Auteur Sujet: Comprendre ce qu'est le peering et le transit IP  (Lu 160870 fois)

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vivien

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Comprendre ce qu'est le peering et le transit IP
« le: 27 mars 2007 à 00:07:48 »
mis à jour des données au 1er janvier 2018

Comprendre ce qu'est le peering, le transit IP et les problèmes qui en découlent...

Chaque opérateur qui exploite un réseau IP a normalement deux types de liens :
  • Liens de transit IP : L’opérateur est client d’un autre opérateur, généralement plus gros que lui, appelé transitaire. En échange d’une rémunération, le transitaire lui annonce les routes de ses clients, mais aussi les routes de tout l’Internet. C'est par là que passe le trafic quand il n'existe pas de peering avec un opérateur.
  • Liens de peering : C’est un accord entre deux opérateurs, pour s’échanger directement le trafic de leur réseau respectif. Un lien de peering était gratuit au début de l'Internet, mais il est de plus en plus souvent payant. L’opérateur qui envoie plus de trafic vers l’autre étant celui qui paye.


Questions fréquemment posées sur le peering :


Pourquoi, quand un accord de peering est payant, c’est l’opérateur qui envoie le plus de trafic vers l’autre qui paye ?

Les fournisseurs d’accès à Internet disent qu’il est naturel que celui qui envoie du trafic paye.*
Les fournisseurs de contenu rétorquent que comme pour le réseau téléphonique, celui qui devrait payer, c’est celui qui initie l’appel, donc le fournisseur d’accès à Internet.
La réalité semble plus liée au rapport de force qui est favorable aux FAI (fournisseurs d’accès à Internet) : Les clients choisissent leur FAI en fonction du tarif de l’offre, débit proposé, chaînes TV proposées et pas pour la qualité de leurs interconnexions. Inversement, une société qui cherche à héberger un site ou du contenu vidéo va faire très attention à la qualité des interconnexions.
Ce déséquilibre entraîne un rapport de force qui fait que beaucoup de FAI qui dépassent cinq millions de clients font payer aux fournisseur de contenu les liens de peering.


Un transitaire a t’il lui aussi un transitaire pour lui annoncer les routes de l’Internet ?

Cela dépend du type de transitaire :

  • Un transitaire dit Tier3 à des liens de peering et il est client de plusieurs autres opérateurs transitaire, plus gros que lui, qui sont des transitaire Tier2.
  • Un transitaire dit Tier2 à des liens de peering et il est client de plusieurs autres opérateurs transitaire, plus gros que lui, qui sont des transitaire Tier1.
  • Un transitaire dit Tier1 est un opérateur qui n’a pas de transitaire : Il a un réseau de fibre international pour joindre par des liens de peering généralement gratuits l’ensemble des acteurs de l’Internet, notamment les 18 autres opérateurs qui sont dans la catégorie Tier1.
A noter que généralement, les opérateurs (excepté les Tier1) n'ont pas un seul transitaire, mais plusieurs, pour assurer une meilleure redondance.

Un graphique pour montrer la chose :


Graphique extrait d'un document de Richard A Steenbergen sur le peering, présenté lors du Nanog 51 (janvier 2011) :

(cliquez sur la miniature ci-dessous - le document est au format PDF)



Qui sont les opérateurs « Tier1 », ces opérateurs qui n’ont pas de transitaire ?

Voici la liste des opérateurs qui sont des Tier1, par ordre alphabétique : (liste mis à jour le 1er janvier 2018)

  • AT&T
  • CenturyLink / Level 3
  • Cogent Communications*
  • Deutsche Telekom AG
  • Global Telecom & Technology
  • Hurricane Electric*
  • KPN International
  • Liberty Global
  • NTT Communications
  • Orange
  • PCCW Global
  • Sprint
  • Tata Communications
  • Telecom Italia Sparkle
  • Telxius / Telefónica
  • Telia Carrier
  • Verizon Enterprise Solutions
  • Zayo Group
* Les puristes pourraient dire que Cogent et Hurricane Electric ne sont pas des opérateurs Tier1, car ils n’annoncent pas toutes les routes de l’Internet en Iv6 suite à des conflits entre opérateur (Il manque Google et Hurricane Electric à Cogent en IPv6 et il manque Cogent à Hurricane Electric). De plus, si  Hurricane Electric est Tier1 en IPv6, il est Tier2 en IPv4 (il a Telia en transitaire, car Cogent ne peer pas avec tous les Tier1)


Quand deux fournisseurs d’accès à Internet peerent ensemble, qui paye l’autre ? (Exemple: Orange peer avec Free: Qui paye ?)

Aucun. Le trafic entre deux fournisseurs d’accès à Internet est presque symétrique : chacun envoie autant de trafic que l’autre et il n’y a donc pas de facturation.
C’est la même chose pour les liens de peering entre opérateur Tier1: ils sont généralement gratuits, car souvent presque symétriques.

De nombreux opérateurs ont une clause dans leur contrat qui mentionnant que le peering devient payant, au-delà d’un ratio de trafic entrant sur trafic sortant de 1,5:1 à 2,5:1 (le ratio change en fonction des contrats).


Que se passe t’il quand deux opérateurs qui ont un peering gratuit avec une clause d’asymétrie maximum, voient leur trafic devenir fortement asymétrique ?

Plusieurs solutions :

  • L’opérateur qui envoie plus de trafic peut payer pour cette asymétrie, mais il arrivent régulièrement que l’opérateur en question refuse de payer.
  • Rendre le trafic plus symétrique en rajoutant une distance avec le réseau en question via le prepend: Cela consiste indiquer à BGP (le protocole qui choisit le chemin) que l’opérateur n’est pas interconnecté directement, afin que les clients qui ont plusieurs transitaires utilisent leur second transitaire pour envoyer du trafic.
  • Demander à un client qui envoie beaucoup de trafic vers le lien qui est trop asymétrique de passer par un autre transitaire (les hébergeurs / fournisseurs de contenu ont presque systématiquement plusieurs transitaires)
  • Ne pas payer et donc bloquer toute upgrade du lien, ce qui fait qu’il y a une saturation au moment du pic de consommation entre les deux opérateurs. Ce n’est pas optimal, car cela dégrade le service pour des millions de clients, mais cela se voit régulièrement, c’est pour cela qu’il faut le mentionner.


Comment fait un transitaire « Tier1 » pour payer les nombreuses fibres optiques sous marine, si il peer gratuitement ?

Un transitaire ne fournit du peering que pour ses clients : le trafic est donc payé par ses clients.
Si un opérateur Tier1 souhaite joindre un autre opérateur Tier1 il lui est impossible de passer par un troisième Tier1 via ses liens de peering : En peering on n’annonce que les réseaux de ses clients (et donc aussi des clients de ses clients). C’est ce qui rend nécessaire l’interconnexion entre tous les Tiers1 sur de multiple points (en cas de coupure d’un lien de peering, les autres liens de peering entre les deux opérateurs prennent le relais).

