Câbles sous-marins. Stratégiques !Un navire russe a récemment été surpris à grenouiller autour de câbles stratégiques américains. En France, la vigilance est de mise, particulièrement en zone Atlantique. Et la députée Patricia Adam requiert une attention particulière autour d'Orange Marine.La guerre des câbles sous-marins a-t-elle commencé ? Plus de 90 % du flux de communications mondiales passent aujourd'hui sous la mer. La toile de câbles sous-marins à travers le monde s'étend sur des centaines de milliers de kilomètres dûment cartographiés (262 connexions principales). Les États en ont fait une priorité stratégique. Neutralisation et écoute des câbles sensibles, comme à l'heure de la Guerre froide ou action de sabotage pour ralentir le flux ou tenter de fragiliser ou d'isoler une puissance...
Américains sur le qui-vive En cas de conflit ouvert, pourrait-on s'en prendre à ces grandes autoroutes de données numériques ? Il faudrait neutraliser un bon nombre de ces câbles pour déstabiliser une grande puissance. En revanche, un plus petit pays pourrait rapidement être touché. Fidèles à leurs habitudes, les Américains entretiennent la psychose en pointant régulièrement les mouvements de navires suspects. Dernier en date, « le Yantar, navire espion russe capable de sectionner les câbles les plus profonds » et « surpris à s'intéresser de très près aux câbles vitaux pour l'internet mondial », selon Washington.
Les pannes de câble et les interventions en urgence dans les pays à l'équilibre social et politique plus fragile, montrent combien le maintien de ces moyens de communication est devenu essentiel. Une panne ou un acte malveillant, et le niveau de contestation peut monter d'un cran de la part d'une population prompte à se soulever contre la censure. Le cas s'est produit récemment avec le départ en urgence du Raymond-Croze, le navire d'Orange Marine, parti de la Seyne-sur-Mer (Var) pour dépanner un câble reliant l'Algérie. Les autorités étaient soucieuses de rétablir au plus vite la connexion, après une panne survenue de manière accidentelle.
Pisté dans le golfe Du côté de la Marine nationale, à Brest, on confirme que la surveillance des câbles sous-marins fait partie des missions de sécurisation de tout premier plan en Atlantique. Le Yantar, cet étrange navire russe, a été pisté par la Marine française, les 21 et 22 octobre derniers, au cours de sa remontée du golfe de Gascogne. Les opérateurs du centre d'opérations maritimes ont particulièrement surveillé le navire à l'approche des câbles sous-marins remontant vers l'Europe. « Il ne s'est pas arrêté et a continué sa route jusqu'en Russie » assure-t-on de source sûre.
Alors que les Américains manifestent un intérêt grandissant pour les opérateurs spécialisés à travers le monde, la députée Patricia Adam, présidente de la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, se démène depuis juillet dernier pour obtenir du gouvernement la classification d'Orange Marine (filiale d'Orange) en « opérateur d'importance vitale ». Cette classification permettrait d'éviter la captation étrangère (entrée dans le capital) d'une activité industrielle d'intérêt stratégique. La demande est en cours. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a appuyé la démarche.
Avec Alcatel Submarine Networks, Orange Marine est l'un des deux principaux opérateurs câbliers français. La flotte d'Orange Marine se compose de six navires, dont deux basés à Brest, Le Pierre-de-Fermat et le Descartes.Malencontreux coups de chalut ou de dragueLa majorité des opérations de réparation de câbles intervient après des croches accidentelles par des engins de pêche. Les chalutiers, pourtant informés de la position des câbles sous-marins et des zones d'interdiction de pêche, sont à l'origine de la plupart de ces ruptures accidentelles. Même dans la rade de Brest, autour du système de démagnétisation de la Marine nationale, devant l'Île-Longue, les dragues étaient venues chercher les coquilles Saint-Jacques un peu trop près des plots immergés il y a quelques années. La facture de remise en état du système avait été salée !
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