Auteur Sujet: Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs  (Lu 3842 fois)

Lucien, alain_p et 3 Invités sur ce sujet

thsdrd

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #48 le: 10 avril 2024 à 14:17:46 »
Je sais qu'il y un projet de barrage STEP sur la Truyere, mais ce ne sera pas la même capacité; Un des très gros problèmes actuellement est que l'Europe demande l'ouverture des barrages à la concurrence, alors qu'ils étaient tous gérés par EDF jusqu'ici, et que cela gèle tous les projets sur les barrages, et même d'ailleurs leur entretien, tant que la durée de concession est incertaine.

https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/barrages-hydroelectriques-un-paradoxe-francais-2042147

Alors pour être exact, c'est la construction d'une deuxième usine (avec deux groupes de plus) sur la STEP de Montézic (les deux lacs et barrages seront identiques pour les deux ouvrages).

Sinon, il y a toujours le projet de STEP "Redenat" en Corrèze qui viendrait se connecter au lac du barrage de Chastang.
EDF a déjà fait les études, acheté les terrains dans les années 70/80's, creuser un tunnel... Il y a plus qu'a ! Mais c'est un cas exceptionnel.

Fyr

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #49 le: 10 avril 2024 à 14:23:49 »
Ça gèle rien. Et c'est pas incompatible avec l'ouverture au privé. Exemple :

- Dans mon bled ils ont a installé un tout petit barrage de 4MW. Géré par du privé.

- Oyonnax pareil ils ont restauré une ancienne install hydro de 1990 alimenté par un aqueduc.

- sur l'Ain y a un nouveau chantier de 500M

- la CNR et Rhônergia ont aussi un projet à 300M (sans retenu, au fil de l'eau)

Pour EDF :  Jura-Ain EDF va claquer une turbien pompe pour le lac de retenu du barrage de Vouglans, enquête publique en 2023 et mise en prod 2029.

Jojo78

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #50 le: 11 avril 2024 à 15:13:19 »
Dans les échanges sur le thread du nucléaire je crois me souvenir avoir écrit que les allemands allaient nous inonder d'électricité à bas prix avec leurs renouvelables et rendre nos EPR non rentables.
Je crois que ces tarifs négatifs en sont une illustration.
Mais pire que çà ce sont nos 130 milliards d'euros que nous allons payer pour ces quelques EPR qui vont permettre aux allemands d'assurer leurs arrières à pas très cher finalement.

alain_p

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #51 le: 01 mai 2024 à 21:26:49 »
Un cas emblématique aujourd'hui, peu de demande en ce 1er Mai férié, mais beaucoup de soleil sur les pays du Nord, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Autriche. Donc très forte production photovoltaïque, donc surproduction, et des prix qui sont descendus très bas, Les Pays-Bas donnaient 200 €/MWh pour éviter d'avoir à arrêter leurs centrales solaires. Et évidemment, une fois la nuit tombée, les prix sont remontés en flèche, et là, les Pays-Bas achetaient à 130€/MWh. Pour l'Allemagne, on était à -120€/MWh à 13h, et +50€/MWh à 21h...

On remarque que l'Espagne et le Portugal sont aux environ de -1€/MWh, donc eux qui produisent beaucoup d'électricité solaire devaient en avoir moins aujourd'hui (ou ont fermé certaines unités).
« Modifié: 01 mai 2024 à 22:05:00 par alain_p »

alain_p

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #52 le: 01 mai 2024 à 22:09:39 »
Selon le site epexspot, qui publie un document intéressant sur le sujet, il existe un plancher aux prix négatifs sur les marchés spot, qui est fixé à -500€/MWh. Après, ils disent que si les prix sont négatifs, la surproduction sera absorbée par les pays voisins, mais je ne vois pas cela évident si tout le monde est en surproduction à certaines heures de la journée.

Y’a-t-il des limites aux prix négatifs ? Si oui, pourquoi ?

Oui. Il existe des prix plafonds qui sont très rarement atteints. Il existe une barrière économique logique pour la négociation de l’électricité. Sur les marchés couplés Day-Ahead, le prix minimum harmonisé est de -500€/MWh.