Il y a un cas intéressant, où les transitaires sont payés deux fois: C’est quand deux clients du même transitaire échangent du trafic entre eux. Si la fournisseur de contenu A a pour transitaire C et le FAI B a pour transitaire C, alors C est payé deux fois.

Si le FAI B a pour transitaire D, alors C et D peer gratuitement et chacun n’est payé qu’une fois.




Les raisons de la saturation entre Cogent-Orange en 2010/2011 sont-elles les mêmes pour la saturation Cogent-Free en 2016/2017 ?

Non, pas du tout.

Dans le cas Cogent-Orange, c'est un contrat de peering qui lie les deux opérateurs Tier1. Le trafic était à l'époque très asymétrique avec un ratio jusqu'à 13:1 (Cogent envoie jusqu'à 13 fois plus de trafic qu'il n'en reçois d'Orange en 2009). Cogent refusant de payer, Orange a refusé d'augmenter la capacité du peering. l'Autorité de la Concurrence conforte Orange en tranchant que l'opérateur français est en droit de demander une rémunération pour l'ouverture de nouvelles capacités d'interconnexion, comme cela était prévu dans le contrat, « compte tenu de caractère très asymétrique des échanges de trafic ».

Rejet du recours de Cogent contre Orange (France Télécom) par la Cour d'appel de Paris :

(cliquez sur la miniature ci-dessous - le document est au format PDF)


Dans le cas Cogent-Free, c'est un contrat de transit souscrit par Free. Free paye tous les mois Cogent pour le transit Internet. L'augmentation du lien de transit entre Cogent et Free se fait à le demande du client (Free) et il est très probable que Free n'ai pas demandé suffisamment d'upgrade pour suivre la montée du trafic. Si Cogent refusait (ce serait étonnant, car Cogent est rémunéré pour cela), Free peut très bien choisir un autre transitaire.Tier1

Dans le cas Cogent-Orange, le trafic entre Cogent et Orange passe forcèment par les liens de peering entre ces deux opérateurs, car ils sont tous les deux des Tier1.

Free n'est pas un opérateur Tier1 et il a donc besoin d'un transitaire pour proposer une offre Internet. Cogent remplit cette fonction, mais il existe de nombreux transitaires sur Paris qui peuvent facilement remplacer intégralement Cogent: ils annoncent tous l'intégralité des routes de l'Internet.

Graphiques Arcep du Rapport au Parlement et au Gouvernement sur la neutralité de l’internet :









Source :
(cliquez sur la miniature ci-dessous - le document est au format PDF)

vivien

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Pour quelle raison Free n'upgrade pas suffisamment les capacités de ses liens vers les transitaires Internet ?

Les échanges avec les différents acteurs d'Internet, montre que Free n'upgrade pas suffisamment ses transitaires (aujourd'hui son transitaire, vu que Cogent est maintenant l'unique transitaire de Free) afin de pousser les réseaux souhaitant une interconnexion sans saturation à prendre un peering privé payant.


Non, le vrai problème c'est surtout que son interconnexion avec Cogent sature en soirée.
Ouais. Ce qui est drôle (ou pas) c'est que ce n'est pas cogent qui bloque les négos mais bien Free. Cogent est plutôt open mais Free va bientôt leur demander de l'argent... et à chaque upgrade ca resature très vite... Ca en deviendrait risible si Free ne prenait pas en otage ses clients.

Free sature son transit, et propose de payer très très cher pour passer outre.

free impose un service médiocre, sauf si tu le paies (cher)
En conséquence, il y a des "cas particuliers" : ceux qui ont les moyens / acceptent de payer, et les autres qui vont subir un service médiocre

Quels transitaires ?
Aux dernières nouvelles Free n'a plus qu'a seul transitaire Cogent. Et divers PNI saturé ou pas. (meme 3215<>12322 ca semble saturé par moment)
Avec comme seul politique de dropper au moins cher, avec des consequences parfois ... étrange.
(j'ai un exemple en tete avec HE , Free > FreeUS > HE US > HE FR, donc 180ms pour joindre le endpoint du tunnel v6 HE a paris. Pas très optimal on dira).

Franchement la position de Free devient difficilement défendable...

En terme de qualité d'interconnexion à Internet, j'ai tendance à classer les 4 gros FAI comme ça :

1) Bouygtel: Bouygtel vise la qualité avant tout, et ça se ressent.
2) SFR, vraiment pas loin derrière. SFR, c'est bien, mais ça se dégrade légèrement de temps en temps. 
[...gros gap...]
3) Orange : c'est globalement utilisable, sauf plusieurs destinations volontairement laissées à l'abandon.
4) Free : c'est très variable, et la qualité n'est pas leur priorité. A fuir selon moi.

Peut être un jour les gens se rendront compte que Free tiens en otage ses utilisateurs et ses fournisseurs...
On peut toujours rever.

Le prix du peering privé payant de Free était public en 2008 :
Free - AS12322 (2007 - 2008)



On en parle dans de nombreux sujet :
- Neutralité de la politique de peering de Free (2017)
- Free attaque Netflix en justice pour contester son classement des FAI (2017)
- Débits Youtube chez FREE, c'est de pire en pire (2013-2016)
- Free : saturation des transit-ip et de la majorité des peering ? (2013)
- Free : Problème Peering / transit vers l'Ukraine (2013)
- comparer le débit offert par les FAI vers Google / Youtube (2012 - 2013)
- Comment connaître la qualité des peering / transit d'un FAI ? (2012)

Un mail de Rani Assaf, directeur technique de Free, à la mailing liste FRnOG explique bien le changement de la politique de peering de Free en 2006 :

On Wed, Nov 29, 2006 at 01:34:21PM +0100, Marc-Frederic GOMEZ - CTN1 wrote:

> Que pensez de l'idée d'un GIE sur les points d'échanges pour qu'il ne
> soit plus à la charge unique des opérateurs mais de l'ensemble de la
> communautée (FAI, Hebergeurs...)?

Le coût du point d'échange en soi est marginal. Ce n'est pas ça qui pose problème aujourd'hui.

Le problème est le développement à grande vitesse des plateformes de diffusion de Video.

On peut distinguer 2 catégories de plateformes:

1) téléchargement et là ça rejoint les mêmes problématiques que le p2p et le web donc à la limite on s'en fout (si un peering est saturé, ça prendra plus de tps à télécharger mais c'est pas si grave).
2) streaming live de contenus.

C'est cette deuxième catégorie qui fait débat actuellement (voir les histoires sur la "net neutrality" aux US) car elle a la particularité de nécessité une garantie de débit de l'encodeur jusqu'à l'abonné (si le flux est encodé à 4Mbps et que la BP dispo end-to-end n'est que de 3Mbps, ça va pas le faire).

Et tout le problème est de savoir comment arriver à garantir ce débit end-to-end et surtout qui doit réaliser et financer les investissements nécessaires.

