Effectivement, comme on le voit, rien que si la dette était diminuée de moitié, donc les intérêts à payer, cela ferait 400 M€ d'économisé, Altice France serait dans le vert. Sans la dette, SFR continue d'être rentable, mais cette rentabilité baisse, car l'EBITDA, la marge brute qui permet de payer les intérêts, a baissé de plus de 10% en un an.
D'autre part, l'accord avec les créanciers ne porte que sur 1/3 de la dette (8 milliards effacés sur 24), pas la moitié, et avec des taux d'intérêt plus élevés 7.125% pour la dette dite "sécurisée" (garantie sur des actifs), contre 5.7% au T3 2024 (derniers chiffres connus), et 9.125% pour la dette non sécurisée, contre 6.6% auparavant. La dette sécurisée représentait 14.5 milliards d'euros (au T1), et celle non sécurisée ~1 milliard. Un simple calcul montre que les intérêts représenteraient encore 1.1 milliard d'euros par an.
Et aux dernières nouvelles, ce n'est plus 15.5 milliards d'euros qui resterait après l'accord, mais 15.8 milliards, car il faut y ajouter les dernières pertes.
D'autre part, en donnant 45% du capital aux créanciers, Altice a introduit le renard dans le poulailler. Ceux-ci n'ont pas vocation à gérer un opérateur (d'autant qu'ils sont nombreux et d'origines diverses), et voudront surtout récupérer leur mise de 8 milliards d'euros. Ce n'est pas avec la faible rentabilité de SFR qu'ils vont y arriver, ils vont donc demander la vente d'actifs...
L'accord avec les financiers permet surtout de reculer les échéances à venir qu'Altice France était incapable de rembourser, alors qu'il ne pouvait plus emprunter pour rembourser les dettes précédentes. Et donc de gagner du temps, en espérant que les taux d'intérêt vont rebaisser dans le futur.
Voir la comparaison des échéanciers du T2 2025, comparé à celui du T3 2024, plus d'échéances en 2026 et 2027.
Donc je ne dirai pas que l'avenir de SFR n'est pas menacé, surtout avec l'arrivée des créanciers au capital.
Pour ce qui concerne Xavier Niel, le taux d'endettement d'Iliad est bien moins élevé, x2.3 l'EBITDA dans les derniers résultats, et emprunte à des taux bien moins élevés. A mon avis, seul l'avenir d'Iliad Italie pose question, qui n'a fait que des pertes depuis son arrivée en 2018, et n'a eu dans les enchères 5G que 20 MHz dans la bande 3600 MHz, contre 80 MHz à Telecom Italia et Vodafone. Cela va être compliqué de ne pas avoir d'engorgements en 5G alors que le nombre d'abonnés mobile croît toujours.