Auteur Sujet: La Hadopi commande une étude sur le piratage en France  (Lu 4430 fois)

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vivien

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La Hadopi commande une étude sur le piratage en France
« le: 02 février 2019 à 13:36:40 »
La Hadopi commande une étude sur le piratage en France
La liste des sites les plus populaire de piratage est publique !

La HADOPI (Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet) a fait réaliser une étude sur les modèles techniques et économiques des sites ou services illégaux de streaming et de téléchargement de biens culturels, intitulé L’écosystème illicite de biens culturels dématérialisés

Réalisée de février à avril 2018 par le cabinet de conseil EY (Ernst & Young),l'étude a poursuivi deux objectifs principaux :
► étudier l’écosystème de la contrefaçon commerciale des biens culturels dématérialisés au sens large (films, musique, séries, livres, contenus sportifs, etc.) ;
► décrypter les modèles économiques des acteurs contribuant à la diffusion de ces contenus.




C'est une étude particulièrement complète, mais il manque une partie pour faire l'analyse pourquoi de nombreux français trouvent qu'il est moral de copier des films / musique.

La réponse tiens à mon avis dans le fait que chaque support acheté est lourdement taxé par la copie privée et que de nombreux français pensent qu'il est légitime de copier, vu  qu'ils ont payés des dizaines ou centaines d'euros pour ça.

Avec l'offre type Netflix/Youtube et autre services de streaming payant ou gratuit, nous n'avons plus besoin de faire de copie privée et je pense que la taxe devrait s'éteindre au fur et à mesure que la distributions des CD/DVD s’arrête.
Taxer les GPS avec la copie privée (c'est le cas) ne fait que renforcer le piratage, de nombreuses personnes ne comprenant pas pourquoi elles doivent payer cette taxe.


Le rapport de la HADOPI reste toutefois riche d'enseignements, mais j'ai relevé des erreurs, comme sur la page reproduite ci-dessous sur le stream-ripping qui dit "À ce titre, le panorama et le cadre actuel des usages présentés ci-dessous ne doivent être considérés de facto comme faisant partie des usages contrevenants."

Selon Marc Guez, directeur général de la SCPP et par ailleurs représentant de Copie France, expliquait lors d'une réunion au Ministère de la Culture organisée en décembre que « la capture d’un flux [...] relève de la copie privée, au même titre que la copie d’une émission de radio ou de télévision », prenant pour exemple l'enregistrement d’un fichier sonore à partir d’une vidéo diffusée sur YouTube.

David El Sayegh, représentant de Copie France et secrétaire général de la SACEM est lui aussi trés clair : « à partir du moment où il n’y a pas de contournement d’une mesure technique de protection efficace, l’exception pour copie privée a vocation à s’appliquer ».

YouTube ou des autres plateformes peuvent interdire le stream-ripping, mais selon Copie France, « en matière de copie privée, ces conditions générales d’utilisation n’ont aucune valeur, car selon la jurisprudence européenne (Arrêts VG Vort et Copydan), les contrats ne peuvent supplanter les exceptions autorisées par la loi, comme l’exception pour copie privée en France. [...] Les copies effectuées à partir des convertisseurs sont bien licites puisque la source est licite ».

Bref, quand vous achetez un baladeur, vous avez payé pour pouvoir y mettre des fichiers issue du stream-ripping de plateformes légales.
C'est donc tout sauf du piratage.



J'ai réalisé un tweet à la Hadopi pour savoir qui à raison.

vivien

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La Hadopi commande une étude sur le piratage en France
« Réponse #1 le: 02 février 2019 à 13:37:48 »
Écosystème et acteurs de la consommation illicite

L'étude "L’écosystème illicite de biens culturels dématérialisés" fournit un tableau presque exhaustifs des acteurs utilisés pour le piratage :



Les acteurs centraux se structurent autour de six types d’acteurs :

► les sites de référencement sont les sites qui centralisent des liens renvoyant vers des hébergeurs de contenu ou vers des fichiers disponibles sur les réseaux pair à pair. Il peut également s’agir des sites qui proposent du streaming illégal de programmes TV en direct (liens vers des contenus disponibles en live streaming ou accès à des listes de chaînes IPTV) ;




► les services d’agrégation de liens sont de deux types. Il peut s’agir d’agrégateurs de vidéos, c’est-à-dire des services capables de parcourir et d’exploiter de nombreuses sources de contenus (tels que des sites de référencement évoqués ci-dessus) afin de proposer aux utilisateurs une offre unifiée plus riche et plus complète. Il peut également s’agir de boîtiers à brancher sur la télévision qui ont été configurés par leur vendeur dans le but de proposer via une même interface de nombreux contenus illicites, à la demande ou en direct, là encore provenant de multiples sources ;

