Les mobiles du futur perturbent la télévision
Une expérimentation menée sur la 4ème génération de téléphonie mobile montre que les fréquences utilisées brouillent la réception de la télévision.
Téléphoner ou regarder la télévision, faudra-t-il bientôt choisir ? C'est le problème auquel risque d'être confronté le gouvernement. Ce dernier a l'intention de mettre bientôt aux enchères les fréquences de téléphone mobile 4G. Il espère en retirer deux milliards d'euros. Mais les premiers tests menés sur ces fréquences ont donné un résultat très étonnant. Les ondes de la 4G « polluent » les fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT).
Orange, SFR et Bouygues Telecom, qui ont mené une expérimentation en Mayenne près de Laval avec le diffuseur technique TDF, en ont fait l'amère expérience. Les résultats sont inquiétants : les opérateurs ont observé des interférences entre les fréquences 4G et TNT. Conséquence, la télévision a été coupée dans certains foyers. «Avec l'ancienne télévision analogique, les interférences créaient une image brouillée, de la neige à l'écran. Avec la TNT, c'est tout ou rien, ou l'image est bonne ou c'est l'écran noir», explique un spécialiste des fréquences. Il n'est pas approprié de parler d'écrans noirs minimise l'Agence nationale des fréquences (ANFR), tout en reconnaissant qu' «il peut néanmoins arriver, pour quelques chaînes émises à des fréquences proches de celles de la 4G, que la réception soit brouillée.»
Difficile de savoir combien de Français pourraient être concernés. Ceux qui reçoivent la télévision via une box reliée par l'ADSL ou la fibre optique ne sont pas touchés. En revanche, le problème se pose pour une partie des particuliers qui reçoivent la TNT par voie hertzienne, ce qui est encore le cas de la majorité de la population. « La bande de fréquence destinée aux télécoms a bien été libérée, elle est propre. Mais les téléviseurs dans les foyers restent inchangés et sont un peu sensibles. Le problème vient des récepteurs », explique un spécialiste des fréquences.
Pire dans les villes ?
Après cette première expérimentation en zone rurale, les opérateurs redoutent que la perturbation de la télévision ne soit encore pire au cœur des villes. Les zones frontalières sont également exposées à des perturbations avec les pays voisins. Il est possible de remédier à ces perturbations, selon les spécialistes, en installant des filtres sur les antennes des particuliers dont la télévision serait perturbée. Mais les opérateurs télécoms ne souhaitent pas prendre la responsabilité ni le financement d'opérations de ce type, sur mesure et aléatoires, nécessitant la mise en place de spécifiques et d'une logistique compliquée.
Ce problème technique embarrasse les autorités publiques. Le ministère de l'Industrie, mais aussi l'ANFR et les régulateurs (CSA et Arcep) se penchent tous actuellement sur ce sujet sensible. Pourtant ce problème technique est commun à d'autres pays européens. Ainsi, la Suède a mis en place tout un dispositif pour protéger la réception de la télévision. La Grande-Bretagne a lancé une expérimentation d'un an qui va se terminer en 2012.
Mais le gouvernement français, qui a déjà prévu de comptabiliser les deux milliards de la vente des fréquences dans son prochain budget, ne veut pas modifier le calendrier. L'appel d'offres doit être lancé en avril, les candidatures devraient être remises en mai et juillet, et les licences attribuées en septembre. Les opérateurs, eux, souhaitent savoir ce que valent vraiment les fréquences avant de les acheter… et surtout d'y mettre le prix.
Source : Le Figaro - le 23 mars 2011 par Marie-Cécile Renault
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