« Sans fibre, pas d'internet » : depuis un an et demi, le très haut débit passe tout près de leur maison neuve
Près d'Alençon, cette famille a construit en pensant profiter du haut débit, comme cela avait été promis. Dix-huit mois plus tard, elle ne peut accéder ni à la fibre ni à l'ADSL.
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Au pays d'Alençon, des armoires pour la fibre optique ont poussé un peu partout dans l'espace public, mais certaines rues attendent d'y être raccordées depuis près de deux ans.
©L'Orne Hebdo
Lorsque Julien (prénom d’emprunt) a lancé les travaux de construction de sa maison, à Héloup, il était « loin d’imaginer » que, trois ans plus tard, il lui serait impossible de se connecter à un quelconque réseau internet.
« À ce moment-là, la fibre optique était en train de se déployer sur la commune », se rappelle ce père de famille. « Les habitations devaient pouvoir se raccorder d’ici un an. On pensait donc pouvoir profiter d’un réseau très haut débit à notre entrée dans la maison. »
Fibre optique : « des délais jamais respectés »
Ce n’était pas le cas à l’époque. Et cela ne l’est toujours pas aujourd’hui.
Voilà un an et demi que le quadragénaire et sa famille ont aménagé dans leur nouvelle maison, et autant de temps qu’ils attendent de pouvoir, enfin, y brancher une box.
À notre entrée dans la maison, on nous a dit que la fibre arriverait d’ici six mois. On nous a donné différents délais qui n’ont jamais été respectés.
Julien (prénom d’emprunt), habitant d’Héloup
La fibre passe à quelques mètres de leur maison
« J’ai contacté trois opérateurs différents pour savoir si nous étions éligibles à la fibre, puisque les travaux de câblage étaient soi-disant terminés », poursuit-il. « Tous m’ont répondu qu’il était impossible de nous raccorder, car les câbles s’arrêtent au début de notre rue. Surtout, aucun d’entre eux n’était en mesure de nous donner une date. »
Encore aujourd’hui, nous ne savons pas si nous pourrons avoir la fibre un jour.
Le plus frustrant ? « Savoir que la fibre passe à quelques mètres de chez nous depuis des mois, alors qu’une dizaine de foyers comme le nôtre est toujours privée d’internet. Cela donne aussi le sentiment que la distribution est inéquitable. Je ne vois pas ce qui peut bloquer spécifiquement dans notre rue. »
En bout de ligne, ils n’ont pas non plus l’ADSL
Le bricoleur avait pourtant tout prévu, en tirant des câbles spéciaux dans les cloisons, « pour amener le meilleur réseau possible dans toutes les pièces ».
Plutôt que le très haut débit, il s’est finalement résigné à choisir l’ADSL, le réseau « classique », censé disparaître d’ici 2030 partout en France, et, si l’on en croit le plan de fermeture fournit par l’opérateur-aménageur Orange, d’ici 2026 dans la commune d’Héloup.
Mais là encore, l’expérience a tourné court.
Nous avons arrêté l’abonnement après seulement deux semaines, car notre maison est située en bout de ligne. Le débit internet est bien trop faible.
La technologie de la fibre optique pourrait, justement, résoudre ce problème. « Autrement dit, sans fibre, pas d’internet », résume Julien.
Depuis un an et demi, sa maison n’est donc reliée à aucun réseau filaire. Conséquence : ils ne peuvent avoir ni téléphone fixe ni télévision, « à moins de revenir à la bonne vieille antenne râteau », ironise le propriétaire.
« Fatigant d’entendre cette communication »
Pour pouvoir consulter ses mails, personnels ou professionnels, Julien passe donc par le réseau 4G (satellite) de son téléphone en partageant sa connexion sur ses autres appareils.
Avec les contraintes que cela implique : « un petit débit et des coupures régulières ».
Et pour adopter cette méthode de secours, il a dû augmenter le tarif de son forfait téléphonique, car le partage des données satellitaires est limité.
« Nous ne sommes pas non plus des martyrs », relativise le père de famille.
Mais c’est fatigant d’entendre la communication, par le Département, autour de la fibre optique qui devait arriver dans 100 % des foyers avant 2024 et, finalement, de n’avoir tout bonnement aucune connexion internet.
Des techniciens, mais pas de raccordement
Il a, comme la plupart de ses voisins, tenté d’accélérer le rythme. En vain.
« Le service du Département n’est même jamais revenu vers nous ! », s’agace-t-il. Quant à Orange, « ils sont tout simplement intouchables ».
Julien et ses voisins ont dû se contenter d’échanger avec les quelques techniciens sous-traitants croisés sur les bords de routes.
Les techniciens nous ont dit que la démarche n’était pas compliquée, mais qu’ils n’avaient tout simplement pas reçu la consigne de procéder au raccordement de notre rue.
C’est donc sa maire, Sylvie Gaillard, que Julien « relance régulièrement », même s’il sait « qu’elle n’y peut pas grand-chose… »
En attendant, le quadragénaire tente de voir le « seul » bon côté : « j’économise un abonnement de 40 € par mois », sourit-il.
Source : L'Orne Hebdo (https://actu.fr/normandie/alencon_61001/sans-fibre-pas-dinternet-depuis-un-an-et-demi-le-tres-haut-debit-passe-tout-pres-de-leur-maison-neuve_60870871.html), écrit le 28 mars 2024 par Antoine Sauvetre.