Auteur Sujet: Avec Cap 22, France Télévisions est priée de se mettre au régime sec  (Lu 838 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

Marco POLO

  • Abonné Free fibre
  • *
  • Messages: 2 132
  • FTTH 1 Gb/s sur Paris (75)
Le gouvernement exige du groupe audiovisuel une économie de 160 millions d’euros d’ici 2022. France Télévisions a déjà décidé de [supprimer] France 4 et France Ô. Mais les syndicats redoutent une aggravation des conditions de travail et une baisse de la qualité des programmes.

C'est un classique: l’exécutif a l’art de faire passer les mesures qui fâchent en plein cœur de l’été – les vacances étant rarement propices à la mobilisation. Celle qui vise à demander des coupes budgétaires substantielles à France Télévisions ne fait pas exception, car elle risque de fâcher beaucoup. A première vue pourtant, le montant n’est pas si terrible que ça: 160 millions d’euros à économiser d’ici 2022 sur un budget annuel de 2,8 milliards. Bien loin des 800 millions souhaités au début par Bercy, ou des 400 millions préconisés, selon Le Figaro, par Cap 22, comité "d’experts" qui planche pour "rendre l’État plus efficace".

Mais ces 160 millions d’euros agissent comme un trompe l’œil. Car dans le même temps, France Télévisions doit aussi investir cent millions dans le numérique pour créer entre autres quatre plateformes (jeunesse, éducation, vérification de l’information et proximité) et donc rogner sur d’autres dépenses. Si on ajoute l’inflation et l’augmentation mécanique des salaires, l’effort réel se situerait plutôt aux alentours de 400 millions d’euros, soit 15 % du budget de la télé publique. Une paille, confirmée ce matin par la PDG Delphine Ernotte Cunci dans Les Echos. "L’effort est conséquent. C’est une trajectoire réaliste, mais qui sera difficile", déclare-t-elle au quotidien économique. Voilà les salariés prévenus.

Coup de rabot général

Conséquences, déjà largement connues: deux chaînes, France 4 et France Ô, s’arrêtent. Elles disparaîtront de la TNT d’ici 2020. "L’audience de France Ô est confidentielle", justifie Matignon. Et les jeunes, cible prioritaire de France 4, sont sur d’autres écrans. Les programmes régionaux de France 3 vont tripler (grâce à des "gains d’efficience" comme dit pudiquement Matignon) et passeront progressivement de deux à six heures quotidiennes au détriment des nationaux, ce qui doit, là-aussi, permettre de réaliser des économies. Les "mutualisations" avec le réseau de radios France Bleu sont amenées à se multiplier même si, pour l’heure, seuls des tests sur des matinales communes sont annoncés. Un coup de rabot général est aussi à prévoir sur les émissions de flux. Selon Libération, la direction de France Télévisions demande d’ores et déjà jusqu’à 15 % de rabais aux producteurs de magazines, jeux et divertissements pour la rentrée prochaine. "On définit d’abord les besoins avant de décider des moyens", claironnait pourtant la rue de Valois pour décrire l’esprit de la réforme. Où l’on jure que les investissements dans la création (fiction, documentaire), qui atteignent 560 millions d’euros entre France Télévisions et Arte, seront sanctuarisés – on attend de voir.

”Télé low-cost”

Cette feuille de route a évidemment fait bondir les syndicats, qui redoutent un nouveau plan de départs. "Cette attaque est à la hauteur de ce qu’a été le plan Bourges dans les années 90 avec ses 1200 suppressions de postes et qui a abouti à la privatisation de la SFP", écrit la CGT dans un communiqué. Le syndicat, majoritaire à France Télévisions, craint que tout ça se traduise en "télé low-cost, empilement des tâches nouvelles, dégradation des conditions de travail, non remplacement des départs, chasse aux ETP et notamment les salariés précaires, CDD et intermittents." De son côté, le SNJ voit dans cette réforme un "déclin": "le repli annoncé de l’audiovisuel public n’augure pas de lendemains qui chantent. Derrière le verbiage des décideurs et de leurs petites mains, c’est un mauvais coup qui (lui) a été porté", estime-t-il. La rentrée promet d’être un brin agitée.


Source: Télérama.fr par Richard Sénéjoux le 21/07/2018.