L'explication n'est pas qu'économique. Elle se trouve surtout sur un changement profond chez les dirigeants et dans leur relation avec ceux à qui ils rendent des comptes (investisseurs).
Le problème qu'on rencontre aujourd'hui en France (peut être un peu plus qu'ailleurs en ce moment), c'est que de plus en plus de dirigeants salariés (cadres dirigeants, cadres sup, DG, CEO, etc...) n'acceptent plus les facteurs "risque" de leur fonction. (peut-être ont-ils aussi peur de rendre des comptes aux investisseurs en ces temps difficiles...).
Résultat, il est considéré comme "risqué" d'embaucher quelqu'un dont on est pas absolument certains d'avoir toujours besoin dans 2-3 ans.... D'ailleurs, aujourd'hui, l'embauche, quelle qu'elle soit, est considérée par la plupart comme un investissement à rentabiliser directement par l'activité dudit salarié. Ce qui est absurde car beaucoup de poste sont à rentabilité indirecte et difficilement mesurable. (notamment en service client, ou un bon SAV véhicule une bonne image et un mauvais SAV fait perdre des clients). Bref, il y a quelques années un cadre dirigeant justifiait son salaire par les responsabilités qu'il avait et les risques qu'ils devaient gérer, dont les embauches... Aujourd'hui, ces mêmes personnes tiennent un discours très différents. De manière générale, la crise a instaurée une peur chez les dirigeants, et ça c'est très très grave. Dans ma boite, j'ai assez de boulot pour embaucher du monde... pourtant la consigne qui m'est imposée est, "si tu es dépassé, sous-traites!" "Pourquoi ?" réponse : "Parce que c'est moins risqué pour ma pomme....", "mais c'est ton job de prendre des risques", "oué mais là, je le sens pas, si on se plante c'est pas toi qui saute".
Croyez-moi ce n'est pas l'envie qui me manque de lui demander ou est passé son courage et la persuasion dont il faisait preuve autrefois...
Le sous-traitant en question, avec qui je bosse du coup, PME de 15-20 personnes, à embauché 3 personnes sur l'an passé... et prévoit 2 de plus cette année. Le patron est à son compte, ne rend de compte à personne à part ces employés et éventuellement les banque où il a emprunté (mais son discours étant rassurant, ça se passe bien à ce nivea)... bref, normal quoi, lui est plutôt sûr de son coup, en tout cas, il accepte bien volontiers de prendre le risque pour gérer le travail qu'il a à faire.