La Fibre
Télécom => Peering Transit (appairage) => Peering entre opérateurs => Discussion démarrée par: vivien le 30 juin 2022 à 09:01:59
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Arcep: État des lieux de l'interconnexion de données en France 2012 -> 2021
L'Arcep propose dans son rapport 2022 sur l'état de d'internet en France un état des lieux de l'interconnexion en France réalisé grâce à la collecte d’information sur l’interconnexion et l’acheminement de données que l'Arcep réalise tous les semestres auprés des opérateurs. Par souci de confidentialité, la publication des résultats ne porte que sur des données agrégées des quatre principaux FAI en France (Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR).
(cliquez sur la miniature ci-dessous - le document est au format PDF)
(https://lafibre.info/images/doc/202206_arcep_rapport_etat_internet_2022.webp) (https://lafibre.info/images/doc/202206_arcep_rapport_etat_internet_2022.pdf)
Laure de La Raudière (ARCEP) : Internet, le trafic de données a augmenté d'un quart en 2021
Ce jeudi 30 juin, Laure de La Raudière, présidente de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), s'est penchée sur la forte croissance du trafic internet en France, notamment avec les vidéos, dans l'émission Good Morning Business présentée par Sandra Gandoin et Christophe Jakubyszyn.
https://lafibre.info/videos/arcep/202206_bfm_business_arcep_laure_de_la_raudiere_interconnexion.mp4
Voici une petite synthèse :
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En ce qui concerne les modes d’interconnexion et afin de joindre les utilisateurs finaux, les fournisseurs de contenu vidéo, comme tout fournisseur de contenu et d’applications (FCA), peuvent faire appel à des transitaires. Cette approche était la principale option disponible aux débuts d’internet. Cependant, en l’espace de quelques années, avec l’augmentation de la quantité de trafic et le besoin d’améliorer la qualité de service et d’expérience de l’utilisateur final, l’architecture d’internet a connu des évolutions et plusieurs alternatives au transit ont vu le jour, notamment le peering. Le peering, qui peut être privé ou public, permet aux FCA de s’affranchir des transitaires pour venir s’interconnecter directement aux FAI.
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Trafic entrant
Le trafic entrant vers les quatre principaux FAI en France à l’interconnexion est passé de plus 28,4 Tbit/s à fin 2020 à 35,6 Tbit/s à fin 2021, marquant ainsi une augmentation de plus de 25 % en un an. Le trafic provient environ pour la moitié des liens de transit. Ce taux de transit assez élevé est dû en grande partie au trafic de transit entre Open Transit International (OTI), Tier 1 appartenant à Orange, et le Réseau de Backbone et de Collecte Internet d’Orange (RBCI), qui permet d’acheminer le trafic vers les clients finaux de ce FAI. Ce taux de transit est beaucoup moins élevé chez les autres FAI qui, n’ayant pas en parallèle une activité de transitaire, font davantage appel au peering.
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Trafic sortant
À fin 2021, le trafic sortant du réseau des quatre principaux FAI en France à l’interconnexion atteint environ 2,9 Tbit/s, soit une augmentation de 12,5% par rapport à fin 2020. Entre 2012 et 2021, ce trafic a été multiplié environ par 6.
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Le trafic sortant est bien inférieur au trafic entrant. Par ailleurs, le taux d’asymétrie entre ces deux trafics est passé de 1/4 en 2012 à plus de 1/12 en 2021. Cette augmentation est due notamment à l’augmentation du contenu multimédia consulté par les clients (streaming vidéo et audio, téléchargement de contenu de grande taille, etc.).
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Évolution des capacités installées
Les capacités installées à l’interconnexion ont connu une augmentation du même ordre de grandeur que le trafic entrant. Les capacités installées à fin 2021 sont estimées à environ 95 Tbit/s, soit un facteur de 2,7 par rapport au trafic entrant. Ce ratio n’exclut pas l’existence d’épisodes de congestion, qui peuvent survenir entre deux acteurs sur un ou des lien(s) particulier(s) en fonction de leur état à un instant donné.
