Dans l’Aisne, la fibre optique part en campagne jusqu’en 2030 Le déploiement du très haut débit a commencé dans quelques villes du département. Il va durer une quinzaine d’années. Avec une priorité : la ruralité.
C’était l’un des tubes des cérémonies de vœux de vos maires le mois dernier. « La fibre optique arrive ! », ont entendu pas mal d’administrés avant de lever le verre de l’amitié. Pour peu que vous soyez un poil patient, c’est relativement vrai.
Le déploiement de cette fameuse fibre, épaisse comme un cheveu, et qui accélère la navigation internet de manière exponentielle, est en effet prévu pour les mois, mais surtout les années à venir. L’Aisne a besoin de cette technologie pour sortir peu ou proue de l’ornière économique dans laquelle elle s’est laissée absorber.
Orange et les villesLes opérateurs téléphoniques ne sont pas étrangers à cette situation de handicap. Accusés de tous les maux dans leur déploiement incomplet des antennes 2G, 3G puis 4G, ils n’ont pas changé d’attitude dans l’installation de la fibre optique. Dans l’Aisne, Orange, qui a hérité du marché, ne la déploie que dans les trois secteurs qu’elle a jugés « rentables » : les communautés d’agglomération de Saint-Quentin et Laon, ainsi que la ville de Soissons intra-muros, soit 59 communes et 26 % de la population départementale.
Ici, ses techniciens ont entamé les travaux il y a déjà de nombreux mois. Ils se poursuivent, en général du centre-ville vers les quartiers périphériques.
L’USEDA et la campagnePour les campagnes, en revanche, que les opérateurs ne jugent pas « bankable », c’est bel et bien le contribuable qui va payer. « On avait le choix : soit ne rien faire, soit le faire nous-mêmes », explique Yves De Moliner. Ce dernier est le directeur de l’USEDA, l’Union des secteurs d’énergie du département. « L’histoire se répète, fait-il remarquer. L’USEDA a été fondée dans l’entre-deux-guerres pour le déploiement de l’électricité, que les opérateurs privés ne voulaient pas prendre en charge… »
En 2015, le conseil général de l’Aisne a confié à ce syndicat mixte la mission de préparer le déploiement du très haut débit dans les 757 communes oubliées d’Orange. Lundi dernier, son président, Daniel Dumont, a présenté aux conseillers départementaux son « projet très haut débit », sorte d’échéancier de la mise en connectivité du monde rural axonais.
« Gratuit » jusqu’à la maisonL’USEDA, qui sous-traite la réfection complète du réseau nécessaire à ce bond dans le futur, s’engage à financer jusqu’à l’installation de la prise terminale optique à votre domicile. Le particulier n’a « rien » à débourser avant son abonnement aux opérateurs que sont Orange, SFR, Numéricable, Free ou BBox. « Rien » est un raccourci, puisque ce sont les collectivités locales qui financent ce déploiement.
Seule la première phase est d’ailleurs financée à hauteur de 150 millions d’euros, par le conseil départemental, mais aussi régional, par les fonds européens, par les communes (803 sont membres de l’USEDA) et l’État, via la « mission très haut débit ».
Les premiers servisLe coup d’envoi du déploiement a été donné le 29 janvier à Chauny. « Les abonnés pourront commencer à se raccorder vers la fin du mois de juillet, via leur opérateur », explique Yves De Molinier. Viry-Noureuil, Tergnier, La Fère, Vermand, ainsi que quelques communes autour de Soissons prendront ensuite le sillage de cette installation, pour un raccordement possible en fin d’année 2016.
La première phase court jusqu’en 2019. Elle vise à déployer 105 000 prises FTTH (fiber to the home). « On sera même en avance : on devrait atteindre 70 000 prises en juillet 2018, soit 50 % de la population », se risque le président de l’USEDA.
Priorité aux mal connectésPour fixer ses priorités d’équipement, l’USEDA ne suit pas le supposé schéma qui consiste à privilégier les zones les plus urbanisées pour terminer par les endroits les plus reculés. « Notre priorité, ce n’est pas la commune qui a déjà de 1 à 30 mega de débit, mais celle qui est la plus mal lotie », corrige Yves De Moliner.
Les phases 2 et 3 du déploiement courront jusqu’en 2030. Pour les derniers servis, une solution intermédiaire a été prévue. L’USEDA appelle cela la « montée en débit ». Il s’agit de financer la mise en place de kits satellite (3 500 ont été budgétés) destinés à doper la réception des particuliers en attendant l’arrivée de la fibre. Coût moyen : 500 €. « On les subventionne à hauteur de 150 € », précise le directeur de l’USEDA.
Des tarifs très diversUne fois le boîtier de connexion installé à votre domicile, lequel ressemble finalement au boîtier de branchement d’un câble d’antenne, il vous restera à choisir un opérateur, étant entendu que la fibre optique nécessite une « box » spécifique.
Leurs tarifs sont facilement consultables sur internet. Ils vont de 20 € en offre d’appel chez Numéricable et SFR à 60 € tout compris en tarif plein, et selon les options affichées. Mais qu’on se rassure : si les opérateurs ont oublié d’aller équiper la ruralité axonaise, ils n’oublieront pas de prélever vos mensualités.
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