Perso, je distingue 2 sous-catégories:

1) Les plateformes de VoD payantes sur le web (Canalplay, TF1, M6, RTL, etc), en gros les plateformes réalisées par les professionnels du monde des media que ça soit les chaînes de TV ou les studio en direct. Ces plateformes sont un non-sens total et finiront par disparaitre car elles auront tôt ou tard toutes vocation à terminer en diffusion sur les plateformes de VoD développées et mise en place par chaque opérateur sur son réseau. A charge de l'opérateur alors de garantir, moyennant rémunération, l'accès dans de bonnes conditions à ces contenus.

2) Les plateformes de diffusion gratuites (Youtube, Dailymotion pour ne citer qu'elles) qui espèrent vivre des revenus publicitaires et dont les contenus sont réalisés (et souvent rippés à partir d'un dvd/cd?) par les internautes. Le business modèle de ces boites est principalement basé sur les revenus publicitaires (cette phrase doit rappeler pas mal de souvenirs à ceux qui étaient là en 1999/2000)

Perso, je ne suis pas là pour juger le modèle ni de l'un ni de l'autre.

Ce qui n'a pas marché en 1999 marchera peut-être en 2006, et le web2.0 n'est pas forcèment synonyme de bulle2.0.

Par contre, j'ai l'intégrité d'un réseau à garantir et quand je vois apparaître un acteur qui en l'espace de 8 mois se met à générer plus de trafic vers Free qu'un Club-Internet ou Telecom Italia France, je ne peux pas rester indifférent.

Ici, un petit rappel de l'état du PIF s'impose. En France, jusqu'à présent, nous avions une singularité par rapport aux autres pays: 45% des abonnés haut-débits (qui représentent probablement 55% du trafic total) étaient accessibles via des peerings gratuits puisque l'ensemble des acteurs hormis FT et AOL avaient, à ma connaissance, une politique de peering ouverte.

Or, de petits hébergeurs/opérateurs ont fini par trop abuser de cette situation en vendant aux 2 catégories ci-dessus la bande passante a des prix délirants en se disant "je vais payer plein pot mon trafic vers FT, AOL c'est pas si gros et derrière j'ai plus de la moitié du trafic que j'écoule gratos donc frontalement je peux casser le prix du Mbps". On est tous du métier et on connaît tous ce que ce sont les coûts pour aller louer quelques m² à Redbus (surtout avant l'augmentation des prix ;), de mettre 40 serveurs par baie, un switch et tirer une fibre vers le Freeix ou le Panap....

On (Free mais je crois savoir qu'on est pas les seuls) a décidé de prendre les devants et d'arrêter cette dérive avant que ça ne soit dangereux. A l'heure où j'écris, le trafic d'un dailymotion ou un youtube reste négligeable par rapport à ce qu'on fait en interne (la VoD chez nous par exemple, c'est des dizaines de Gbps qui viennent se rajouter à tout le reste en soirée) mais la croissance de leur trafic est clairement inquiétante.

Quand Free, pour sa propre plateforme de VoD (qui je le rappelle est payante et génère des millions d'euros de CA), doit investir dans des POPs régionaux pour clusteriser la plateforme, est-ce normal de véhiculer gratuitement les flux des autres à partir d'un point central de livraison?

J'entends déjà revenir la remarque "oui, ben vous n'aviez qu'à ne pas annoncer 20Mbps ou 28Mbps" (et 100Mbps même pour certains depuis hier ;)).

Un réseau est forcèment construit de manière statistique avec des effets de mutualisation à tous les niveaux:

- entre le dslam et le switch dans le NRA (si tous les abonnés d'un dslam tiraient 20Mbps, le malheureux Gbps du dslam va avoir du mal)
- entre le NRA et le POP Regional/Backbone
- entre le POP Regional et le Backbone Parisien
- entre le backbone parisien et l'opérateur de contenu (liens de peerings)
- les serveurs de contenus eux-même (si demain soir, 12 millions d'internautes venaient à se connecter sur un même site web, je pense ne pas me tromper en disant que la plateforme d'hébergement part en vrille)

Il est dimensionné en fonction des usages et des services proposés. Quand les usages ou les services proposés changement drastiquement, alors les règles de dimensionnement doivent être forcèment revues et ceci induit donc forcèment des coûts.

Ces coûts, il y a 3 acteurs dans la chaînes qui peuvent les supporter et/ou les partager:

1) Celui qui a créé le nouvel usage (dans le cas qui nous intéresse, le fournisseur de contenu)
2) L'opérateur
3) Le client final

L'opérateur, s'il devait supporter les coûts, ceci voudrait dire faire baisser sa marge (oh le gros mot!). Et s'il ne veut pas la faire baisser, il finira tôt ou tard par faire payer le client final.... _tous_ ses clients même ceux qui n'utilisent pas les services de 1).

L'autre solution, qui me semble plus juste, est que l'opérateur répercute directement à 1) les coûts et à charge de ce dernier de trouver le modèle financier qui lui permet d'être rentable (encore un gros mot!) soit en facturant directement 3) soit en trouvant les revenus publicitaires qui vont bien.

Enfin, le fournisseur de contenu, s'il pense que l'opérateur se fout de sa gueule et lui vend cher la bande passante pour la terminaison du trafic alors là il n'a qu'à investir dans un backbone national et amener le trafic au plus près du client final et il sera en droit de réclamer des tarifs moins élevés.

C'est exactement comme pour les interconnexions voix: vous pouvez vous interconnecter avec France Telecom au niveau des centres de transit (PRO) ou alors descendre jusqu'aux CAA et payer moins cher la terminaison.

A+
Rani

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L'histoire de l'Internet est jalonnée de problèmes de perring.

France Telecom et Free

En janvier 2003, Free fait pression sur France Telecom pour obtenir une augmentaiton du peering : Free coupe le peering existant en demandant aux abonnés Wanadoo d'appeler leur hotline pour demander l'upgrade du lien Free <-> Wanadoo...

Pour rappel, à l'époque Wanadoo avait 80% du marché ADSL. Free ne faisait presque pas d'ADSL mais beaucoup d'abonnés Wanadoo avait les boites mails gratuites Free mais surtout surfait sur des sites de 2 hébergeurs : Online, 2ème hébergeur Français ou d'OVH qui tous les 2 n'étaient relié à l'Internet que par Free.

=> internet était coupé en 2 !

Les messages de Free :

Message du jeudi 19 décembre 2002 01:29:
Le peering avec Wanadoo qui est en 1Gbs arrivera à saturation sous 2-3 semaines environ. Des discussions durent déjà depuis 2 mois entre FreeTelecom et France Telecom pour essayer d'upgrader le lien, mais ça n'avance pas bien. France Telecom est très lent à réagir puisque ça ne sature pas encore !! D'autres part ils manqueraient de capacité réseau pour prendre plus de trafic ! Vu que les décisions sont longes à se faire chez eux, n'hesitez pas les sensibiliser de tous les moyens que vous connaissez. On espère qu'ils vont ramener la capa avant que le peering sature (prévu mi janvier s'ils ne font rien). La saturation concernera directement PariX et donc touchera les autres clients de PariX !

