Un nouvel article sur le SIEA dans le Progrès d'aujourd'hui :
Très haut débit internet : ça rame !
Numérique. Dans une situation financière précaire, le syndicat d’énergie doit trouver d’autres financements que l’emprunt pour achever le déploiement de la fibre optique.
Le Syndicat intercommunal d’énergie et de e-communication (SIEA) et le déploiement de la fibre optique ont créé le « buzz » lors de la dernière session du Département. Pas que les élus divergent sur le fond. « On a le devoir de réussir, résume Guillaume Lacroix, n° 2 du PRG et vice-président à l’économie au conseil général. Le très haut débit internet représente une plus-value importante quand on vend le territoire. »
Charles de La Verpillière, le président du SIEA, député et conseiller général UMP, est sur le même tweet. « Je n’ai jamais entendu qui que ce soit remettre en cause ce projet. La question n’est pas « qu’est-ce vous avez fait », mais « quand est-ce que vous venez ? »
La réponse est : « Un jour, sûrement. » Dans l’immédiat, le navire amiral du futur numérique reste à quai pour une durée indéterminée. C’est que le SIEA accuse aujourd’hui un endettement de 130 millions d’euros. À ce train-là, il pourrait atteindre les 245 en 2020. « La moitié de la dette du département sur un seul dossier. Inconcevable ! » estime Guillaume Lacroix.
Le projet se fera. Mais quand ?
La majorité départementale s’interroge sur la gestion à la hussarde de l’ancien directeur, aujourd’hui sénateur UMP. Patrick Chaize aurait foncé tête baissée, sans s’assurer de l’aval de l’autorité de régulation des communications (Arcep). On sait ce qu’il advint. Pour l’Ain, l’Arcep a attribué le pilotage du déploiement de la fibre optique à Orange qui, forcèment, s’est gardé les zones les plus rentables. Même si le syndicat et l’opérateur historique ont enterré le « hashtag » de guerre, la redistribution des rôles remet en cause le modèle économique du SIEA.
Du coup, la manne des subventions s’est tarie et la gouvernance du SIEA a recouru massivement à l’emprunt pour poursuivre un programme à marche forcée. « Il fallait réfléchir à un nouveau modèle économique. Ce virage n’a pas été pris », reproche Guillaume Lacroix.
« Toutes les décisions ont été prises à l’unanimité, rétorque Charles de La Verpillière. Si on avait hésité, discutaillé, on n’aurait rien fait. On a utilisé notre marge d’endettement qui était importante. On a maintenant un réseau qui existe. »
À condition d’arrêter les frais bancaires. Comment le SIEA va-t-il rembourser ces 130 millions ? Où va-t-il trouver les plus de 110 millions nécessaires à l’achèvement de son réseau ? « On attend des subventions de l’État et de la Région », estime le président. 100 millions d’euros en vue ! Il compte aussi et surtout sur les redevances de trafic qui commencent à tomber. Pour 2014, elles atteignent trois millions.
Et si les subventions n’arrivent pas ? Si le nombre d’abonnés plafonne ? « On s’adaptera, conclut Charles de La Verpillière. On fixera un budget maximal avec des tranches, en fonction des réponses. Cela prendra peut-être plus de temps. Mais le projet se fera. La seule incertitude porte sur le rythme. »
Repères :
194
Le nombre de communes fibrées au réseau li@ain. Zone Orange mise à part, le SIEA doit encore en raccorder 210 d’ici 2020 (ou plus tard) pour que l’intégralité du 01 clique en très haut débit.
18 000
Le nombre actuel d’abonnés li@ain sur 100 000 prises éligibles. Soit un taux de pénétration de 18 %. Potentiel du réseau : 245 000 lignes et 30 à 40 % d’abonnés escomptés.
15
Le nombre de communes déployées par Orange au terme du protocole d’accord passé en avril avec le SIEA. Ici, l’opérateur agit en tant que créateur de réseau. Ailleurs, c’est le syndicat d’énergie.
Orange s’engage à couvrir en cinq ans à partir du démarrage des travaux. 2016 pour Bourg et les communes de son agglomération. 2020 pour Oyonnax et Ambérieu.
132 M€
La somme dépensée par le SIEA entre 2008 et 2014 pour installer les artères et les dessertes de son réseau. Dont 25 M€ de financements extérieurs : 12 M€ de la Région, 8,8 M€ de l’Europe ; 5 M€ du conseil général en avance remboursable (2 M€ viennent d’être transformés en subventions). L’emprunt a financé le reste.
245 M€
Le coût total du déploiement de la fibre optique pour le SIEA.