Les prix négatifs ne sont-ils pas fatals aux producteurs ?

Non. Les prix négatifs sont un signal, un indicateur pour les membres de marché. Si les producteurs décident de maintenir leur production, c’est qu’ils ont calculé que c’est le mieux et le plus rentable compte tenu des coûts de fermeture et de réouverture de leurs centrales.
De plus, les prix négatifs incitent les producteurs à développer des moyens de production plus flexibles capables de réagir plus efficacement aux fluctuations de la production d’énergie, afin d’augmenter la sécurité d’approvisionnement et d’éviter la survenue de prix négatifs.

Y’a-t-il un moyen de réduire ou d’empêcher qu’il ait des prix négatifs ?

La liquidité, basée sur une offre et une demande élargies, est la clé pour réduire la survenue de prix négatifs. C’est là qu’entrent en jeu les solutions de négociation transfrontalière. Sur le marché Day-Ahead, le couplage des marchés offre une solution utiliser de manière optimale les capacités transfrontalières entre deux marchés ou plus.

Grâce au couplage de marché pan-européen du marché Day-Ahead, les prix négatifs sont soit absorbés, soit évités. Par exemple, en cas de prix bas ou négatifs en Allemagne, la France, la Suède, le Danemark et le Benelux importeront de l’électricité jusqu’à ce que la capacité transfrontalière soit complètement utilisée ou que les prix convergent. Le couplage Intraday fonctionne selon le même principe.


https://www.epexspot.com/sites/default/files/download_center_files/Q%26A%20Prix%20n%C3%A9gatifs.pdf

alain_p

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #53 le: 01 mai 2024 à 23:16:50 »
Autre site intéressant à ce sujet, le site Primeo :

Les prix négatifs sur le marché de l’électricité

Les prix négatifs sur le marché de l’électricité sont apparus au début des années 2000. Dans cette situation particulière, c’est le producteur qui paie l’acheteur pour que ce dernier consomme de l’électricité.

Les prix négatifs sur le marché de l’électricité deviennent possibles lorsqu’il y a trop de production par rapport à la demande. Certains moyens de production ne pouvant pas s’arrêter de fonctionner les producteurs peuvent préférer vendre leur électricité à des prix négatifs pendant une courte période plutôt que d’arrêter leurs centrales.

Pourquoi des prix négatifs sur le marché ?

De prime abord, si les prix négatifs reflètent un excès de production électrique, on pourrait imaginer qu’il vaudrait mieux arrêter de faire fonctionner certaines centrales de production plutôt que de vendre son électricité à des prix négatifs. En réalité, il est très onéreux de couper une centrale de production « classique » (notamment nucléaire), car sa mise en arrêt implique des contraintes techniques et économiques très couteuses (couts de démarrage et d’arrêt, seuil de puissance minimum à respecter etc.). Pour les producteurs, il peut être alors moins couteux de vendre son électricité à prix négatif pendant une courte période plutôt que de couper la centrale et engendrer des couts de mise en arrêt de la production ainsi que des contraintes techniques.

Dans quelles circonstances exactes les prix négatifs apparaissent ?

L’apparition des prix négatifs sur le marché de l’électricité date de l’apparition des marchés de l’énergie, et du développement des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique Français (et Européen en général). En effet, les producteurs renouvelables d’électricité non seulement bénéficient du tarif d’obligation d’achat, à savoir qu’EDF achète 100% de l’électricité produite par des installations renouvelables à un prix déterminé à l’avance, mais aussi que leur cout variable est très faible voire nul. Ainsi ces producteurs continuent à produire même lorsque l’offre est supérieure à la demande. L’ordre de mérite économique (merit order) n’est alors plus respecté. Dans le cas où ces producteurs renouvelables produisent plus que la normale, et que l’offre est déjà très supérieure à la demande, des prix négatifs de l’électricité apparaissent alors sur le marché.

