Achètera ou achètera pas, tel est la question ! En tout cas, c’est celle que se pose Orange sur un rachat de Bouygues Télécom – si celui-ci est vendeur bien sur –
En France, l’Autorité De La Concurrence, l’ARCEP et le Ministère de l’Economie sont pour à conditions de respecter un marché concurrentiel, sous-entendu que Free deviennent plus puissant. (
La Tribune, 12/06).
De son coté, Orange soupèse le pour et le contre.
Pour- Ne pas laisser l’initiative à Free,
- Augmenter ses parts de marché dans le fixe (potentiellement 48,6%) et le mobile (potentiellement 48,7%),
- Éliminer un concurrent,
- Absorber un personnel jeune et compétent,
- Récupérer un réseau et des fréquences,
- Stopper la guerre des prix,
- Terminer la consolidation du marché hexagonal en y jouant le rôle pivot.
Contre- Examen par Bruxelles, car Orange réalise moins des deux tiers de son chiffre d'affaires en France,
- Examen minutieux par Bruxelles du respect des règles concurrentielles,
- Remèdes importants pour respecter ces règles, dont revente d’une grosse partie du réseau et de fréquences à des Mvno, mais plus surement à Free en absence de Mvno forts,
- Risque de renforcer un concurrent.
Conditions et remèdes européens en AllemagneSelon le quotidien
La Tribune (17/06), Orange attend la décision de la Commission Européenne au sujet du rachat d'E-Plus (la filiale allemande de KPN) par Telefonica Deutschland pour 8,6 milliards d’euros. La décision est attendue pour le 10 juillet. Celle-ci devrait donner les conditions et remèdes afin de respecter les règles concurrentielles d'un passage de quatre à trois opérateurs.
Pour un membre du Comité Exécutif d’Orange : "
On attend de voir la décision sur l'Allemagne avant de bouger». La dead-line est "
la fin juillet : après, si on n'a pas trouvé le bon schéma, on pose les stylos".
Conditions et remèdes européens en Irlande et en AutricheLa Commission Européenne vient de donner son accord au rachat de Telefonica Ireland (quatrième opérateur) par Hutchison (deuxième opérateur) pour 850 millions d’euros. C’est assorti de fortes conditions sur le maintien de la concurrence.
La nouvelle entité fusionnée s'est engagée à laisser entrer dans les mois à venir deux opérateurs virtuels (Mvno) - dont un avant même que le deal ne soit officiellement conclu - avec l'obligation de leur céder jusqu'à 30 % des capacités de son réseau. Enfin Hutchison a promis de poursuivre le partage de réseau existant avec Eircom, le troisième réseau de téléphonie mobile.
Ces conditions sont directement inspirées de celles qui avaient prévalu en décembre 2012 lors du feu vert au rachat d'Orange Autriche par Hutchison.
La voie européenne est compliquée mais pas irréalisable. En attendant, Bouygues Telecom veut mettre en place son plan de relance afin de "
se donner les moyens d’assurer son avenir de façon autonome" (
La Tribune, 11/06).