Déploiements en ZTD T1 2023 :

Il y a 7.774 M locaux à rendre raccordables en ZTD, et 7.097 M le sont. Il en reste donc 677k à faire. Il n"y en a eu au T1 2023 que 44k (dont Orange 42k, Altice infra 3k). Donc à ce rythme, il faudrait encore plus de 15 trimestres, près de 4 ans, pour finir la zone. Donc mi 2027...

De plus, le déploiement est très inégal. Paris est à 97% de couverture, Lyon à 96%, mais Marseille à 81%, Montpellier à 84%; Lille à 85%, donc moins que la moyenne des zones AMII.

L'ARCEP constate :

Le rythme insuffisant constaté dans les zones très denses ces dernières années chute encore avec moins de 50 000 locaux rendus raccordables ce trimestre, soit une baisse de près de moitié par rapport au premier trimestre 2022.

Et remarque (p10) :

Ces taux de couverture tiennent compte du recensement de locaux supplémentaires effectué par les opérateurs au fur et à mesure de l’avancement de leurs études terrain au sein des communes concernées : le nombre de locaux à couvrir recensé peut donc croitre d’un trimestre à un autre, y  compris plus rapidement que le nombre de locaux couverts.

Observatoire du fixe ARCEP T3 2023 :

J'ai zappé l'observatoire du T2 2023, mais je reprend donc à l'observatoire du T3 publié jeudi 7. Il me parait intéressant de voir l'état du déploiement après la condamnation d'Orange par l'ARCEP à une amende de 26 millions, pour ne pas avoir tenu ses engagements de couverture en zone AMII.

https://www.arcep.fr/cartes-et-donnees/nos-publications-chiffrees/observatoire-des-abonnements-et-deploiements-du-haut-et-tres-haut-debit/derniers-chiffres.html

Au sujet des abonnements, un jalon a été franchi lors de ce T3, voir tableau ci-dessous, puisque l'on a dépassé au cours du T3 les 20 millions d'abonnés FTTH, 20.574 M exactement (dont 8.044 M pour Orange, 5.272 pour Free, 3.417 M pour Bouygues Telecom, et 3.481 M pour SFR + autres, puisqu'Altice ne publie pas de chiffre précis sur ses abonnés FTTH). C'est 775k de plus au T3, contre +850k au T3 2022, ce qui marque un ralentissement de la croissance des abonnements FTTH, vu que l'on a maintenant largement dépassé les 50% d'abonnés FTTH, puisque l'on est arrivé à 64% au T3. La progression ne peut plus être la même.

Du côté du câble, la décroissance continue, avec -48k abonnés sur chacun des deux derniers trimestres. La décroissance semble ralentir un peu puisque l'on était plutôt à -50-60k auparavant. On est rendu à 716k (> 100 Mb/s). Là aussi le décroissance ne peut être aussi rapide au fur et à mesure que l'on s'approche de 0. Mais au rythme actuel, on en aurait encore pour 15 trimestres, donc près de 4 ans pour qu'il n'y ait plus d'abonnés câble. On peut penser que quand on arrivera vers 200 ou 300k, SFR annoncera probablement la commercialisation des abonnements câble Internet, comme l'a fait Bouygues Telecom, avec une échéance à 1 an 2, pour migrer ailleurs, et notamment sur le FTTH.

Il reste bien plus d'abonnés avec un débit entre 30 et 100 Mb/s, 2.261 M, ce qui correspond à des abonnés en VDSL, box 4G,  satellite, câble à 30 Mb/s encore...). Ceux là ont diminué de 102k, correspondant probablement à une migration vers la fibre.

Déploiement selon les types de zone T3 2023 :

En ce qui concerne la progression des déploiements, on voir sur le graphique ci-dessous, que le rythme le plus important, comme les trimestres précédents, est celui des RIPS, +21% en un an, contre +2% en zone AMII, alors que les zones sont de taille comparable. En ZTD, on a +4%, et +78% en AMEL.

L'ARCEP note évidemment que le rythme de déploiement en ZTD et AMII est très faible et insuffisant :

- La baisse du rythme de déploiement dans les zones moins denses d’initiative privée constatée au cours des trimestres précédents se confirme avec seulement 139 000 locaux rendus raccordables, soit une baisse de 20% par rapport à la même période de l’année précédente.

- Enfin, dans les zones très denses le rythme de déploiement chute ce trimestre avec moins de 24 000 locaux rendus raccordables, soit une division par 3 par rapport à la même période de l’année précédente.