En règle générale, le prix de l’électricité sur le marché varie en fonction :

    Du comportement des consommateurs (la demande est-elle forte ou non)
    Du climat
    De la quantité d’énergie renouvelable produite
    Du prix des matières premières (Gaz, Charbon, et CO2)
    Du respect des programmes de production des centrales

On comprend donc qu’une baisse des prix de l’électricité sur le marché intervient lorsque :

    La consommation est basse (potentiellement à cause du climat)
    La production était de base trop importante par rapport aux prévisions de consommation (notamment lorsque la production renouvelable est très importante)
    Les moyens de production sont majoritairement non flexibles (c’est-à-dire qu’il est trop contraignant et couteux de les mettre à l’arrêt)


https://www.primeo-energie.fr/actuenergie/les-prix-negatifs-sur-le-marche-de-lelectricite/

xp25

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #54 le: 01 mai 2024 à 23:21:56 »
Alors qu'il suffit pour arrêter ce cirque de baisser son froc devant Bruxelles ::)

Eddy123

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #55 le: 02 mai 2024 à 09:47:57 »
Si je comprends bien en France, on achète du PV allemand gratos et on revend notre nucléaire plein pot. Pourquoi on continue donc de payer une blinde pour l'élec chez nous ??

buddy

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #56 le: 02 mai 2024 à 09:51:52 »
Ce n'est pas parce que la situation est "favorable" ponctuellement certains jours pour la France en Avril 24/début Mai 24, que c'est pareil sur l'année entière ...
Il faudrait 1 an d'historique avec les balances d'importation/exportation et les coûts engendrés/générés pour faire le bilan.

Free_me

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #57 le: 02 mai 2024 à 10:00:30 »
Si je comprends bien en France, on achète du PV allemand gratos et on revend notre nucléaire plein pot. Pourquoi on continue donc de payer une blinde pour l'élec chez nous ??

t'as pas du bien regarder les prix chez nos voisins...

Fyr

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #58 le: 02 mai 2024 à 11:18:29 »
t'as pas du bien regarder les prix chez nos voisins...

Tu as vu les nôtres sans le bouclier tarifaire qui masque le prix réel pour le grand public < 36KVA et qui a coûté ~45 milliards en 2023 ?

alain_p

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Prix de l'électricité négatifs, une menace pour les producteurs
« Réponse #59 le: Aujourd'hui à 23:00:53 »
Différences de prix de l'électricité entre pays de l'Europe, la faute aux capacités d'interconnexion limitées entre pays ?

Il y a eu un article intéressant hier de La Tribune, sur les différences de prix de l'électricité en Europe, en particulier entre la France et l'Allemagne, où le prix serait supérieur d'environ 30 € le MWh par rapport à la France. Et la faute est mise sur le compte de capacités d'interconnexions trop limitées entre la Franc et l'Allemagne. En effet, l'Europe étant un marché unique pour l’électrifié, on devrait avoir peu ou prou les mêmes prix partout.

Cette analyse me parait un peu simpliste, car avec le choix dans beaucoup de pays, comme l'Allemagne (mais peut-être plus encore les Pays-Bas...), de développer surtout les énergies renouvelables, de nature intermittente, tout le monde produit en journée, surtout quand il y a du soleil, et il y a surproduction, que l'on peine à exporter ailleurs, et par contre, la nuit, des pays comme l'Allemagne, qui, si le vent n'est pas assez fort, doivent alors compter sur leur production pilotable à base de charbon et de gaz, mais insuffisante, et doivent alors importer de pays comme la France, où le nucléaire est toujours dominant. Mais donc là, on est plutôt en sous-production, et les marchés de gros augmentent et passent les 100 € le MWh.

Aujourd'hui encore, fin de semaine, et jour ensoleillé, les prix ont été négatifs en milieu de journée, et remontés pour certains à plus de 100 € le soir (voir ci dessous).