Message du jeudi 6 janvier 2003 18:23:
Comme prévu le peering avec wanadoo (1Gbs) sature dans la journée.
Des négociations sont en cours pour l'upgrader en 2x1Gbs ou plus.
On espère que rapidement FT mettra en place la capa nécessaire
puisque le problème se situe de leur côté.

Message du jeudi 9 janvier 2003 13:30:
Le peering avec wanadoo est prêt pour le passage en 2.5Gbs. De notre côté tout est okey. On attend plus que FT fasse le nécessaire de leur côté. Il se peut donc que ça continue à saturer dans l'après midi encore pendant quelques heures ? jours ? On espère rapidement.

Message du dimanche 19 janvier 2003 17:22:
Comme vous pouvez constater le peering avec wanadoo est régulièrement saturé dans la journée. Dans la semaine, on essaie en arrêtant les miroirs (free/ovh) et newsgroups (free) faire de sorte que le trafic reste inférieur à 1Gbs mais c'est de plus en plus difficile.

De notre côté nous avons mis tout en place depuis plusieurs semaines mais rien n'est fait de côté de wanadoo puisqu'ils n'ont pas de feu vert de leur direction !

En effet, nous avons eu la confirmation que le problème d'upgrade du peering est un problème de _politique_ et wanadoo ne souhaite pas l'upgrader !

Il ne nous reste plus qu'à vous demander de faire les actions au près de wanadoo pour faire la pression sur la direction afin qu'elle donne le feu vert à leur équipe technique pour l'upgrade. Téléphonez à leur support, envoyez l'email à leur support, faites savoir l'information au près des journalistes, affichez l'information sur votre site, faites passer l'information aux autres sur les pratiques que France Telecom vis à vis de leurs concurrents !


Source : Free


Voici l'histoire raconté par le journal du net : Je rappelle que à l'époque OVH n'avais pas de réseau et utilisait celui de Free. La coupure France Telecom / Free coupait donc les clients Wanadoo de l’hébergeur OVH.

Des semaines que Free voit grossir le mur : entre les deux poids lourds de l'Internet Français, il n'y a qu'un seul et unique câble, qui n'a pas été remplacé depuis deux ans. Problème : l'Internet a bien grossi entre temps, et le calibre du tuyau - 1 Gbit/s - n'est plus à la hauteur. Résultat : entre Free et France Telecom, les débits chutent spectaculairement et la qualité de service se dégrade.

"Free a bien tenté de prévenir France Telecom il y a deux mois, mais sans succès : FT n'a pas réagi, et les temps d'accès vers certains sites ont fini par devenir intolérables pour les internautes de Wanadoo et de Free" - affirme Octave Klaba, DT de l'hébergeur OVH.

La conséquence ? Pour peu qu'un site se trouve de l'autre côté du tuyau - et c'est souvent le cas -, les informations circulent aussi vite qu'une voiture dans un embouteillage. Sur les forums de discussion, on peut trouver des phrases de ce genre émanant d'internautes mécontents: "J'ai l'impression d'être en 14,4 Kbit/s" - faisant référence à la vitesse anémique à laquelle plafonnaient les tous premiers modems.

Coupure pure et simple
Mais c'est surtout du côté des propriétaires de sites commerciaux hébergés par Free ou FT que l'inquiétude est la plus vive : impossible d'accéder à leurs pages dans de bonnes conditions depuis l'autre côté du tuyau qui relie FT à Free.

Pourtant, le pire reste à venir : hier matin, Free coupe tout simplement l'accès à ses serveurs pour tous les internautes de Wanadoo : ils sont privés d'une partie du Web et de certains services mail. Officiellement, Free n'a pas voulu mettre le couteau sous la gorge de France Telecom : il s'agissait simplement de soulager ses serveurs, qui croulaient sous le temps d'accès, et qui dégradaient la qualité de service de ses abonnés. Mais de là à dire que Free a voulu réveiller (brutalement) Wanadoo, qu'il tentait - rappelons-le - de prévenir depuis des mois, il n'y a qu'un pas.

Un pas que ne franchira pas Free : "C'est un petit problème qui se règlera bien vite, nous faisons confiance à France Telecom". A n'en pas douter, Free ne souhaite pas froisser le géant des télécoms.

Service rétabli mercredi soir ?
Dans tous les cas, l'électrochoc a fait son effet : dans la soirée de mardi, FT et Free parviennent à un accord : "d'ici mercredi à 17h, le calibre du tuyau sera multiplié par 2,5, et Free rendra aux "Wanadiens" leur liberté" - communique France Telecom.

Mais la bataille n'est pas terminée : FT précise que "les négocations commerciales n'ont pas encore abouti, et que le service sera - à titre exceptionnel - rétabli avant même que les conditions soient clarifiées". En clair : Free va sans doute devoir bourse délier.

La pilule sera difficile à avaler pour Free : "Il y a deux ans, lorsque le FAI développe son propre 'point de peering' - la porte d'accès à son réseau privé -, FT l'autorise à se connecter à son propre point de peering gratuitement. Aujourd'hui, FT souhaite faire payer Free. Pour quelle raison ? Il y a autant de traffic dans un sens que dans l'autre, et FT a autant besoin de Free que Free a besoin de FT" explique Octave Klaba, DT d'OVH. FT reconnait ces faits, mais l'opérateur laisse entendre que Free va devoir payer.


Source : Le JDN, le Mercredi 22 janvier 2003


Message de Wanadoo a ses clients :

Bonjour,

Depuis ce matin vous rencontrez des difficultés d'accès au domaine "free.fr" (navigation, acheminement des messages...).
Depuis 16h20, pour des raisons techniques, l'envoi de mails vers le domaine "free.fr" est refusé. Vous recevez immédiatement un message vous
notifiant la non diffusion de votre mail.
Le rétablissement de l'accès au domaine "free.fr" est prévu le 22 janvier 2003 vers 20h00.


Source : Wanadoo - groupe France Telecom


Un petit traceroute de Wanadoo vers OVH pour comprendre le problème, avant la coupure :

C:\>tracert 90plan.ovh.net

Tracing route to 90plan.ovh.net [213.186.33.2] over a maximum of 30 hops:

  1     1 ms     1 ms     1 ms  192.168.2.1
  2    57 ms    59 ms    59 ms  AClermont-Ferrand-101-1-3-1.abo.wanadoo.fr [217.128.169.1]
  3    57 ms    61 ms    59 ms  GE1-1-111.nccle201.Clermont-Ferrand.francetelecom.net [193.252.240.1]
  4    60 ms    60 ms    63 ms  P2-3.nrlyo101.Lyon.francetelecom.net [193.252.160.162]
  5    65 ms    65 ms    67 ms  193.252.161.242
  6    69 ms    69 ms    65 ms  P7-0.noprx101.Paris.francetelecom.net [193.251.126.18]
  7   718 ms   725 ms   719 ms  193.252.103.245
  8   720 ms   717 ms   717 ms  blackd-th2-1-a6.routers.proxad.net [213.228.3.24]
  9   708 ms   711 ms   712 ms  brutus.paris11-in-1000mbs.routers.ovh.net [213.186.32.241]
 10   718 ms   710 ms   713 ms  90plan.ovh.net [213.186.33.2]


700 ms, un site web est donc très lent à s'afficher d'autant qu'il y a de nombreuses pertes de paquets.
Il est impossible de jouer en ligne avec une telle latence.



