Pourquoi l’Agglo de Soissons doit payer pour la fibreEn 2010, il a été décidé qu’Orange ne déploierait la fibre optique que dans la ville. Une injustice pour l’Agglo. 18.01.2017200 millions euros pour «l’Aisne rurale»Comment expliquer que l’agglomération du Soissonnais doive débourser 7 millions d’euros pour déployer la fibre, alors que celles de Laon et de Saint-Quentin n’ont rien eu à payer ? Sept ans après cet arbitrage, Jean-Marie Carré, président du Grand Soissons, n’hésite pas à parler de «
fait du prince. Et le prince, à l’époque, c’était François Fillon ».
En 2010, le gouvernement Fillon a en effet lancé le «
Programme national très haut débit ». Objectif : fournir un accès internet à très haut débit sur tout le territoire avant 2025. Les fournisseurs d’accès (Orange, SFR et Bouygues) avaient été invités à faire connaître les zones sur lesquels ils étaient prêts à investir eux-même pour installer la fibre, celles où ils estimaient cela rentable. Ces zones ont été baptisées les zones AMII (appel à manifestations d’intentions d’investissement). Ailleurs, le financement du raccordement revenait aux collectivités locales. Dans l’Aisne, Orange s’était engagé à installer la fibre sur l’Agglomération de Saint-Quentin (72 700 habitants, pour une densité de population de 463 hab./ km2), la communauté de communes du Laonnois (43 075 habitants, pour une densité de 142,7 hab./km2) mais seulement dans la ville de Soissons. Le reste de l’Agglo, malgré son total de 51 750 habitants et sa densité de 286 habitants/km2, n’a pas été intégré. «
Si on regarde la densité de population, c’est incompréhensible, peste Jean-Marie Carré. En 2011, avec le maire de Soissons, Patrick Day, on avait rencontré le directeur d’Orange en charge des relations avec les collectivités. Il nous avait dit «
je n’y peux rien, c’est comme ça» ». «
Il n’y a pas eu de négociations, confirme de son côté Patrick Day. La décision avait été prise plus haut. On s’est battu pour obtenir le raccordement de la périphérie de Soissons : Crouy, Belleu, Villeneuve, mais nous n’avons rien eu. »
Aujourd’hui encore, Orange tient le même discours : «
C’est une décision qui ne nous appartenait pas directement. Elle a été encadrée par l’État », fait savoir Corentin Gervasoni, l’actuel directeur des relations avec les collectivité de l’opérateur.
Cet arbitrage est d’autant plus incompréhensible que l’Agglo avait déjà pris les devants, dès 2008, pour installer la fibre au Parc Gouraud et sur les zones d’activités du plateau (sur Courmelles et Ploisy) et de Villeneuve. «
C’est opérationnel depuis deux ans et cela nous a coûté 2 millions d’euros. On a fait une partie du travail d’Orange ! », lance Jean-Marie Carré, qui a aussi interpellé la secrétaire d’état chargée des collectivités territoriales, Estelle Grelier, lors d’une visite à Laon en 2015, sans plus de succès.
Depuis, l’Agglo du Soissonnais a versé 5 millions d’euros dans le plan de déploiement de la fibre du Département, porté par l’Useda (l’Union des secteurs d'énergie du département de l'Aisne). Les nœuds de raccordement optique nécessaires à la couverture du secteur rural soissonnais sont en cours d’installation, à Bucy-le-Long et Noyant-et-Aconin. Ils seront opérationnels dans les prochains mois.