Prix de l’électricité : pourquoi l’écart se creuse entre la France et l’Allemagne

En avril, les prix de gros de l’électricité en Allemagne étaient supérieurs de 30 euros par mégawattheure (MWh) en moyenne à ceux enregistrés en France. Un écart significatif, qui s’explique entre autres par une situation « extrêmement tendue » au niveau des interconnexions entre l'Est de l'Hexagone et les pays limitrophes, selon RTE. Mais pas que : alors même que ce problème technique devrait être rapidement résolu, le marché anticipe d’importantes disparités dans les prochaines années. Preuve que le marché européen de l’électricité n’est pas un bloc unique. Décryptage.

Marine Godelier - 10 Mai 2024, 16:44

C'est un poncif de cette nouvelle campagne des élections européennes : sur le Vieux continent, il n'existerait qu'un marché « unique » de l'électricité, qui fonctionnerait de la même manière pour l'intégralité des Etats membres. En raison d'une « indexation aux cours du gaz », les prix convergeraient donc partout, quel que soit le mix énergétique de chacun des pays. Une « règle » imposée par Bruxelles qui ferait monter les enchères en France, forcée de subir les choix de son voisin allemand, lequel a décidé de sortir du nucléaire et de s'appuyer davantage sur le gaz fossile pour générer son courant.

Pourtant, la réalité ne colle pas totalement avec ce récit : depuis plusieurs semaines, les prix de l'électricité sur le marché de gros européens révèlent d'importantes disparités. En avril, les prix allemands étaient même supérieurs de 30 euros par mégawattheure (MWh) en moyenne à ceux enregistrés en France. Et ce n'est pas tout : « L'an prochain, le marché anticipe un gros écart de prix entre les deux pays, d'au moins 10 euros par MWh », note un trader de l'énergie ayant requis l'anonymat. Par exemple, le 7 mai, un MWh acheté pour une livraison en 2026 se vendait 79 euros par MWh outre-Rhin...contre 61 euros/MWh dans l'Hexagone.

A court terme, une situation « extrêmement tendue » aux frontières

Car dans les faits, il subsiste des marchés distincts entre pays. « Il existe bien des interconnexions entre Etats membres qui favorisent une convergence des cours, mais elles ne sont pas sans limites. Il arrive régulièrement qu'elles soient saturées, et le marché l'anticipe en raisonnant par zones de prix », souligne Nicolas Goldberg, senior manager Energie chez Colombus Consulting.

Or, depuis le mois de mars, on observe d'importantes congestions aux frontières entre l'Est de la France et les pays limitrophes, provoquées par des restrictions sur le réseau français. Une « situation exceptionnelle » et « extrêmement tendue », selon une note envoyée fin avril par le gestionnaire français du réseau de transport d'électricité RTE, lequel a dû « appliquer des réductions de capacités aux frontières afin de garantir la sûreté du système électrique ». Ce qui expliquerait, en partie, ces divergences.

    « RTE ne communique pas beaucoup là-dessus, en-dehors de ce communiqué très sibyllin », commente l'économiste spécialiste du marché de l'énergie Jacques Percebois.

A la suite de cette note de marché, le régulateur de l'énergie belge, la Creg, a d'ailleurs demandé à son homologue français une « évaluation conjointe » à propos des restrictions « massives » des capacités d'exportation d'électricité de la France vers ses voisins européens, regrettant que « trop peu d'informations sont actuellement connues sur les raisons sous-jacentes de ces réductions de capacité ». Et ce, alors que ces échanges sont « cruciaux » pour les prix de l'électricité de gros dans un marché « couplé et intégré » comme en Europe.

La France en surcapacité électrique

Mais concrètement, en quoi cela tire-t-il les prix de l'Hexagone à la baisse, et ceux de l'Allemagne et de la Belgique à la hausse ? D'abord, malgré la crise subie ces dernières années, la France traverse en ce moment une période de surproduction électrique. La raison : des barrages remplis, un socle renouvelable au rendez-vous et une disponibilité du parc nucléaire en hausse. Si bien que le pays est exportateur net, et qu'il n'a pas besoin de faire appel à des centrales à gaz, souvent coûteuses, pour répondre à l'équilibre offre-demande. « Le système est actuellement surcapacitaire, donc beaucoup moins adossé au prix marginal du gaz puisque la production de base décarbonée est plus abondante », précise Nicolas Goldberg.