A noter que depuis 2020, le nombre de locaux n'est plus estimé à partir des statistiques de l'INSEE, mais d'après les fichiers IPE, donc les études de terrain préalables au déploiement, voir tableau plus bas. Au fur et à mesure de la progression des études de terrain, qui sont presque finalisées en ZTD et AMII, le nombre de locaux identifiés progresse. C'est aussi le cas bien sûr si des nouveaux locaux sont construits et livrés d'un trimestre à l'autre. Pour les zones AMII, on voit ainsi que le nombre de locaux à raccorder a augmenté de 50k au T3, 50k aussi au T2. Le rythme est en général de +50k chaque trimestre, mais on note la particularité du passage entre le T3 et le T4 2022, où 389k locaux supplémentaires ont été inscrts, probablement une mise à jour des bases.

On a donc, au niveau des locaux couverts :
- en ZTD : 7.803 M (+77k en un an, +2.9%), il reste 635k locaux à rendre éligibles. On est à 92% de couverture
- en AMII : 17.586 M (+681k, +3.1%), il reste 1.97 M de locaux à rendre éligibles. Cela fait 89% de couverture.
- en AMEL : 0.917 M (+404k en un an, +78%), il reste 0.473 M de locaux à rendre éligibles. Cela fait 66% de couverture.
- en RIP : 13.286 M (+2.578 M, +24%). Il reste 3.855 M de locaux à rendre éligible. Cela fait 78% de couverture.

Évolution du déploiement d'Orange en zone AMII depuis sa mise en demeure :

A partir des données ARCEP, on peut faire un petit graphique des déploiements d'Orange en zone AMII depuis sa mise en demeure par l'ARCEP en Février 2022 (voir ci-dessous)). On voit que ses déploiement ont baissé ensuite, même si le T3 2023 voit une progression par rapport au T2, avec 119.000 locaux rendus éligibles contre 109.000 au T2. Mais au T3 ils étaient 149.000 et au T1 2022, 205.000. Et alors que le nombre de locaux dans ces zones progresse d'environ 50.000 par trimestre (qu'ils soient neufs ou des nouveaux locaux mis en évidence par les études de terrain et les fichiers IPE). Dans ces conditions, la couverture Orange progresse peu, de 87 à 90% en un an, on n'est toujours pas rendu à 92%, qui était l'objectif minimal des engagements à fin 2020 (repoussé au 10 Avril 2021 il me semble à cause du Covid).

Comme dit l'aRCEP dans son CP :

La baisse du rythme de déploiement dans les zones moins denses d’initiative privée constatée au cours des trimestres précédents se confirme avec seulement 139 000 locaux rendus raccordables, soit une baisse de 20% par rapport à la même période de l’année précédente.

Après la pénalité de 26 M€ infligée par l'ARCEP à Orange, relativement clémente, Orange risquait jusqu'à ~500 M€ de pénalités vu le nombre de locaux manquants, 540.000 (à 1500 € par local non professionnel manquant, 5000 € si professionnel...), la question se pose de savoir ce qu'il se passe si Orange n'augmente pas le rythme de ses déploiements ? Il y a bien sûr l'accord, assez flou pour moi, passé avec le gouvernement, qui consiste apparemment à rendre raccordable à la demande sous 6 mois les locaux manquants au 1er semestre 2024 (et avec le point d'interrogation de l'affirmation d'Alec Archambault sur Twitter que ce ne serait pas gratuit pour le demandeur...).

A ce propos, on peut rappeler que l'ARCEP demandait à Orange de rendre raccordable, ou raccordable à la demande dans 6 mois, au plus tard fin Septembre 2022 les locaux manquants (ce qui veut dire les tagger RAD dans les fichiers IPE). Orange aurait pu choisir cette dernière option. Il ne l'a pas fait. Dans le texte de sa décision de sanction rendu public, l'ARCEP indique qu'Orange avait rendu raccordable à la demande 8113 locaux seulement, et qu'Orange se justifiait en disant que les OC n'avaient pas manifesté d'intérêt pour ces locaux, et que donc cela n'aurait rien changé s'il avait rendu RAD l'ensemble des 540.000 locaux. D'abord, cette expérimentation sur 8113 locaux était plutôt confidentielle, et moi-même je ne la connaissais pas. Je ne sais pas qui sur le forum la connaissais ? D'autre part, 8113 n'était probablement pas suffisant pour que les OCs mettent à jour leur SI, sur plus de 500.000 locaux, cela aurait été tout autre chose. Et si elle est confidentielle, que les abonnés la connaissent et en fassent la demande...