Impact chez OVH, hébergeur utilisant uniquement le réseau de Free à l'époque :


Annonce complète de Grenouille.com, hébergeur d'un test du test de débit leader à l'époque et hébergé par OVH, donc le réseau Free :


Le black-listage des wanadiens chez Free (méthode extrême mais semble-t-il nécessaire) et le battage médiatique autour de cette affaire auront semble-t'il porté leurs fruits...

Wanadiens black-listés chez Free Le conflit est latent depuis le mois de novembre : Free a averti France Telecom que leur peering (lien permettant le transit entre les deux opérateurs) allait bientôt arriver à saturation et qu'il était nécessaire d'en augmenter la capacité. Les deux sociétés n'ayant pas trouvé de terrain d'entente, le peering est arrivé à saturation début janvier et les performances sont devenues exécrables. Afin de réduire la saturation du peering, Free a réagit cette nuit : un filtrage empêchant les abonnés Wanadoo d'accéder aux services Free a été mis en place afin de soulager le lien saturé et les serveurs Free inondés de requêtes.

Selon un dirigeant de Free, les conditions fixées par France Telecom pour résoudre le problème sont inacceptables : alors que Free propose de prendre intégralement à sa charge la construction d'un nouveau peering, FT réclame 3 000 € par mois à ce dernier. Or, à qui profite le peering ? Avant tout à Wanadoo puisque le trafic dans le sens Wanadoo vers Free est largement inférieur au trafic de Free vers Wanadoo. Si une société devait rémunérer l'autre, la logique comptable voudrait donc que ce soit FT.

Dans cette affaire, nous ne disposons toutefois que du point de vue de Free, et nous aimerions beaucoup connaître celui de FT...


Source : http://www.grenouille.com


Voila ce qu'on pouvais lire dans les forums, à l'époque :

Si ce n'était qu'aujourd'hui, je ne me plaindrais pas.
Cela fait 15 jours que cela dure, au moins. C'est à ch... dès 16H en semaine ou 12H le weekend.
De plus, selon le mail d'Octave (OVH) il s'agirait d'un refus _politique_ de FT d'upgrader les fibres.

Je me lève à 6H le weekend pour arriver à bosser un peu avant midi... un comble ! Evil or Very Mad


L'explication d'OVH :

Certains d'autres vous nous ont demandé ce que c'est peering et les details techniques. [...] explication technique avec explication politique (un peu compliqué) : on/nous = free/ovh

Le peering c'est un lien qui permet d'echanger les informations entre 2 reseaux. Pour peerer on peut utiliser les peering public (freeix, parix, sfinx) et les peering privés une fibre entre 2 routeurs). L'avantage d'un peering est que c'est nettement plus direct, rapide et gratuit.

Pour des questions techniques, France Telecom ne sait pas faire des peering privés. Ils obligent donc d'utiliser leur point de peering public (parix) ce qui apparament leur facilite le travail.

Jusqu'au là, on a toujours bien voulu peerer avec France Telecom et on veut toujours bien leur rendre service en se connectant sur PariX (si ça peut les aider). Le peering est gratuit comme c'est le cas aujourd'hui et tout le monde est heureux. Or France Telecom ne veut pas l'upgrader dans ces conditions et il ne sait toujours pas peerer en privé. En un seul mot, ils cherchent à avoir un nouveau client sur PariX.
Sauf qu'on a nullement besoins de PariX puisque nous utilisons FreeIX (sur lequel il y a nettement plus des membres). A vous de faire pression sur Wanadoo pourqu'on continue à travailer dans les mêmes conditions.

Dernière News toute fraîche : En raison du nombre de plaintes, FT organise une conférence de presse téléphonique à 18 h 30, aujourd'hui.
Les nouvelles devraient donc arriver. C'est fou le point auquel il faut arriver pour voir enfin une réaction de la part de France Telecom.

Dagnan

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« Réponse #3 le: 30 mars 2007 à 16:35:07 »
Merci pour l'explication très complète du début, au moins j'aurais appris quelque chose.

vivien

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« Réponse #4 le: 05 mai 2007 à 19:24:10 »
Pour ceux qui ont aimé mon histoire sur le Peering Wanadoo <=> Free , il en existe d'autre comme Wanadoo <=> Cogent

Pour la petite histoire de avril 2006 à janvier 2007 le peering Wanadoo-Cogent était complétement saturé avec de grosses pertes de paquets (20%) et FT avait rédigé de tel sorte le contrat qu'il ne pouvait pas couper comme la fait Free en 2003 ou Cogent en 2005.

On commence par la version France Telecom de l'incident :

Depuis jeudi 14 avril 2005 12H30 le peering entre Cogent Communications et France Télécom est down.

Voici le retour du noc@opentransit.net à ce sujet :

-----------------------------------------------------------------------------
Cher monsieur,

Hier, FT a coupé le Peering avec Cogent car ils ne respectaient pas 2 critères de notre politique de peering. Cette politique est officielle et publiée. Malgré cela, l'échange des routes entre les clients Cogent et ceux de FT continuait à être possible à travers les transiteurs (Sprint pour FT).

Par mesure de rétorsion, Cogent a établi un puits de trafic pour les adresses FT, coupant les routes entre leurs clients monohomés et ceux de FT. Cette mesure est en rupture avec les règles communèment admises dans le communauté internet.

FT ne peut être responsable en face de ses clients des conséquences de l'action prise par Cogent qui en porte seul la responsabilité.

FT est prêt, dans les prochains mois, à reconsidérer favorablement une demande de peering de Cogent et de réaliser un trial.

Cordialement.
-----------------------------------------------------------------------------



Un article sur le sujet :

Des problèmes de connexion

Il semble que depuis quelques jours, les utilisateurs de Wanadoo (et pour les professionnels, Oleane) connaissent des problèmes de navigation. Le problème est de taille pour l'Alliance Francophone (dont nous faisons partie), qui participe au projet depuis plus de trois ans (cf. cette actualité) ! En effet, l'opérateur ne permet plus la réception des calculs scientifiques à effectuer et l'envoi de leur résultat vers les serveurs du professeur Vijay Pande, à Stanford. Selon notre confrère JWhy, grand animateur du projet en France : "cette perte de données calculées commence à coûter à l'équipe et au projet".

Un email du professeur Pande, qui fait tout son possible de son coté, indique clairement que : ''le problème semble être dû au fournisseur d'accès principal de Stanford : Cogent. Si tout se passe bien ils examineront le problème rapidement''. Il faut rappeler que Cogent est un opérateur à bas coût dont le réseau est de qualité très moyenne. Cet incident le démontre d'ailleurs bien.