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Évolution des modalités d’interconnexion
Peering vs. transit
Comme indiqué auparavant, il existe deux types d’interconnexion : le peering et le transit. Généralement, la part de peering augmente d’une façon régulière. Cette croissance est principalement due à l’augmentation des capacités installées en peering privé entre les FAI et les principaux fournisseurs de contenu.
Cependant, entre fin 2020 et fin 2021, la part de peering a très légèrement baissé (53 % à fin 2020 pour 52% à fin 2021). Cette situation est due, d’une part, à l’augmentation du trafic de transit (dont le trafic provenant d’Open Transit International) et d’autre part, à la substitution d’une partie du trafic de peering avec du trafic provenant des CDN internes.
Peering gratuit vs. peering payant
Le peering, privé comme public, peut être payant.
À l’instar de l’année dernière, la part du peering payant est en légère baisse (49 % à fin 2020 et 48 % à fin 2021). Cela pourrait s’expliquer d’une part par l’augmentation du peering gratuit (peering privé entre acteurs de taille comparable et peering public) et d’autre part, par le transfert de trafic du peering payant entre FCA et FAI vers des CDN internes.
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Répartition du trafic par mode d’interconnexion
Comme expliqué avant, les FCA cherchent de plus en plus à se rapprocher des clients finaux. Pour ce faire, ils effectuent des partenariats avec les FAI afin que leur contenu soit hébergé dans des serveurs cache placés à l’intérieur du réseau des opérateurs. Ces CDN internes peuvent être ceux de l’opérateur qui les héberge ou appartenir à des tiers. En France, Google et Netflix sont les deux principaux acteurs qui intègrent des serveurs dans le réseau de certains opérateurs.
Entre fin 2020 et fin 2021, le trafic provenant des CDN internes vers les clients des principaux FAI en France a très légèrement augmenté pour atteindre environ 7,4 Tbit/s. Le taux de trafic provenant des CDN internes (17 %) est en baisse par rapport à l’année dernière (21 %), ce qui confirme que le peering et le transit restent des modes d’interconnexion largement utilisés par les opérateurs.
Ce taux varie fortement d’un FAI à l’autre : chez certains opérateurs, ce trafic constitue un peu plus de 1 % du trafic vers les utilisateurs finaux alors que pour d’autres, il constitue plus d’un tiers du trafic entrant injecté dans leurs réseaux. Par ailleurs, le ratio de trafic entrant/sortant varie entre 1/8 et 1/15 en fonction de l’opérateur. Autrement dit, les données disponibles au niveau des CDN internes sont consultées entre 8 et 15 fois en moyenne.
(https://lafibre.info/images/peering/202206_interconnexion_09.webp)
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Décomposition du trafic selon l’origine
51 % du trafic vers les clients des principaux FAI en France provient de 5 fournisseurs : Netflix, Google, Akamai, Facebook et Amazon. Ceci indique une concentration de plus en plus nette du trafic entre un petit nombre d’acteurs dont la position sur le marché des contenus est renforcée.
Par ailleurs, l’écart se creuse entre le volume de trafic provenant de Netflix et celui des autres fournisseurs de contenu.
La présence de plusieurs CDN dans la décomposition du trafic présentée ci-dessous confirme le rôle important de ces acteurs dans l’acheminement du trafic internet. Par exemple, Disney+ apparaît dans ce classement au travers de ses différents CDN.
(https://lafibre.info/images/peering/202206_interconnexion_10.webp)
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Évolution des tarifs
Les fourchettes de tarifs de transit et de peering n’ont pas connu d’évolution depuis l’année dernière. D’après les données recueillies, les prestations de transit se négocient toujours entre moins de 5 centimes d’euros HT et plusieurs euros HT par mois et par Mbit/s. Quant au peering payant, il se situe dans une fourchette comprise entre 25 centimes d’euros HT et plusieurs euros HT par mois et par Mbit/s.
Dans la majorité des cas, les CDN internes sont gratuits. Néanmoins, il arrive que ceux-ci soient payants dans le cadre plus large de la prestation de peering payant que le FCA a contracté par ailleurs avec le FAI.
