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lepalois

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Haut débit : un parfum de consolidation
« le: 03 mai 2005 à 15:35:00 »
Haut débit : un parfum de consolidation

Les FAI alternatifs se disputent les 52 % de part de marché laissés par Wanadoo. Grandes manoeuvres et rapprochements sont dans les esprits.  (03/05/2005)

Dynamisme et concurrence : deux mots régulièrement employés pour qualifier le marché de l'Internet en France. Dynamisme, cela ne fait aucun doute avec l'explosion, l'an dernier, du parc haut débit qui a atteint plus de la moitié des abonnements Internet, contre un tiers un an auparavant. Au 31 décembre dernier, la France comptait ainsi plus de 6 millions d'abonnés haut débit ADSL, selon l'Autorité de régulation des télécommunications (ART). Et la tendance s'est confirmée sur le premier trimestre 2005, l'Idate estimant que le nombre de lignes ADSL a atteint cette fois les 7 millions.

Cette ferveur des Français pour le haut débit s'explique notamment par la poursuite de la baisse des tarifs d'accès et la commercialisation de services innovants (TV, VoIP...). Le tout favorisé par un climat plus concurrentiel que dans d'autres pays européens, avec une dizaine de fournisseurs d'accès Internet (FAI) présents dans l'Hexagone. Mais cette diversité concurrentielle apparaît aujourd'hui menacée. Le décollage du dégroupage bouleverse les codes du secteur, et les acteurs qui ne sont pas en mesure de s'adapter à cette nouvelle offre de distribution risquent de se retrouver, tôt ou tard, dans l'impasse. En filigrane, la question de la consolidation du secteur est plus que jamais à l'ordre du jour.

Chiffres clés du marché de l'Internethaut débit en France
   2004    Variation 2003/2004
Nombre de d'abonnements haut débit (en unités)
   6.529.997    + 83,0 %
Dont ADSL
   6.072723    + 91,4 %
Dont câble
   454.035    + 15,3 %
Autres technologies
   3.239    - 7,8 %
Chiffre d'affaires annuel du haut débit (en millions d'euros)
   1.461    -
Source : ART, Observatoire du marché de l'Internet, avril 2005

Au beau milieu de cet environnent, Wanadoo apparaît intouchable. Près de trois ans après la publication par France Télécom de l'offre de référence relative au dégroupage, point de départ d'une nouvelle forme de concurrence, le FAI de l'opérateur historique caracole en tête avec 48 % de parts de marché. Certes, ce chiffre fluctue selon les trimestres en deçà ou au-delà de la barre des 50 %. Mais la domination de Wanadoo n'a encore jamais réellement été menacée. Outre une offre Internet innovante (TV sur ADSL et VoIP), le FAI bénéficie de la position dominante de sa maison mère en termes de couverture réseau du territoire français.

Car le développement de services de voix ou de télévision sur IP, aujourd'hui le principal facteur concurrentiel de structuration des offres Internet, exige du FAI une prise en charge du réseau télécoms jusqu'à l'abonné final. Cette autonomie a un nom : le dégroupage, qui implique de la part de l'opérateur des investissements importants dans son réseau de collecte. Investissements trop lourds pour certains acteurs qui se retirent progressivement du marché de l'ADSL en zones non dégroupées, ou pratiquent des tarifs réajustés à la hausse par rapport aux zones couvertes par le dégroupage. "Nous assistons à une deuxième fracture numérique, indique Loïc Le Floch, en charge du marché du haut débit à l'Idate, entre les zones dégroupées et les autres, c'est-à-dire principalement entre les zones à forte densité et les zones rurales."

Cette fracture est à l'origine de la forte disproportion qui existe entre les parts de marché de Wanadoo et celles de ses concurrents. Ainsi Free, deuxième FAI avec plus d'un million d'abonnés ADSL, revendique aujourd'hui près de 17 % de parts de marché, loin devant les autres FAI, mais aussi loin derrière Wanadoo. Un score toutefois honorable pour le FAI du groupe Iliad qui, le premier, a cassé les prix d'accès à l'Internet rapide et propose aujourd'hui encore l'offre la plus attractive en termes de prix et de services. Afin d'assurer la rentabilité de ses activités, Iliad s'appuie sur un réseau propriétaire en fibre optique, dans lequel il a investi 73 millions d'euros en 2004 (lire l'article du 16/03/05). Long de 17.000 kilomètres, ce réseau couvre vingt-cinq agglomérations françaises.