Cogent ne respectait pas les règles

Hélas, il semble que les relations entre France Télécom et Cogent ne soient pas au beau fixe et ce problème n'est peut-être pas qu'un simple désagrèment technique : France Telecom a coupé le peering avec Cogent car celui-ci ne respectait pas 2 critères de la politique de peering de France Telecom, qui est officielle et publiée. Sur un réseau classique, une autre route vers les serveurs de folding@home aurait pu être trouvée, mais dans le cas de Cogent, cela n'a pas pu se faire.

Certaines sources indiquent que, suite à cette décision de France Telecom de ne plus s'interconnecter directement avec Cogent, ce dernier aurait complètement bloqué les visites provenant d'adresses IP appartenant à des utilisateurs de France Telecom ! Et en effet, selon France Telecom : "
Par mesure de rétorsion, Cogent a établi un puits de trafic pour les adresses France Telecom, coupant les routes entre leurs clients monohomés et ceux de France Telecom. Cette mesure est en rupture avec les règles communèment admises dans le communauté internet. France Telecom ne peut être responsable en face de ses clients des conséquences de l'action prise par Cogent qui en porte seul la responsabilité"
.

Du coté de Cogent, on accuse France Telecom. Espérons que la situation ne va pas s'envenimer.


Source : Présence PC, le 16/04/2005

vivien

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« Réponse #5 le: 22 mai 2007 à 19:27:21 »
Coupure du peering France Telecom <=> Cogent : iTunes Music Store injoignable

Depuis jeudi dernier, Wanadoo, ou plutôt Open Transit, la filiale de France Telecom qui s'occupe de gérer les accords de peering de l'opérateur historique, est en conflit commercial avec Cogent, un des plus gros opérateurs américains de transit IP.

La conséquence directe est que les communications directes sur Internet entre le réseau de France Telecom et ceux dont s'occupe Congent ne sont plus possibles. Les conséquences sont par exemple l'impossibilité d'utiliser l'iTunes Music Store ou de contribuer au projet folding@home (calcul partagé sur les protéines impliquées dans des maladies) depuis un abonnement Wanadoo.

Les lecteurs assidus se souviendront de précédents identiques entre France Telecom et le réseau de Free ou encore celui d'OVH.




Problèmes de peering Cogent<->FT et interconnexion France<->USA

Globalement, Cogent était trop gros CONSOMMATEUR de bande passante sur la liaison de peering qu'il entretient avec France Telecom (dont le réseau international Global One).
Cela a conduit à un différent commercial qui a conduit France Télécom à fermer la liaison de peering, pour réseaux tiers clients américains non-multihomés qui transitaient par Cogent pour acheminer leur traffic via cette liaison de peering.

Cette coupure aurait du obliger les autres réseaux américains à utiliser d'autres points d'échange américains, et répartir leur traffic sur les nombreux autres points d'interconnexion américains mis en place par FT, mais obéissant à untre autre règle que le "peering" (une formule économique dans laquelle les réseaux interconnectés s'engagent à équilibrer leur traffic mutuel, en échange de quoi ils ne se factureront pas mutuellement le traffic échangé).

Mais Cogent US à trop tardé à rééquilibrer ce traffic et donc conformèment au contrat de peering, a coupé ce lien. Cela serait sans conséquence pour FT qui possède bien d'autres connexions pour les Etats-Unis, mais cela peut affecter des liaisons FT<->USA avec les clients exclusifs de Cogent qui ne possèdent pas d'autre interconnexion Internet que celle souscrite auprès de Cogent.

De fait, certains sites américains (notamment en Californie à Berkeley) sont inaccessibles si ils ne sont pas par ailleurs connectés à un second fournisseur: ce peut être le cas notamment depuis la France (où FT achemine via son réseau Global One une grosse partie du traffic vers les Etats-Unis pour le compte de gros fournisseurs Internet Français et Européens).

(Note: FT par la diversité de ses réseaux internationaux est beaucoup plus gros que Cogent implanté pratiquement uniquement aux Etats-Unis, et n'ayant avec le reste du réseau américain pratiquement que des liaisons de peering...)

D'où peut venir cette différence de traffic? Principalement du volume de spam envoyé depuis les clients Cogent (clients spammeurs ou infectés par virus et spamwares) vers le reste du monde. Le P2P n'est pour rien dans cette histoire (au contraire, il aurait eu tendance à ne pas aggraver la balance de traffic car les clients Français utilisateurs de P2P téléchargent de nombreux fichiers depuis les clients de Cogent aux US).

Cependant, Cogent a réagi bizarrement avec ce "puit" de traffic, en limitant très fortement son traffic sortant sur la seule liaison (payante elle) à destination de la France (quelle qu'en soit la nature). De fait, de nombreux sites US connectés uniquement par Cogent sont inaccessibles, et notamment pour le téléchargement P2P depuis des PC utilisateurs abonnés Internet à Cogent.

Au moins, cela a un effet bénéfique pour les utilisateurs français: le puit de traffic limite très sérieusement le spam américain envoyés les sites Cogent. Malheureusement aussi, le courrier légitime et les newsletters souscrites ne sont plus acheminées non plus correctement et les utilsiateurs français (mais aussi des utilisateurs Américains abonnés à un des réseaux clients de FT/Global One) perdent la visibilité de ces sites Cogent américains.

Cela va bien finir par se résoudre car les clients américains de Cogent sont aussi mécontents du comportement de Cogent quand ils ne peuvent plus fournir leur contenu à d'autres réseaux américains initialement acheminé via Global One. Des procès commerciaux sont à attendre aux USA, si Cogent ne se conforme pas aux règles habituelles de fonctionnement Internet (ou si Cogent est dans l'incapacité d'acheter la bande passante tierce dont il a besoin pour acheminer son traffic sortant via les points d'échange payants "GIX", et ne fait rien non plus pour chasser les gros spammeurs qui opèrent depuis leur réseau...)

Au moins si cet incident servait à obliger Cogent à enfin réagir pour faire le ménage chez ses clients spammeurs... Mais il est aussi symptomatique de possible grosses difficultés financières de Cogent. Je serais client américain de ce fournisseur, je m'inquièterait et penserait à voir du côté de chez Sprint, MCI ou AT&T pour avoir au moins une connexion tierce fiable...

Malheureusement de nombreux américains n'ont pas accès à la concurrence concernant leur connexion par réseaux câblé (par exemple les réseaux RoadRunner, qui ne sont de simples franchises locales et indépendantes ne disposant souvent chacune que d'un peering unique vers un des plus gros fournisseur américains tels Cogent, MCI, Sprint ou AT&T).

Par conséquent et jusqu'à nouvel ordre, pas mal d'hôtes connectés via une liaison cablée "RoadRunner" en Californie sont désormais inaccessible pour le P2P...