Ce qui n'est pas forcément le cas de certains de ses voisins, qui ne bénéficient, donc, pas pleinement de cette surproduction. « Si nous exportons moins vers l'Allemagne ou la Belgique, cela signifie que ce surplus est vendu sur le marché français », explique Jacques Percebois. Ce qui fait mécaniquement baisser le prix de gros dans le pays. Au point que début avril, la France a même connu un épisode de prix négatifs.

Sur le long terme, des raisons avant tout physiques

Cependant, ces congestions exceptionnelles ne peuvent pas expliquer à elles seuls les écarts, notamment sur l'achat d'électricité pour livraison en 2025, 2026 et 2027. « RTE annonce que la situation tendue devrait encore s'observer en août, septembre et octobre, mais que ce sera très passager », souligne Jacques Percebois. Pour les ventes à terme, la raison se trouve donc ailleurs.

Et plus précisément dans le mix énergétique de chaque Etat. Pour cause : en-dehors de cet épisode exceptionnel de restriction, les échanges aux frontières entre pays resteront toujours soumis à des limites techniques. Or, « les acteurs de marché anticipent plus de surcapacités en France qu'en Allemagne. Ce qui paraît cohérent, sur le papier, puisque l'Hexagone ne va pas fermer beaucoup de moyens de production. Contrairement à l'Allemagne qui est sortie de l'atome et veut faire de même pour le charbon », précise Nicolas Goldberg.

    « A cet égard, ce sont les choix de chacun sur le nucléaire qui jouent beaucoup sur les cours : les opérateurs anticipent que cette source d'énergie remontera fortement en France, tandis qu'on ne peut plus compter sur ça outre-Rhin », ajoute Jacques Percebois.

Primes de risque

Or, en plus d'être décarboné, le nucléaire est en partie « pilotable », c'est-à-dire que sa production peut être modulée quelles que soient la météo (hors conditions extrêmes). Ce qui n'est pas le cas du photovoltaïque et de l'éolien, sur lesquels l'Allemagne compte massivement pour effectuer sa transition, puisque leur contribution varie en fonction du vent et du soleil. « Berlin ne dispose plus d'un socle pilotable et bas carbone. Le marché ajoute donc une prime de risque, car l'intermittence des renouvelables entraîne une forte volatilité des prix », complète Jacques Percebois.

Certes, le pays peut compter sur le gaz, dont il ne prévoit pas de sortir de sitôt. Mais voilà : avec la guerre en Ukraine et la chute des volumes livrés par gazoduc depuis la Russie, le marché du gaz restera, lui aussi, durablement volatil. « Il faut de plus en plus compter sur le gaz naturel liquéfié acheminé par navire des quatre coins du monde plutôt que celui transporté par tuyaux. Cela ajoute une autre prime de risque [liée à la géopolitique, entre autres, ndlr] », souligne Nicolas Goldberg.

Enfin, pour ne rien arranger, « il est possible que les marchés anticipent un renforcement des marchés carbone d'ici aux prochaines années », pointe le consultant. En effet, l'Union européenne prévoit de réformer son système d'allocation de droits à polluer, afin d'en durcir les contours. Dans ces conditions, le gaz, et donc par ricochet l'électricité issue de cette source d'énergie fossile, serait donc encore plus cher. Au risque de creuser durablement l'écart entre les prix français et allemands ? Une chose est sûre : alors que, selon une récente enquête d'EY, Berlin est durement touchée par la chute des investissements étrangers, les inquiétudes concernant sa sécurité énergétique n'y sont pas pour rien.


https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/prix-de-l-electricite-pourquoi-l-ecart-se-creuse-entre-la-france-et-l-allemagne-997236.html

On voit aussi ci-dessous que les prix de gros ont été de -65 € le MWh aujourd'hui à 13h en Hollande, pour remonter à 108 € le MWh à 20h. Or la capacité de production en Hollande est très élevée en solaire, et beaucoup moins en éolien, alors qu'ils sont sur les rives de la mer du Nord (voir en dessous)...