Parts de marché des FAI en France sur l'ADSL grand public
     FAI    Nombre d'abonnés ADSL au 31/03/05    Parts de marché (sur une base de 7 millions de lignes ADSL au 31/03/05)
1    Wanadoo   3.360.000*    48 %
2    Free   1.214.000*    17,3 %
3    Neuf Telecom   540.000*    7,7 %
4    AOL   500,000**    7,1 %
5    Tiscali/Telecom Italia   440.000*    6,3 %
6    Cegetel   310.000*    4,4 %
7    Tele2   300.000**    4,2 %
8    Club Internet   200.000****    2,8 %

Sources :
*Sociétés cotées, chiffres audités
**Chiffres annoncés par les sociétés
***Estimation de l'Idate
****Estimation JDN

Le réseau d'infrastructure propre à Neuf Telecom atteint, lui, plus de 22.000 kilomètres de fibre optique, et son réseau dégroupé couvre aujourd'hui près de 60 % de la population française, soit 3.000 communes (lire l'article du 21/04/05). Avec 530.000 abonnés ADSL grand public, l'opérateur alternatif du groupe Louis Dreyfus s'octroie aujourd'hui la troisième place du marché de l'Internet haut débit, au détriment d'AOL. Certes, la part de marché de Neuf Télécom sur le marché de détail est deux fois moins importante que celle de Free. Mais Neuf Telecom apparaît comme un acteur incontournable sur le marché intermédiaire de revente de gros de lignes ADSL dégroupées. Parmi ses clients figurent notamment Free, Club Internet, Tiscali, Tele2 ou encore Nerim. L'opérateur du groupe Louis Dreyfus a investi plus de 350 millions d'euros dans ses infrastructures en 2004, ce qui en fait un challenger de poids face à Free. D'autant que les rumeurs d'un rapprochement avec Cegetel sont de nouveau à l'ordre du jour.

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Dossiers Très haut débit
Dégroupage total
A l'image de Neuf Telecom, Cegetel apparaît également comme un acteur incontournable sur le marché de revente de lignes ADSL avec comme principal client AOL. Depuis le dégroupage du premier central France Télécom, en septembre, 2003, Cegetel a déjà investi 150 millions d'euros dans le déploiement de son propre réseau. L'opérateur annonce à ce jour 725 sites de l'opérateur historique dégroupés et ouverts. En revanche, la filiale Internet du groupe Vivendi Universal a pris du retard sur le marché des particuliers. Ses premières offres haut débit datent de 2004. L'opérateur ne détient ainsi que 4,4 % de part du marché de l'Internet haut grand public. Une éventuelle fusion avec Neuf Telecom lui permettrait de réaliser ses ambitions d'intégrer le trio de tête du marché. Fort d'un potentiel de 850.000 abonnés ADSL, l'entité ainsi constituée viendrait titiller la position de dauphin de Free.

Autre acteur non moins ambitieux : Telecom Italia. Près de trois ans après avoir vendu sa filiale française 9Telecom au groupe Louis Dreyfus, puis retraversé les Alpes en novembre 2003 avec le lancement de l'offre Alice ADSL, Telecom Italia prend aujourd'hui durablement position sur le marché français de l'Internet grâce à l'acquisition de Liberty Surf, la filiale française de Tiscali (lire l'article du 07/04/05). L'assimilation des abonnés de Tiscali France (344.000 en décembre 2004, près de 400.000 en mars 2005 selon l'Idate) place désormais Telecom Italia en cinquième position sur le marché français de l'Internet haut débit, alors que le FAI ne revendique pour sa part que 40.000 abonnés à son offre Alice.

Les manoeuvres de consolidation remettent en cause l'avenir des petits FAI
Face à ces FAI qui tiennent le haut de l'affiche, l'avenir des petits acteurs repose sur une politique volontariste. Aux premiers rangs de ces acteurs de "deuxième rang" figure Tele2. En raison de la pression concurrentielle des opérateurs propriétaires de leur réseau IP, le FAI d'origine suédoise s'est retiré en octobre 2004 du marché de l'ADSL en zones non dégroupées. Le groupe, présent dans plus de douze pays européens, ne communique pas ses résultats locaux mais revendique 600.000 abonnés ADSL sur le vieux Continent. En l'état, sa part de marché sur l'Internet haut débit en France atteint 4,3 % selon les données communiquées par l'opérateur. Une position qui ne décourage pas Télé2 : le FAI a annoncé vouloir investir 62 millions d'euros afin de développer le dégroupage en France, via un renforcement de son partenariat avec Neuf Télécom.

Autre FAI qui espère monter en puissance : Club Internet. Après avoir laissé planer le doute sur l'avenir de sa filiale française, le groupe Internet allemand T-Online a confirmé en ce début d'année vouloir étendre sa position dans l'Hexagone. Il n'est donc plus question de céder les activités de Club Internet, qui comptent environ 210.000 abonnés ADSL (estimations de l'Idate). La maison mère a même annoncé son intention, en fin d'année dernière, de placer le FAI parmi les trois premiers du marché français. Mais face aux mouvements de concentration qui se dessinent dans l'Hexagone, le groupe doit définir de "nouvelles orientations stratégiques" d'ici la fin mai, comme l'a indiqué son président Rainer Beaujean à l'occasion de l'assemblée générale de T-Online AG en avril dernier.

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 Free
 Neuf telecom
 AOL France
 Club Internet
 Tiscali France
Une chose est certaine, les maison mères des FAI, françaises ou étrangères, ne diminuent pas leurs efforts d'investissements sur le marché français. S'il ne reste plus de place pour un nouvel entrant, la distribution des cartes apparaît loin d'être figée. Tout peut encore changer entre les acteurs de milieu de tableau. D'autant que les perspectives de croissance restent fortes : 7 millions de lignes ADSL, cela ne représente finalement que 28 % ddes foyers français.

Emilie LEVEQUE, JDN
Source : Lire l'article sur le JDN