Source : http://www.gnutellaforums.com/archive/index.php/t-36675.html, le 18 avril 2005

vivien

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« Réponse #6 le: 23 mai 2007 à 12:07:25 »
Pour finir encore un problème entre.... Wanadoo et OVH :

Wanadoo-Ovh : interrogations sur le rôle de l'hébergeur

Le fournisseur d'accès Internet répond aux accusations d'Ovh en condamnant la mise en place d'une liste noire sur les serveurs de l'hébergeur, à des fins commerciales. Une version corroborée par les acteurs du milieu télécoms.

Dans notre édition d'hier, le directeur technique d'Ovh, Octave Klaba pointait du doigt la disparition de plus d'un million d'e-mails en provenance de l'infrastructure de France Telecom et à destination des installations d'Ovh (lire l'article du 15/02/2005).

La réponse officielle de Wanadoo est tombée aujourd'hui : il y a bien un problème de communication entre Wanadoo et Ovh mais Wanadoo n'en est pas à l'origine.

Et derrière cette disparition d'e-mails, la théorie d'une simple brouille commerciale est évoquée par l'ensemble du secteur télécoms. "Cela fait six mois que ça dure. Ovh mène une politique de tarification très basse et son objectif est d'obtenir de la part de Wanadoo des accords commerciaux préférentiels, ce que l'on appelle le peering", souligne ainsi Issam Hakimi, directeur général de l'opérateur Transnode.

Le peering est un accord de principe qui engage deux acteurs télécoms à échanger leurs bandes passantes gratuitement. Sans cet accord de peering, les sociétés doivent faire appel à des fournisseurs de transit qui louent les lignes à des tarifs plus élevés. Obtenir le plus d'accords de peering possible représente donc l'un des moyens de réduire les coûts et faire baisser les prix en bout de chaîne.

Une version confirmée par Wanadoo. "France Telecom a une politique officielle d'éligibilité au peering. La procédure est claire et expliquée. Ovh avait déjà fait une demande de peering qu'ils ont renouvelée en début d'année, suite à une demande d'informations commerciales au sujet d'Open Transit [NDLR : la filiale de gestion de la bande passante chez France Telecom] mais ils [Ovh] ne remplissent pas toutes les conditions d'accès. Nous avons proposé une alternative à laquelle ils n'ont pas répondu. Depuis, ils refusent les adresses e-mails en provenance de Wanadoo afin de faire pression et d'obtenir cet accord", déclare-t-on chez l'opérateur historique.

"Ovh refuse les adresses e-mails en provenance de Wanadoo" - France Télécom

Les termes d'accès au peering chez Wanadoo sont en effet très stricts. "Il y a un an environ, notre trafic avoisinait les 100 Mbits, nous ne pouvions alors prétendre au peering avec Wanadoo car dans leurs conditions, il fallait un débit minimum de 500 Mbits. Nous avons atteint ce type de débit il y a six mois environ, mais ils ont alors changé les conditions d'accès. Il faut désormais avoir une présence nationale", confirme Octave Klaba. Or, l'hébergeur aujourd'hui centré sur la région Ile-de-France, ne dispose pas d'une telle couverture.

Pour Issam Hakimi, directeur de l'opérateur Transnode, "depuis plusieurs mois on assiste à une course à la baisse des prix des principaux discounters du marché, certains allant jusqu'à proposer le Mb/s à 10 euro HT". Selon lui, ces prix sont possibles à cause de 2 facteurs principaux, "la consommation réelle - lorsque 10 Mb/s sont vendus il ne seront consommés qu'en partie - et les accords de peering - permettant d'échanger gratuitement du trafic". Dans ce dernier cas, "Wanadoo est une cible très recherchée mais je ne pense pas que la prise en otage d'un opérateur représente une quelconque solution viable dans le temps", poursuit-il.

Pour France Telecom, cet accord d'échanges n'a tout simplement pas d'intérêt. En effet, le peering s'établit généralement entre acteurs de même taille afin d'échanger autant de données dans un sens que dans l'autre. Or, selon Octave Klaba : "nous consommons plus de bande passante que l'inverse avec Wanadoo". Plutôt qu'un accord unidirectionnel, la direction de France Telecom a proposé une offre de location de bande passante, une proposition écartée par Ovh.

"Conformèment à notre stratégie, nous sommes prêts à acheter du transit mais nous voulions du peering avec", commente Octave Klaba à propos des raisons de ce refus. En août 2004, le directeur technique d'Ovh menaçait de recourir à la manière forte pour régler ce différend avec Wanadoo.

"Si on bloquait le trafic e-mail de France Telecom vers notre réseau, en 3-4 jours tout serait résolu" - Ovh

Sur le site d'Ovh, il écrivait : "pour éviter de jouer au bras de fer et vous mettre au cœur d'un conflit (le trafic e-mail de France Telecom vers notre réseau représente 50Mbps en continu, si on le bloquait en 3-4 jours tout serait résolu, mais bon ...), on vous demande de nous donner un coup de main pour faire 'passer l'information à la personne qu'il faut' pour faire avancer les choses. Si malgré tout, début septembre, notre requête de peering reste toujours dans le vide, nous allons devoir passer par la méthode forte pour se faire entendre. On espère de ne pas devoir aller jusque là".

Pourtant, le directeur technique nie toute intention de passer à l'acte et s'emporte dans un premier temps. "C'est complètement faux de prétendre que nous faisons du chantage en coupant les communications avec Wanadoo. C'est de la diffamation", affirmait-il dans la matinée. Recontacté dans l'après-midi, le directeur technique d'Ovh calme alors le jeu : "si Wanadoo a pu penser qu'il s'agissait d'une tentative de chantage de notre part, nous nous en excusons".

"Nous sommes en train de mettre en place des serveurs MX secondaires en dehors de notre réseau pour rétablir les communications. Il a fallu un certain temps pour monter tout ça et nous pensions que Wanadoo aurait trouvé avant l'origine du problème", déclare Octave Klaba. Cette solution temporaire devrait rétablir les communications entre Wanadoo et Ovh et tend à valider l'hypothèse de la mise en place d'une liste noire par l'un des deux acteurs. Par ailleurs, les services de communication de Free et de France Telecom ont dèmenti avoir rencontré des problèmes similaires au niveau du service Proxad, comme nous l'affirmions hier sur la base de renseignements erronés.


Source : Source : Journal du net par Yves DROTHIER, le 16/02/2005

Leon

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« Réponse #7 le: 23 mai 2007 à 21:41:14 »
Les opérateurs nationaux (type FAI français) peuvent aussi déployer de larges réseaux nationaux ou internationaux avec beaucoup de peering dans différents pays voisins et tout et tout. Tous les grands FAI Français le font. Ces opérateurs nationaux sont clients des IBP pour la partie du trafic qu'ils ne peuvent pas écouler eux-même en peering (trafic vers l'asie, une grande partie des US pour les FAI Français).