Partie "État des lieux de l'interconnexion en France" lors de la présentation du rapport sur l'état de l'internet :
https://lafibre.info/videos/arcep/202206_arcep_rapport_etat_internet_3_interconnexion.mp4
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Contributions extérieures :
Eric Renard - Chief Technology Officer - Molotov TV
(https://lafibre.info/images/tv/logo_molotov.png)
(https://lafibre.info/images/peering/202206_interconnexion_11.webp)
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Christian Kaufmann - Vice-président Technologie d'Akamai :
(https://lafibre.info/images/peering/202206_interconnexion_12.webp)
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Il est "amusant" de constater un parallèle frappant entre l'asymétrie du traffic entrant/sortant (volume de données) et l'état de la balance commerciale de la France (volume monétaire): nous importons bien plus de données que nous n'en exportons. :P
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Si on regarde au niveau du pays, je pense que la France exporte plus de données qu'elle n'en importe.
Pourquoi ?
Car notre pays a de nombreux hébergeurs qui rayonnent hors de France : OVH, Scaleway, mais aussi Interxion.
J'ai compris par exemple que si tu regardes Disney+ en Allemagne, les flux viennent de Marseille (au contraire de Netflix qui a de multiples caches un peu partout), Disney+ a concentré tout à Marseille et achemine ensuite le flux via des fibres ou il y a du n x 100 Gb/s afin d'apporter le flux localement dans les différents grandes villes d'Europe.
Les datacenters de Marseille sont également fortement utilisés par l'Afrique du Nord (et des fois plus au sud et à l'est).
=> Marseille : Un data center construit dans un bunker pour sous-marins allemands (https://lafibre.info/interxion/interxion-river-cooling/)
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Apres c'est toujours pareil ça dépend si on regarde le point de départ géographique de la connexion ou la nationalité de l'AS d'extrémité...
Et il ne faut pas oublier qu'OVH ou Scaleway ça reste tout de même très petit par rapport aux gros cloud/content providers américains.
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Les gros cloud/content providers américains sont présents en France, en région parisienne pour cibler les utilisateurs français, mais aussi présent Marseille pour cibler l'Afrique du Nord.
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Les gros cloud/content providers américains sont présents en France, en région parisienne pour cibler les utilisateurs français, mais aussi présent Marseille pour cibler l'Afrique du Nord.
La grosse majorité des nouveaux câbles sous-marins qui arrivent en France sont aussi majoritairement financés par ces même cloud/content providers. Je serais bien curieux de voir les niveaux de trafic et d'asymétrie du trafic sur leurs paires de fibres "privées" sur ces cables.
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Décomposition du trafic selon l’origine
51 % du trafic vers les clients des principaux FAI en France provient de 5 fournisseurs : Netflix, Google, Akamai, Facebook et Amazon. Ceci indique une concentration de plus en plus nette du trafic entre un petit nombre d’acteurs dont la position sur le marché des contenus est renforcée.
Par ailleurs, l’écart se creuse entre le volume de trafic provenant de Netflix et celui des autres fournisseurs de contenu.
La présence de plusieurs CDN dans la décomposition du trafic présentée ci-dessous confirme le rôle important de ces acteurs dans l’acheminement du trafic internet. Par exemple, Disney+ apparaît dans ce classement au travers de ses différents CDN.
(https://lafibre.info/images/peering/202206_interconnexion_10.webp)
Quand on prend celui de l'année dernière effectivement on voit bien l'écart entre Google et Netflix mais Netflix perd aussi des part car il était à 21% l'année dernière et là il doit être à 19 et des poussières :
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Si on regarde la WeatherMap de MilkyWan, je pense qu'on peut dire que les interconnexions (peering+transit) sont sur-dimensionnées d'un facteur 5 à 10 par rapport au trafic réel aux heures de pointes. Donc effectivement, il y a beaucoup de marge.
Leon.
