Après, je dirai que les restaurants, les cinémas, les théâtres et..., ont été rouverts. Le télétravail a été abandonné, et il n'est pas envisagé d'y revenir. Les transports en commun sont bondés...
Oui mais... ici aussi, ce qui est important, c'est de cibler les lieux de contaminations réels. Et si l'on en croit l'étude ComCor mise à jour avec le variant Delta, ce ne sont pas forcément ceux qu'on croit. La mise à jour de l'étude a été menée sur des données allant du 23 mai au 13 août, sur un peu moins de 20000 personnes.
https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/etude-comcor-nouveaux-resultats-lieux-contamination-au-sars-cov-2-analyse-efficacite-vaccins-arnCertains moyens de transport ont été associés à un sur-risque d'infection modéré : la voiture partagée avec des proches et des amis (+30%) (hors plateformes de co-voiturage pour lesquelles aucun sur-risque n'a été observé), le taxi (+50%), le métro (+20%), le train (+30%), et l'avion (+70%).
Seulement +20% / +30% de risque pour le métro et le train, qui devaient déjà bien être bondés. Les faits que le masque y soit obligatoire et que les gens n'y discutent pas vraiment y jouent probablement pour beaucoup.
En revanche, aucun sur-risque n'a été documenté pour les lieux culturels, les commerces (hors commerces de proximité), les restaurants (à une période où beaucoup opéraient en extérieur et avec aération), les lieux de culte, les activités sportives, et les rassemblements familiaux (hors mariages pour lesquels un sur-risque a été documenté).
Mais...
L’analyse a permis d'identifier les bars en intérieur et les soirées privées comme lieux de transmission du variant Delta chez les moins de 40 ans entre le 9 juin et le 9 juillet, avec un risque plus élevé pour les hommes comparés aux femmes. Cette période correspond à celle de l'Euro de football, ce qui laisse supposer que les réunions de supporters à l'occasion des matchs ont pu jouer un rôle dans la propagation du virus, comme également observé au Royaume-Uni. A leur ouverture, les discothèques ont également été des lieux de transmission.
Chez les plus de 40 ans, la présence d'enfants dans l'entourage a été associée à un sur-risque d'infection qui va de +30% pour les collégiens à +90% pour les très jeunes enfants (moins de trois ans).
Et pour le travail, pas de conclusion.
D'autres choses intéressantes par rapport à la discussion que l'on a eue ici:
L'étude a permis de mettre en évidence la protection conférée par une infection antérieure : elle est de 95% si l'infection date de moins de six mois, mais descend à 74% si l'infection date de plus de six mois.
Comme documenté dans d'autres études internationales, la protection conférée par deux doses d'ARNm contre les formes symptomatiques du variant Delta est diminuée, estimée à 67% dans l’étude ComCor, correspondant à une baisse de l'efficacité vaccinale à distance de la deuxième dose. La protection est du même ordre de grandeur (61%), pour les personnes ayant été vaccinées par un vaccin à vecteur adénovirus (Astra-Zeneca) en première dose, et ayant reçu un vaccin à ARNm (Pfizer ou Moderna) en deuxième dose. A noter que l’étude ComCor ne permet pas d'estimer la protection vaccinale contre les formes sévères de la maladie, qui reste supérieure à 90% selon d'autres études.
La France est un des rares pays où les personnes ayant été infectées dans le passé ne reçoivent qu'une dose de vaccin ARNm. Cette étude a permis de montrer que cette dose unique permet d'atteindre des niveaux de protection supérieurs à ceux observés avec deux doses d'ARNm en absence d'infection antérieure (85% versus 67%). Cette protection est similaire à celle des personnes ayant eu une infection antérieure et deux doses d'ARNm (96% ; différence avec infection antérieure et une dose statistiquement non significative).
Les chiffres sur la baisse de l'efficacité vaccinale ne sont pas forcément très différents de ce qu'on peut voir ailleurs. Par contre il ne me semblait pas avoir vu un résultat établissant qu'un schéma contamination + 1 dose de vaccin était plus efficace qu'un schéma à deux doses de vaccin. Ce qu'on savait, c'est qu'au niveau du nombre d'anticorps produits, c'est plutôt le contraire. Mais une nouvelle fois, l'immunologie ne se résume pas à un dosage d'anticorps...
Bien entendu il faut faire attention aux biais statistiques. Mais je me demande pourquoi on n'entend pas davantage parler de ce genre d'études, qui devraient être de vrais guides pour le choix des mesures à adopter (ou non). Comme on l'a vu dans les quelques messages précédents, il y a de nombreuses mesures qui ne servent objectivement à rien, ou même qui ont tendance à faire empirer les choses, mais qu'on continue d'utiliser !