Ces opérateurs nationaux peuvent très bien vouloir revendre du transit à de petits clients possédant de petits réseaux (entreprise, hébergeurs, petits FAI). On appelle ces opérateurs des "tier-2". Les IBP sont les "Tier-One", des opérateurs internationaux. La grosse différence entre les deux, c'est que le Tier-one n'a besoin d'aucun opérateur pour désservir l'intégralité de l'internet. Ses accords de peering avec d'autes "Tier-One", et tous les raccordements à ses propres clients lui permettent de désservir l'intégralité d'internet.
Le "Tier-2", au contraire, n'est pas assez gros, pas assez étendu, et pas assez puissant, et il est obligé d'acheter du transit à un "tier-one" pour désservir l'intégralité d'internet.

Les tier-two écoulent le trafic de leurs clients (petits réseaux) par du transit auprès de l'IBP, et par du peering auprès d'autes opérateurs nationaux. Le transit acheté par un petit opérateur à un tier-two est généralement moins cher que le transit acheté à un tier-one. C'est tout l'intérêt du tier-two, qui a développé de fortes capacités de peering en local (France ou Europe), et donc qui propose de meilleurs tarifs. C'est avantageux pour un petit hébergeur destiné à une clientelle européenne par exemple. Par contre, ce petit opérateur sera moins bien visible par les US, mais ça n'est pas trop grave.

Dans ces conditions, le tier-two concurrencent l'IBP (= tier-one) dont ils sont eux-même client. L'IBP peut très bien mal le prendre, et refuser cet état de fait, en bidouillant les routes (en n'acceptant pas les routes des clients du tier-two le plus souvent), ou en menaçant de rompre le contrat. Certaines clauses imposées par les tier-one sont très contraignantes à ce point de vue. D'autres Tier-One sont plus ouverts, et acceptent à peu près tout (Cogent).




Il y a plein de truc tordus dans le même genre:
Certains opérateurs sont à la fois Tier-One et opérateur national, avec deux réseaux distincts. C'est le cas d'Orange, et de ses réseaux Opentransit (international) et FT (national). Cela complexifie énormèment les relations avec cet opérateur. Orange, par exemple, en tant qu'opérateur national (réseau FT), refuse par défaut les accords de peering (sauf avec les très gros réseaux nationaux Français et Européens), pour que le trafic vers son réseau soit acheté auprès du Tier-One Opentransit, et pour se faire du pognon là dessus...

Leon.

vivien

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« Réponse #8 le: 23 mai 2007 à 22:54:45 »
Exemple de traceroute, depuis CitéFibre Paris, connecté au transitaire Tier1 Tiscali vers France Telecom AS3215 Amiens => On passe par AS5511 (OpenTransit) Londres.

(c'est terminé le transit Cogent pour citéFibre et l'obligation de passer par les USA pour joindre la moitié des AS françaises)



Leon

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« Réponse #9 le: 23 mai 2007 à 23:55:04 »
Tiscali a créé un réseau international pour concurrencer les Tier-One. En fait c'est l'intermédiaire en terme de hiérarchie entre un tier-one et un tier-two. C'est un réseau qui se veut tier-one, mais qui n'est pas assez puissant pour l'être totalement. Il est encore obligé de passer par des Tier-One pour certaines routes.

L'AS France-Telecom AS3215 accepte le peering uniquement quand il y voit un intérêt, c'est à dire avec les gros réseaux Français. Très peu réussisent à peerer avec FT. Free, Neuf, Cegetel, CI, Tiscali (réseau national uniquement), Colt, Easynet ont réussi à priori. Pour les autres, ils doivent passer par Opentransit! C'est idiot, mais c'est très rentable pour Orange, qui a une position dominante sur les 2 marchés, et peut imposer ses conditions.
Le réseau international de Tiscali ne peut évidemment pas peerer avec FT, car cela ne favoriserai pas Opentransit.


Citer
(c'est terminé le transit Cogent pour citéFibre et l'obligation de passer par les USA pour joindre la moitié des AS françaises)
Là, tu m'étonne beaucoup. Tu avais testé cela? Cogent est très bien implanté en Europe. Je ne comprendrai pas qu'il fasse passer par les US pour rejoindre une destination européenne. Si tu as des exemples, je suis preneur.

Leon.

vivien

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« Réponse #10 le: 24 mai 2007 à 00:57:49 »
Tu avais testé cela? Cogent est très bien implanté en Europe. Je ne comprendrai pas qu'il fasse passer par les US pour rejoindre une destination européenne. Si tu as des exemples, je suis preneur.

J'ai regroupé dans le sujet Test des peering du fournisseur de transit Cogent 27 exemples avec un comparatif avec systématiquement traceroute depuis Cogent et depuis Free pour comparer.

J'ai pris les Gix Français ou Cogent est présent. J'ai listé les AS des ces GIX et j'ai testé via Cogent. Dans la moitié des cas je passe par les USA alors que cogent pourrait peerer pour ces AS. J'ai pris des copie d'écran pour chaque cas. J'ai demandé à l'opérateur en face le traceroute inverse pour voir si c'était symétrique.

J'ai un exemple sous la main avec Free (c'est rétabli depuis) mais je pourrais aussi citer le peering Cogent-Noos qui se faisait aux USA.



On part de citéFibre Paris vers Free Paris en passant par les USA...

vivien

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« Réponse #11 le: 12 septembre 2007 à 23:09:51 »
Un petit traceroute entre Neuf FTTH Pau et PauOnline Pau fait le 12 septembre 2007 :

                                            Packets               Pings
 Host                                        Loss%   Snt   Last   Avg  Best  Wrst StDev
 1. neufbox                                   0.0%    36    1.7   0.9   0.4   2.7   0.5
 2. 1.255.199-77.rev.gaoland.net              0.0%    36   46.0   5.0   1.5  46.0   9.0
 3. ge-0-1-0-v228-rou-th275-01.bcb.axione.fr  0.0%    36   22.9  19.5  15.5  60.7   8.0
 4. 86.64.177.33                              8.3%    36   16.4  28.4  15.7 134.0  31.1
 5. 84.96.244.73                             41.7%    36   17.7  26.2  15.5  74.8  18.6
 6. axione.freeix.net                         0.0%    36   16.7  17.5  16.2  19.6   0.9
 7. ge-0-0-bas-pia64-01.pau.axione.fr         0.0%    35   38.6  40.9  34.5 124.3  14.8
 8. ge-11-0-v204-bas-pia64-01.pau.axione.fr   2.9%    35   35.2  38.6  34.5  49.0   3.1
 9. 217.171.16.xx                             0.0%    35   36.6  38.7  34.1  47.4   3.3


Je décris ce qu'il se passe :

On part du Pau Broadband Country avec une IP Neuf, Axione se charge de la collecte et du transport et apporte le paquet sur Paris (th2). A Paris, Neuf (th2) prend le relais et l'envoi sur le réseau de Free (peering FreeIX) qui le renvoi vers Axione (th2) qui le renvoi vers Pau...

On se prend 2 fois les 16ms du lien Pau-Paris....