120Gbit/s pour 2,5Gbit/s de trafic réel, soit 48x plus ^^ on est large :p
Le ratio est < 3 pour les 4 grands opérateurs Français :
(https://lafibre.info/images/peering/202206_interconnexion_04.webp)
Évolution des capacités installées
(https://lafibre.info/images/peering/202206_interconnexion_07.webp)
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Tu as un tel graphe par opérateur ? J'en doute, mais si oui, ca m'intéresse :) Je suppose qu'on verrait une variabilité assez importante entre les différents acteurs.
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Comme tu peux t'en douter, les informations sont soumises au secret des affaires.
Il est nécessaire d'agréger les données pour pouvoir publier quelque chose.
La publication est analysée par des juristes qui vérifient que les agrégations sont telles qu'on ne peut pas remonter à opérateur.
Autre exemple : Pourquoi l'Arcep utilise une part de marché de 70 % pour Android et 30 % pour iOS ?
Comme on donne le détail Android et iOS, si on donne le total, on est en mesure de retrouver la part de marché Android / iOS des opérateurs, information soumises au secret des affaires. Afin de cacher cette information, la part de marché des données agrégées n'est pas celle des opérateurs, mais celle observée en France (et elle est bien proche de celle communiquée par les opérateurs).
Cette année, les pourcentages affichés concernent tout le parc des opérateurs mobiles, sans distinction entre terminaux Android ou iOS*
* Les données de part de marché utilisées dans ce baromètre sont 70 % pour Android et 30 % pour iOS. Données Statcounter pour la France.
(https://lafibre.info/images/ipv6/202303_arcep_barometre_ipv6_4-01_mobile_synthese.svg)
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Ce graph qui indique si le trafic vient de peering privé/public/ixp ou transit il est quand même vachement faussé par OTI
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De mémoire, cette spécificité est indiquée sur un des slides. Mais effectivement ça n'a pas vraiment de sens du coup ce ratio.
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Que proposez-vous ?
Si on sépare Orange, on est en mesure de retrouver le trafic d'Orange (SDA).
Le baromètre interco va changer en 2024, on va entamer des réunions avec les opérateurs pour changer les données collectées.
Toutes vos idées sont les bienvenues. (s'il y a des retours, je séparerai les messages dans un sujet à part)
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Ne pas afficher transit/peering privé/peering public ?
Comme tu le dis, toute autre solution revient à donner l'info d'Orange en gros.
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Je me demande si les stats changeront significativement en 2023/2024 vu que Free est présent sur France-IX avec une capa non négligeable (2x100G)
D'ailleurs ils ont finalement une politique de peering super ouverte et c'est très surprenant !
(btw vivien, on pourrait peut-être séparer le HS, je ne sais pas où donc je ne l'ai pas fait :) )
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Je me demande si les stats changeront significativement en 2023/2024 vu que Free est présent sur France-IX avec une capa non négligeable (2x100G)
Je vais me permettre de penser que 200G sur 100T c'est négligeable quand même.
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Ça peut quand même permettre au peering public de passer au dessus des 1Tbit/s (0,7Tbit/s au dernier baromètre), c'est pas rien :)
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Je vais me permettre de penser que 200G sur 100T c'est négligeable quand même.
Osons un 0,2% ?
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Que proposez-vous ?
Que 5511->3215 soit considéré comme du peering et non comme du transit ?
Free mobile est sur un AS dédié, et a Free 12322 comme unique transitaire. Du point de vue d'un abo free mobile, c'est pas super honnête de dire qu'il joint tout internet via du transit.
Orange 3215 on peut quasiment tomber dans les mêmes considérations non ?
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Free mobile est sur un AS dédié, et a Free 12322 comme unique transitaire.
Mais en l'occurrence, on ne regarde que les interconnexions externes, pas celles vers des AS internes (sauf pour les CDN interne, les caches Google / Netflix).
Que 5511->3215 soit considéré comme du peering et non comme du transit ?
Cela va entrainer un biais dans l'autre sens.
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Effectivement. Mais d'un autre côté, ne peut-on pas dire que "Orange n'a jamais recourt à du transit pour joindre Internet" ?