► les hébergeurs de contenus permettent aux internautes d’obtenir le contenu désiré. Ces plateformes d’hébergement stockent par exemple des contenus qui peuvent être consommés selon un ou plusieurs modes : téléchargement direct ou streaming. Il peut également s’agir de serveurs rediffusant ponctuellement ou continuellement des flux en live streaming ou des programmes TV, sportifs ou autre. De manière générale, ce sont les sites de référencement ou les agrégateurs évoqués ci-dessus qui redirigent les internautes vers ces hébergeurs spécialisés ;



► les contributeurs, auxquels les hébergeurs de contenus et les sites de référencement de contenus en téléchargement direct, en streaming et en pair à pair doivent la richesse de leur « catalogue ». Ceux-ci peuvent soit « uploader », ce qui signifie qu’ils téléversent du contenu sur les plateformes d’hébergement ou postent des liens sur les sites de référencement, soit proposer des services additionnels d’enrichissement (sous-titrage de contenus disponibles en langue étrangère par exemple) ;

► les plateformes généralistes (de diffusion de contenus vidéo ou tout simplement de partage de contenus) sont des acteurs traditionnels de l’économie numérique, dont les services peuvent être ponctuellement utilisés par les utilisateurs pour diffuser ou relayer des contenus culturels sans autorisation. Elles peuvent se retrouver au cœur des usages illicites, malgré des politiques de contrôle des contenus ;

► enfin, les distributeurs sont ceux qui facilitent la dissémination ou la commercialisation des produits ou applications intervenant dans les services illicites. Il peut s’agir de distributeurs physiques (ex : boutiques informatiques où l’on peut acheter des boîtiers TV configurés) ou, de plus en plus fréquemment, de plateforme numériques (places de marché en ligne, plateformes de commerce électronique).

vivien

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La Hadopi commande une étude sur le piratage en France
« Réponse #2 le: 02 février 2019 à 13:40:24 »
Live streaming

Les usages de streaming illicite de programmes TV en direct se développe, le rapport fait un focus dessus :

Dans le cadre des pratiques illicites, le live streaming permet aux consommateurs de regarder un contenu vidéo qui est diffusé en temps réel, provenant généralement d’une chaîne de télévision payante. Les contenus diffusés concernent en majorité des évènements sportifs et en direct. L’audience des sites de live streaming reste limitée et l’offre est relativement dispersée, mais cette pratique est en croissance sensible. Pour ce type de service, la distinction entre site de référencement et source du contenu est plus compliquée que sur les autres modes d’accès, car le contenu vidéo est souvent directement intégré dans la page du site de référencement, ce qui ne permet pas d’identifier aisèment l’origine du flux vidéo (qui peut d’ailleurs souvent changer).


et un sur le live streaming de contenus sportifs :



Le rapport évoque aussi les applications qui agrèges du contenu illicite :

Les agrégateurs de vidéos sont des applications ou des logiciels qui permettent d’accéder très facilement à des contenus illicites (ex : Mobdro, Stremio, EverStream, Showbox, Moviebox, Cinema Box, Popcorn Time, etc.).

Leur particularité est d’intégrer quasiment nativement du contenu contrefaisant sans nécessiter d’actions de la part de l’internaute – pas d’installation d’add-ons nécessaire par exemple. Il est d’ailleurs assez difficile de savoir précisèment d’où proviennent les vidéos proposées par ces agrégateurs (contenus hébergés sur de multiples espaces de stockages dédiés ou récupérés automatiquement sur des sites illicites tiers recensés automatiquement).

Si on considère la consommation de biens culturels illicites, les agrégateurs de vidéos fournissent trois principaux bénéfices à l’internaute :
► ils permettent à l’internaute de bénéficier d’une qualité de contenu proche de celle fournie par les plateformes légales et à l’inverse des plateformes illicites de streaming qui peuvent procurer une expérience déceptive pour l’internaute à cause de la qualité des contenus, etc. ;
► ils permettent dans certains cas de télécharger du contenu et de créer des bibliothèques personnalisées ;
► ils permettent d’éviter – pour partie – la publicité, parfois très présente sur les sites de streaming et qui constitue un sujet de gêne et d’insatisfaction des utilisateurs.