Voir p13 du texte :

La formation restreinte constate qu’au 30 septembre 2022, Orange a rendu raccordables sur demande seulement 8 113 locaux. Compte tenu de ce faible volume de locaux rendus raccordables sur demande par Orange, qui s’écarte de manière substantielle du volume de 543 000 locaux sur lequel les différents opérateurs commerciaux auraient pu compter, Orange n’est pas en mesure d’affirmer sérieusement qu’il n’y a pas en général d’appétence des opérateurs commerciaux pour les locaux raccordables sur demande. Orange n’est pas non plus en mesure de présumer une absence d’intérêt des consommateurs, lesquels n’ont pas pu bénéficier d’offres des opérateurs commerciaux sur ces locaux.

https://www.arcep.fr/uploads/tx_gsavis/23-2371-FR.pdf

J'avais personnellement suggéré ailleurs que la sanction financière d'Orange puisse servir à financer le déploiement sur les zones délaissées par Orange, à d'autres opérateurs, par exemple les RIP locaux. Certains m'avaient répondu que c'était irréaliste. On verra ce que tout cela donnera en 2024. Avec les engagements de l'état en plus à obtenir une couverture FTTH du territoire en 2025, qui semble bien irréaliste dans ces circonstances.

Observatoire du fixe ARCEP T4 2023 :

L'ARCEP a donc publié son observatoire des connexions fixes jeudi dernier :
https://www.arcep.fr/fileadmin/cru-1677573101/reprise/observatoire/HD-THD-2017/2023-t4/Observatoire_HD_THD_T4_2023.pdf

En ce qui concerne les abonnements, on arrive maintenant à 21.4 millions d'abonnement FTTH, +835k, voir ci-dessous, encore un ralentissement, puisque l'on était à +965k au T4 2022. Mais donc, on est maintenant à 66% d'abonnements FTTH (32.254 M d'abonnements HD/THD au total), ils ne peuvent plus croitre comme avant, d'autant qu'il reste encore 14% de locaux à rendre éligibles (voir plus loin)

Le nombre d'abonnements câble continue de baisser, mais peu ce trimestre, -11k, contre 50 à 60k d'habitude, à voir les trimestres suivants si le ralentissement se confirme. On arrive donc à 704k abonnés câble (> 100 Mb/s)

Déploiement selon les types de zone T4 2023 :

Au T4, comme les trimestres précédents, ce sont les RIPs qui déploient le plus, voir graphique ci-dessous, +572k locaux rendus raccordables, plus que toutes les autres zones réunies, avec un total de 13.858 millions de locaux raccordables. Pour les zones AMII, on a eu 234k locaux rendus raccordables, pour un total de 15.850 M. Du côté des ZTD, c'est +72k, au total 7.235 M, et pour les AMEL, +137k, au total 1.398 M.

L'ARCEP note toujours, évidemment, surout après la sanction d'Orange pour les zones AMII, que le rythme de déploiement est insuffisant, voir CP :

DÉPLOIEMENTS : Le rythme global des déploiements FttH a ralenti de plus de 25 % entre 2022 et 2023.
...
Au cours du dernier trimestre de 2023, 1 million de locaux supplémentaires ont été rendus raccordables au FttH, soit 25 % de moins que le dernier trimestre de 2022. Au global, le rythme des déploiements FttH a aussi baissé de 25 % entre 2022 et 2023.

Au cours de l’année 2023, 3,5 millions de locaux supplémentaires ont été rendus raccordables :

   - 2,4 millions de locaux ont été rendus raccordables dans les zones moins denses par les Réseaux d’Initiative Publique, soit une baisse de plus de 20 % par rapport à 2022 .

    - La chute du rythme de déploiement dans les zones moins denses d’initiative privée constatée en 2022 se confirme en 2023 avec seulement 600 000 locaux rendus raccordables, soit une baisse de près de 40 % par rapport à 2022.

    - Dans les territoires concernés par des « AMEL » (appels à manifestation d'engagements locaux) près de 400 000 locaux supplémentaires ont été rendus raccordables, soit un niveau comparable à 2022.

    - Enfin, le rythme de déploiement dans les zones très denses continue de ralentir cette année avec moins de 200 000 locaux rendus raccordables, soit une baisse de plus de 40 % par rapport à l’année précédente.
...

Le taux de déploiement atteint 80% dans les RIPs, voir tableau ci-dessous. Au rythme actuel de déploiement, il devrait rejoindre celui des zones AMII en fin d'année. A moins qu'Orange accélère vraiment.

Pendant ce temps, de nouveaux locaux sont construits, et d'autres sont découverts au cours des enquêtes de terrain (piquetage). Ce trimestre, il y en a eu +45k en zone AMII, +106k en RIP, +21k en ZTD, et +8k en AMEL. Au total, +179k locaux à rendre éligibles, selon les meilleures estimations de l'ARCEP.