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trekker92 · « **le:** 22 février 2025 à 19:47:49 »

Câbles sous-marins : un milliard d’euros pour sécuriser les artères numériques de l’Europe

Drones, satellites et câbles intelligents au programme, l’UE se dote d’un plan d’action pour répondre à la guerre des câbles sous-marins, de plus en plus attaqués.

Par Emmanuel Berretta
Publié le 22/02/2025 à 12h00
Face à la multiplication des incidents, particulièrement en mer Baltique, Bruxelles publie un « plan d’action »
Face à la multiplication des incidents, particulièrement en mer Baltique, Bruxelles publie un « plan d’action » © Adil Benayache/Sipa

Temps de lecture : 4 min

Un nouveau câble endommagé au large de Gotland a été signalé jeudi 20 février, alors même que la Commission européenne dévoilait, à Helsinki, son plan d'action pour sécuriser ces infrastructures critiques. Un timing qui illustre l'urgence de la situation et souligne la persistance de ces artères vitales pour l'économie européenne.

Face à la multiplication des incidents, particulièrement en mer Baltique, Bruxelles publie un « plan d'action » de près d'un milliard d'euros, dont 540 millions pour les infrastructures numériques et 400 millions pour une flotte d'urgence de navires-câbles. Un investissement à la hauteur de l'enjeu : 99 % du trafic Internet transite par ces artères sous-marines.

Des drones sous-marins

« Nous avons constaté que presque tout peut être utilisé comme une arme contre nous », a souligné Henna Virkkunen, vice-présidente de la Commission chargée de la souveraineté technologique. Une réalité qui pousse l'Union européenne (UE) à déployer un arsenal complet : surveillance satellite via Copernicus, drones sous-marins, hub régional en mer Baltique (22 millions d'euros), et tests de résistance (30 millions d'euros).

L'approche se structure autour de quatre piliers : prévention, détection, réponse et dissuasion. « La ligne entre sécurité intérieure et menaces externes est de plus en plus floue », analyse l'Autrichien Magnus Brunner, le commissaire aux Affaires intérieures. Une situation qui nécessite une réponse coordonnée, notamment face à la « flotte fantôme » russe – ces 79 navires déjà blacklistés pour activités suspectes.
La Baltique, un espace disputé

La mer Baltique, avec son potentiel de 91 GW d'énergies renouvelables offshore, servira de laboratoire. L'UE y a déjà investi 35,6 millions dans huit câbles stratégiques. « La Finlande montre l'exemple en matière de préparation et de lutte contre les menaces hybrides », souligne le Lituanien Andrius Kubilius, commissaire à la Défense, évoquant notamment la technologie de détection RF développée par la pépite finlandaise Iceye.

Cette société révolutionne la surveillance maritime. Sa technologie combien des micro-satellites équipés de radars à synthèse d'ouverture (SAR) pour l'imagerie haute précision, des capteurs RF détectant les émissions radio des navires, et des algorithmes d'intelligence artificielle analysant en temps réel les comportements suspects.

Cette solution trois-en-un permet de traquer les « flottes fantômes » tentant d'échapper aux sanctions, de repérer les navires rôdant près des infrastructures critiques comme les câbles sous-marins, et d'identifier les activités potentiellement malveillantes. Une technologie stratégique pour l'UE face aux nouvelles menaces hybrides.

Des câbles « intelligents » capables de détecter une activité suspecte

Le volet technologique du plan impressionne par son ambition. Au-delà des systèmes de surveillance traditionnels, l'UE mise sur les « câbles intelligents », équipements de capteurs capables de détecter les activités suspectes. Une flotte de drones sous-marins et de surface viendra compléter le dispositif, permettant une surveillance continue des zones sensibles.

La Commission prévoit également la création d'une réserve stratégique de pièces détachées, positionnée dans des zones à haut risque pour garantir des réparations rapides. Une nécessité quand on sait que les délais d'intervention peuvent actuellement s'étendre sur plusieurs semaines.

Renforcer le cadre des sanctions internationales

Le cadre actuel des sanctions demeure insuffisant. L'UE pousse à une refonte ambitieuse du droit maritime international. L'objectif est double : renforcer les capacités d'intervention (interception des navires suspects, arraisonnement en haute mer, actions des États côtiers) et améliorer la coordination entre États du pavillon, autorités portuaires et partenaires du G7.

Si les sanctions existantes contiennent déjà le gel des avoirs et l'interdiction d'accès aux ports, Bruxelles travaille avec l'Organisation maritime internationale pour établir un régime de sanctions plus dissuasif. Un chantier juridique complexe mais indispensable pour donner des dents au volet dissuasion du plan. La collaboration avec l'Otan sera renforcée, notamment en mer Baltique où l'Alliance intensifie ses activités de sécurité maritime.

Avec 51 projets de nouvelles liaisons sous-marines déjà financées (interconnexions de données entre États membres et pays tiers) et 8 milliards investis dans les câbles électriques (notamment pour connecter les parcs éoliens offshore), l'Europe s'accélère.

La menace est réelle et polymorphe : sabotage direct, cyberattaques, espionnage… L'incident de Gotland vient rappeler l'urgence d'agir sans mollir. Déjà une dizaine d'incidents ont été dénombrés sur les câbles et pipelines sous-marins depuis 2022, sans compter la destruction par explosif de Nord Stream 2.
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