Publié le 17/02/2016
Dans huit à dix ans, l’ensemble du territoire ardennais sera couvert par la fibre optique. Un horizon proche et lointain à la fois. Proche, car le chantier est colossal, et que, malgré le volontarisme affiché par certain élus, ce délai semble le plus raisonnable. Lointain, parce que le déploiement de la fibre correspond à un besoin pressant du territoire. « On a vu progresser les usages et les contenus, du coup, les capacités ne suffisent plus », explique Hervé Cordebar, directeur des services d’information au conseil départemental des Ardennes. Sans même parler des besoins des entreprises, dans les foyers, les ordinateurs, tablettes, et autres smartphones se multiplient, permettant de surfer sur des sites où la vidéo et autres médias gourmands en débit sont omniprésents.
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68 % du territoire encore écarté de la fibre optique
Si Charleville-Mézières et certaines communes environnantes, de même que Sedan, ont déjà bénéficié des services d’Orange pour le déploiement de la fibre, la majeure partie du territoire en est encore écartée. 68 %, très exactement, selon Hervé Cordebar. « Environ 41 000 prises ont été installées à la suite de l’intervention d’Orange. Il nous en reste 95 000 à faire. » Un projet de grande envergure : le schéma de déploiement de la fibre, adopté en 2015, prévoit que 650 kilomètres de fibre soient déployés, pour le seul réseau de collecte, des « autoroutes » pour amener la fibre à la porte des communes (le premier schéma en prévoyait « seulement » 250). « Ce réseau de collecte sera installé dans les deux premières années ». Restera, après, à réaliser la desserte dans les communes, à amener la fibre dans chaque foyer. L’étape la plus longue. Ces deux phases iront avec leur lot de travaux de génie civil.
Le grand chantier du « tout fibre » aura, on le sait, un coût certain : 189 millions d’euros. Une ardoise qui se répartirait entre les collectivités (75 millions d’euros), le Feder (fonds européen de développement régional, 9 millions), la Région (la Champagne-Ardenne devait participer à hauteur de 9 millions d’euros), le Fonds national pour la société numérique (FSN, 45 millions), avec 51 millions d’euros issus des biens mis à disposition. Pour ce dernier point, il faut garder en tête le fait que le schéma prévoit uniquement l’installation de la fibre. « Il y aura ensuite une commercialisation du réseau. Pour l’utiliser, les opérateurs devront payer un «loyer» auprès d’un fermier », explique Hervé Cordebar. Les opérateurs devraient, également, investir pour profiter de la fibre ardennaise, de la « fibre noire », aux extrémités de laquelle il faudra construire des équipements actifs. Pour en revenir aux 189 millions d’euros, la note pourrait baisser de façon substantielle, grâce à quelques bonnes surprises…
Au niveau du FSN, tout d’abord. La participation pourrait augmenter de 10 millions d’euros. Pour la Région, la participation sera aussi vraisemblablement revue à la hausse, avec le passage au Grand Est. Dans son pacte pour la ruralité, le conseil régional souhaite faire du développement numérique une priorité. Sachant que, en Alsace, le subventionnement de la fibre avait été bien plus élevé, de l’ordre de 30 %, on peut sans peine imaginer un taux équivalent pour les Ardennes, au nom de l’équité entre les territoires. De même, lorsque les marchés de travaux seront lancés, combien est-ce que cela va coûter réellement ? « Les prix ont tendance à baisser, ce sera peut être une autre bonne surprise. Aujourd’hui, on a le schéma global, restent à faire les schémas d’ingénierie, pour savoir, au mètre près, où et comment passe la fibre », se félicite Hervé Cordebar.