C'est marrant : Martin avoue que ses équipes ne sont pas productives et/ou que ses décisions stratégiques sont mauvaises, puisqu'il n'arrive pas à marger sur le fixe. Et il affirme qu'il va casser les prix. Comment va-t-il le financer ?
Plus que jamais, il affirme que son opérateur est le miroir de Free Mobile : offres mobiles rentables sur réseau propre (sauf que Free a déclaré déjà 2 fois "la fête est finie", et ils l'ont subi les 2 fois de plein fouet), offre fixe sous-rentable qui fait le coucou sur les réseaux concurrents (et malheureusement sous-qualitative, malgré une débauche de moyens notamment côté réseau, notamment parce que les box sont totalement instables, des années après leur lancement, sur les services les plus basiques tels que l'accès à Internet, et je ne parle pas que de la Sensation, mais aussi parce que la Bbox ADSL sur réseau SFR fonctionne juste moins bien que chez Dolmen).
Si son offre, en plus, se limite au réseau Dolmen, ils vont se retrouver dans une position similaire à Free sur la 4G (même si 45% de la population est couverte, le souci est que ce n'est pas évolutif et qu'ils sont en concurrence avec des technologies plus performantes que le DSL sur de plus en plus de ces zones couvertes). J'entends d'ici le tweet bravache de Xavier Niel
Sauf que pour moi, même s'il joue là une faible partie de son profit et qu'il peut éventuellement piquer le pain de la bouche de Free, il ne va pas pouvoir subventionner son offre fixe, si elle est amenée à renouer avec le succès, ET suivre Free dans la diminution des prix dans le mobile, sauf à avoir trouvé une killer-application (effectivement une box 4G serait intéressante, mais dans ce cas, aura-t-on droit à un fair use sur une offre fixe ?). Sur un marché aussi mature que celui du fixe, avec bien plus de résistance au changement d'opérateur (frais de résiliation, etc.) il prend aussi le risque de faire un pétard mouillé.
A un moment, s'il veut faire du Free, il va devoir revoir complètement le management de son entreprise, par exemple pour qu'il soit dans le coup côté efficacité. Le but n'est pas forcèment de diviser par 5 ou 10 les effectifs de son ingénierie pour rejoindre ce que peut faire Free (et encore, j'exclus la sous-traitance utilisée massivement), mais par exemple d'identifier les compétences-clé (pour éviter un échec façon Bbox Sensation), de fixer des objectifs clairs et de ne pas faire travailler des équipes dans une direction sachant qu'à un autre échelon le budget ne sera pas là avant 3 ans pour mettre en place le service, revoir massivement un SI devenu ingérable avec presque 20 années d'offres successives jamais vraiment unifiées, etc. Et surtout, il va falloir qu'il arrive à faire comprendre aux employés que cette fois le capitaine du bateau ne s'appelle plus Xavier Niel.
(et même avec ça, il ne pourra pas bénéficier par exemple des synergies dont Free profite entre ses réseaux mobile et fixe, backhaul et backbone, ou des tarifs cassés qu'ils obtiennent sur le matos réseau en achetant du matériel en beta... mais ça fera déjà un énorme pas en avant...).
Notons que ce n'est pas le seul opérateur dans ce cas : la semaine dernière, Orange se vantait d'avoir fait travailler 5000 personnes (!) sur la conception Livebox Play, à comparer avec ce que Free a mis sur sa Freebox Révolution. Et malgré un démonstrateur publié en 2009, et on connaît le résultat. SFR est encore pire dans le SI ingérable...
S'il prend vraiment cette voie ambitieuse, il y aura probablement de la casse côté emploi, ou alors ils vont casser la baraque (5 fois plus d'ingénieurs que Free => des produits sensiblement plus évolués ? Rêvons un peu !).
Mais dans l'entreprise telle qu'elle est, et surtout sans aucune stratégie claire (j'ai vraiment l'impression qu'il réagit piqué au vif, et qu'il veut montrer qu'il en a une plus grosse que l'autre), je pense qu'il est juste en train de refermer le piège de Free sur lui. Parce que je ne doute pas que Free pourra se permettre de lancer des offres plus agressives qu'actuellement sur l'ADSL, si le volume reste limité (on verra ce que donne B&You, l'image et la com' plus importantes lui donneront-elles un avenir plus radieux que celui d'Alicebox Initial ?).
En tout cas, j'attends de voir : ça promet un duel intéressant. Mais l'issue est clairement incertaine pour eux.
Rani à toujours été un tueur dans la création de ses infras. Ils travaillent étroitement avec broadcom et pour une même ligne souvent avec Free les débits sont légèrement meilleurs, avec possibilité de régler les contrôleurs d'erreur etc.
Il suffit de voir le gain en ADSL2+ sur une Freebox entre DSLAM v2 et DSLAM v3, c'est vraiment étonnant d'arriver à obtenir 10 à 20% de plus à technologie identique (même en tenant compte du fait que le précédent composant avait parfois bien vécu).