En France, 6 à 8 % des utilisateurs de biens culturels ont déjà utilisé ces services.

vivien

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« Réponse #3 le: 02 février 2019 à 13:44:11 »
Dans les CDN Cloudflare se démarque en permettant de masquer l’adresse IP et l’identité réelle de l’hébergeur d’un site Internet, ce qui complique les travaux pour retrouver son auteur :


vivien

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« Réponse #4 le: 02 février 2019 à 13:49:44 »
L'étude donne également des chiffres sur l’industrie des biens culturels en France : (au global en incluant les achats légaux)





Les pratiques illicites de consommation des biens culturels dématérialisés :

Répartition du comportement de consommation des biens culturels dématérialisés parmi les consommateurs :



Volume de biens consommés par mois pour un consommateur illicite « moyen » :



vivien

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« Réponse #5 le: 02 février 2019 à 13:58:48 »
Les différentes solutions techniques utilisées par les "pirates" :



Les internautes restent peu disposés à payer pour l’accès aux contenus illicites selon l’étude Hadopi : Ainsi seulement un consommateur illicite de films ou séries TV sur 10 a déjà payé sur une plateforme illégale. En 2018, 7 % des internautes ayant des usages illicites payent pour un abonnement illimité - moins de 10 € pour près de 70 % d’entre eux - et 6 % pour un visionnage à l’acte.






Les différents visuels présentés dans mon message, ainsi que les textes en bleus sont extrais de l'étude de la HADOPI qui est disponible ici (76 pages) : (cliquez sur la miniature ci-dessous - le document est au format PDF)


Réalisée de février à avril 2018 par le cabinet de conseil EY (Ernst & Young), l'étude a poursuivi deux objectifs principaux :
► étudier l’écosystème de la contrefaçon commerciale des biens culturels dématérialisés au sens large (films, musique, séries, livres, contenus sportifs, etc.) ;
► décrypter les modèles économiques des acteurs contribuant à la diffusion de ces contenus.

Le rapport de la HADOPI est structuré en quatre parties :
► la première partie fait un état des lieux sur la consommation de biens culturels dématérialisés en France ; (les dernières copie d'écran sont issues de cette parties)
► la deuxième partie présente l’écosystème et les acteurs en présence ;
► la troisième partie présente les tendances, les offres et les principaux « acteurs centraux » ;
► la quatrième partie s’intéresse aux modèles économiques de l’ensemble des acteurs de l’écosystème illicite.

kgersen

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« Réponse #6 le: 02 février 2019 à 14:10:06 »
J'ai pas tout lu: Ils ont indiqué le prix de l'étude ?  ;D

vivien

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« Réponse #7 le: 02 février 2019 à 14:20:44 »
Pas de prix indiqué dans le rapport.

Une étude spécifique a été menée en partenariat avec Médiamétrie / Netratings.

Le prix global devrait donc se situer entre 200 000 € et 500 000 € en incluant la prestation cabinet de conseil EY (Ernst & Young) et l'étude Médiamétrie / Netratings.

vivien

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« Réponse #8 le: 02 février 2019 à 15:29:30 »
Je me demande si l'étude Médiamétrie / Netratings se base uniquement sur du déclaratif pour estimer le nombre visiteurs unique sur les sites web.

Je fais référence a des tableaux comme celui-ci :


Cela dois être compliqué de supprimer les biais, ceux qui répondent à des études rémunératrices sur Internet sont peut-être ceux qui sont les plus enclins à utiliser des sites tels que ceux cités par la Hadopi et le moins enclins à utiliser des services légaux type Netfliux.

STRAT38

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« Réponse #9 le: 02 février 2019 à 15:50:39 »
Quelque soit le prix de cet enquete, c'est deja trop !.

Hadopi ne sert a RIEN, sauf a enrichir ceux qui y travaille...


kgersen

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« Réponse #10 le: 02 février 2019 à 17:47:06 »
Cela dois être compliqué de supprimer les biais, ceux qui répondent à des études rémunératrices sur Internet sont peut-être ceux qui sont les plus enclins à utiliser des sites tels que ceux cités par la Hadopi et le moins enclins à utiliser des services légaux type Netfliux.[/size]

Franchement pour avoir vu une fois "l'envers du décor" d'une étude/sondage , je n'ai plus aucune confiance dans ces trucs. C'est comme les sondages/enquêtes d'opinion que nous sortent les chaines d'info continu...


obinou

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La Hadopi commande une étude sur le piratage en France
« Réponse #11 le: 02 février 2019 à 18:19:58 »
Merci Vivien de cet article très intéressant.

J'ajouterais juste que pour les sites de streaming temps-réel de chaînes (sport notamment) , ça reste la seule solution pour des français vivant à l'étranger pour visionner ces chaînes.
A l'intérieur de l'EU ce géoblocking est censé sauter (il me semble qu'en pratique c'est pas le cas), mais par contre dès qu'on en sort...