Je dois dire d'abord que mettre des liens sans aucune explication autre que "vulgarisation" n'a à mon avis aucun intérêt. Il faut expliquer un minimum de quoi il s'agit et pourquoi un lecteur du forum pourrait trouver intéressant de le suivre et ce qu'il pourrait y apprendre. On l'a déjà assez reproché à d'autres sur ce forum.
Le lien pointe donc sur une interview de BFM Business (c'est une vidéo), que j'ai entendue hier soir à la radio. Ce n'est pas de la vulgarisation, c'est du pure hype, complétement creux, sans aucune information qui permettrait de mieux comprendre le sujet. Le mot qubit n'est même pas prononcé, cela doit être considéré comme un gros mot trop technique pour les auditeurs. Le journaliste interviewe Fanny Bouton, qui est directrice du programme startup chez OVH, Christophe Legrand, responsable vente "Monde" (rien de moins) de la startup Pasqal (la réponse au quizz en haut de la page), qui développe des qubits sur la solution des atomes froids, et Valerian Giesz, co-fondateur de la startup Qandela, qui développe elle des qubits sous la forme de photons intriqués.
D'après ce que j'ai entendu (ailleurs), Pasqal promet un prototype d'ordinateur quantique à 400 qubit pour fin 2023. Google et autres en sont actuellement à environ 50. Le froid des atomes froids,c'est du l'ordre du kelvin, donc ~-270 °C, c'est à dire une énorme machinerie pour tenir les atomes à cette température, à base d'helium liquide. On n'est pas prêt d'avoir cela dans son salon..
Qandela, ce sont donc des photons, qui sont comme le dit Valerian Giesz, sans masse et neutres électriquement, donc peu d’interactions avec la matière qui briseraient l'intrication, et stables dans le temps, pouvant être manipulés avec des fibres optiques. L'autre avantage est de fonctionner à température ambiante, donc là, on pourrait l'avoir dans le salon. Par contre, il est difficile de construire un ordinateur quantique à un grand nombre de qubits optiques, ils en sont à 5 actuellement. Pour rappel, on considère qu'il faudrait de l'ordre d'un million de qubits pour avoir un ordinateur quantique qui fasse des choses utiles.
Dans le lien du post au-deesus, au sujet de Qandela, on trouve :
Notre technologie est basée sur le photon, particule élémentaire de lumière. Cela veut dire que nos qubits sont photoniques. L'avantage, c'est que le photon n'a pas de masse ni de charge. Cette particularité lui permet de conserver l'information quantique de façon quasiment infinie. Autre avantage, les processeurs peuvent être très facilement interconnectés entre eux, via des fibres optiques. Cela permet de faire des matériaux qui ont des tailles adaptées". Scientifiques, industriels et entreprises peuvent accéder à plusieurs processeurs photoniques pour des calculs allant jusqu’à 5 qubits photoniques. Et demain ? Quandela vise 12 qubits disponibles en ligne fin 2023. Chaque qubit photonique supplémentaire double la puissance de calcul de l’ordinateur quantique.
Pour situer le contexte de la bibliothèque de simulation Perrceval de Qandela, il faut savoir que malheureusement, l'efficacité de détection des photons n'est pas parfaite, ils étaient à 35% en 2021, et on atteint maintenant 70%, mais semble-t-il sans perspective claire de comment améliorer cette efficacité. Mais avec 2 photons sur 3, ils espèrent mettre au point des algorithmes qui corrigent les erreurs dues à ces pertes de photon. C'est l'objet de cette bibliothèque Perceval de permettre de travailler sur ces algorithmes.
A ce propos, je conseille de lire l'articles nettement plus informatif de l'usine nouvelle, de Juin 2021 :
https://www.usinenouvelle.com/article/quandela-mise-sur-les-photons-uniques-pour-le-calcul-quantique.N1808047Quandela mise sur les photons uniques pour le calcul quantique
Manuel Moragues, 10 Juin 2021 \ 16h30
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« Ce qui limite la possibilité de réaliser du calcul quantique avec un dispositif photonique, ce sont les pertes optiques – c’est-à-dire les photons perdus –, qui ont lieu principalement au niveau de l’émetteur. Or notre technologie d’émission de photons uniques est très efficace. C’est notre force, ce qui fonde nos ambitions dans le calcul », résume le PDG (ie Valerian Giesz). Utilisant des « quantum dots », ou boîtes quantiques, nanostructures de semiconducteurs aux propriétés intermédiaires entre l’atome et le matériau massif, la technologie de Quandela atteint aujourd’hui près de 35 % d’efficacité.
Efficacité visée de 65% pour permettre la correction d'erreurs
« Nous sommes partis de moins de 10 % et nous travaillons à aller au-delà de 65 %. Scientifiquement, rien ne nous empêche d’y arriver. » Ce seuil de 65 % n’est pas anodin. « À partir de 2 photons sur 3 bien transmis, on sait que l’on peut commencer à implémenter des codes de correction d’erreurs cruciaux pour les calculs. » Après une levée de fonds de 1,5 million d’euros en 2020, Quandela compte lever 25 à 30 millions d’euros en 2021, et encore autant pour parvenir à l’horizon de cinq à six ans à un véritable calculateur optique, reconfigurable (donc polyvalent) et intégrant la correction d’erreurs.
Tout cela pour dire qu'il y a encore beaucoup de challenges techniques sur le chemin de l'ordinateur quantique, et qu'ils ne sont pas déjà là, comme on tente de nous le faire croire, en tout cas sous forme utile.