus au réseau, via leurs abonnements. On en arrive au paradoxe qui fait que les (rare) entreprises qui se posent là préfèrent prendre des lignes ADSL (ou SDSL) pour 90€ , plutôt que de payer des dizaines milliers d'euros par ans pour une ligne de 10Mbps activé par une RIP (*)
Le projet est donc en déficit, augmente encore ses tarifs et "bloque" d'autres infra ou projet sur la zone dans l'espoir qu'une entreprise arrive enfin..... Et ça n'arrive pas. Au final le contribuable paie, sans en voir les fruits (sauf parfois quelques montée en débit, avec 1 le plus souvent, 2 parfois, FAI possible, mais rien de pérènne).
Parce qu'en plus de ça, les entreprises , elles vont là où les employés potentiels habitent, et soit a coté de grands axes routiers, soit à coté de leur clientèle.
Sauf que ces gens-là, tout occupé à tirer des fibres de dizaines de km pour adducter 3 ZA sans aucun arrêt au milieu, bah ils habitent en zone blanche (ou grise) , même si la fibre passe dans leur village. Et donc.... ben le plus souvent, les gens qui restent sont des vieux, et les jeunes ne reviennent pas en campagne, là où il n'y a plus ni vie locale, ni connexion Internet... (c'est pas pas la seule raison, loin de là. Mais la question de la connexion Internet est l'une des questions les plus fréquemment posé quand on se renseigne sur des maisons à vendre, et je l'ai même déjà vu en clause suspensive !)
A mon sens, un RIP ne peux se concevoir que globalement: ZA _et_ population locale simultanèment.
Après, j'pense qu'il y a un frein énorme qui viens du vaporware de la 4G, qui va apporter du 150Mbps jusqu'à la plus perdue des chaumières de France.
Outre le fait que j'ai comme un doute sur le caractère symétrique du débit en question (voire même un upstream utilisable) , j'pense qu'en France (et ailleurs) on se dirige vers une 4G qui favorise les services du FAI au détriment du reste du net, et que donc, on cherche à enfermer les gens dans des usages sinon lucratif, du moins contrôlés par les FAI , mais qu'en aucun cas on ne retrouve le confort & l'universalité du réseau actuel.
(*)
http://www.zdnet.fr/actualites/deploiement-du-tres-haut-debit-en-zones-rurales-le-point-de-vue-d-un-expert-39766404.htm ,
http://www.zdnet.fr/actualites/deploiement-du-tres-haut-debit-en-zones-rurales-le-point-de-vue-d-un-expert-39766404.htm .
La question est donc - que veut-on pour l'avenir: De grands centres urbains séparés par des centaines d'hectares de champs cultivés par des tracteurs guidés par GPS , comme semble le vouloir les opérateurs d’infrastructure pour se simplifier la vie et économiser sur les coûts ? (Et auquel cas, ces économies seront-elles redispatchés sur les habitants ?)
Ou bien souhaite-t-on se donner les moyens de garder les campagnes habitables, à un coût certes supérieur (en particulier lorsque les grandes entreprise mandatés pour faire les travaux sont rigides, bureaucratique, anti-pragmatique et ne savent pas traiter ni exceptions ni conditions particulières ) . Et si c'est le cas, est-ce que les habitants de ces zones ne seraient-il pas prêt à faire un effort financier supplèmentaire . Rupture d'égalité, certes, mais après tout, quand on a une maison de 200m2 pour 600€ de loyer, c'est aussi une rupture d'égalité avec les parisiens...