Deux Orléanais témoignent de leurs difficultés à accéder à la fibre Internet
Orléans est une grande ville de province, prioritaire sur la fibre. Mais cela n'assure pas pour autant un raccordement dans les meilleurs délais pour tous les habitants. Deux Orléanais témoignent des problèmes qu'ils ont rencontrés lorsqu'ils ont voulu accéder au très haut débit.
L'Internet à très haut débit se développe progressivement dans le Loiret, et surtout sur Orléans par l'intermédiaire de la fibre optique.
La ville comptait un peu plus de 37.600 logements raccordables à cette technologie au 30 septembre 2017. Au 30 juin 2018, l'Autorité de régulation des communications téléphoniques et des postes (Arcep) en dénombrait 43.437. Soit une hausse de 15 % des logements sur lesquels il est possible d'installer la fibre chez le particulier, en 9 mois.
Pourtant, les installations peuvent parfois prendre l'allure de parcours du combattant. Valentin et Julien sont deux Orléanais qui ont connu ou connaissent des installations longues et compliquées. Ils témoignent.
Cinq rendez-vous pour un raccordement !
Valentin a attendu six mois pour pouvoir enfin être raccordé par Orange, son opérateur. "Ce sont des sous-traitants (Scopelec) qui se sont occupés de l'installation", explique le jeune Orléanais, abonné à Orange. "Le premier passage s'est effectué en septembre 2017 et j'ai eu la fibre finalement en février 2018."Ironique et enclin à prendre les événements au second degré, le jeune habitant de la rue de la Tour-Neuve explique que "c'était un sketch ! À chaque fois il y avait une raison. À la rigueur au premier coup ça pouvait passer. Ça tombait en plein Festival de Loire et ma rue était bloquée. Au deuxième coup, l'installateur a expliqué que ma trappe d'accès était située en plein milieu de ma rue et qu'il fallait un arrêté de circulation."
Jusque-là, Valentin jouait de malchance. Mais les ennuis ne faisaient que commencer. Las, il témoigne que "pour le troisième rendez-vous, ils ne sont tout simplement pas venus... Ils m'ont dit qu'ils étaient passés chez moi, mais que je n'étais pas sur place. Première nouvelle ! Parce que j'ai une nouvelle fois poireauté tout le lundi à les attendre. Et oui, j'étais bien chez moi !"
La quatrième visite est un remake de la seconde :
"L'installateur n'était même pas au courant que la compagnie était déjà passée trois fois auparavant !"
Valentin (Habitant orléanais)
"Il pianotait pourtant sur sa machine en m'assurant que rien n'était noté. Il n'avait d'ailleurs aucune idée de la trappe par laquelle il fallait passer (pour tirer la fibre) vu qu'il y en a plusieurs dans le quartier. Il a passé trois quarts d'heure à fouiller les plaques."
Il faudra finalement un cinquième passage durant le mois de février pour que Valentin soit enfin délivré de ces problèmes de communication et de cette attente interminable.
Jointe au téléphone, l'entreprise Scopelec explique que "cette personne n'a pas eu de chance. [...] Ce qui s'est passé reste du domaine de l'exceptionnel."
Le sous-traitant ajoute : "Vous comprenez bien que si on se déplace cinq fois pour une installation, ça nous coûte cinq fois plus. Ce n'est donc pas du tout dans les objectifs qualitatifs que l'on se doit d'avoir vis-à-vis de nos clients et vis-à-vis d'Orange."
Le seul immeuble de la rue à ne pas être raccordable
Julien, lui, n'a même pas terminé l'étape précédente. Car avant de se poser la question de son raccordement personnel, son immeuble doit d'abord être raccordable. Et ce n'est pas gagné. L'Orléanais habite dans la rue Auguste-de-Saint-Hilaire. Son bâtiment est, d'après lui, le seul à ne pas bénéficier de la fibre dans sa rue. "La construction de l'immeuble était finie avant un autre qui, lui, est déjà raccordable au réseau", explique-t-il. "Tous les immeubles de la rue ont été fibrés, sauf le nôtre."
L’Orléanais est abonné chez Free et reçoit sa connexion par ADSL. Mais il attend depuis environ un an que son immeuble devienne raccordable, une opération qui doit être effectuée par Orange.
"Free dit qu'il n'y a rien à faire, comme Orange ne m’a pas encore connecté au réseau, et que le jour où ce sera le cas, on viendra m’installer la fibre", poursuit-il.
L'Orléanais regrette l'absence de communication et d'informations relayées par le fournisseur d'accès :
"On est sans nouvelles d’Orange depuis quasiment un an. C’est quand même grave pour l’opérateur historique !"[/color]
Julien (Habitant orléanais)
Orange promet une fin des travaux pour mi-novembre
De son côté, Orange explique que l’immeuble en question nécessite une mise en conformité du câblage de fibre interne. L’opérateur, transfuge de France Télécom, promet une fin des travaux pour le bâtiment de la rue Auguste-de-Saint-Hilaire à la mi-novembre 2018.
À cela s’ajouteront trois mois supplèmentaires pour permettre à d’autres opérateurs de s’installer sur le point de mutualisation, rendu obligatoire par la loi. L'immeuble devrait donc être prêt pour les raccordements... à la mi-février.
Pour sortir de ces témoignages concrets, entre 64.000 (selon le Département) et 70.000 (selon Orange) locaux orléanais sont actuellement dits "adressables". Environ un tiers d'entre eux sont encore en attente de travaux pour devenir raccordables. Le chemin à parcourir pour arriver à une ville totalement fibrée reste donc conséquent.
Pour y voir clair
Plusieurs étapes sont nécessaires pour que le très haut débit soit accessible dans une habitation. D'abord, la rue ou le quartier doit être "adressable". Ce terme signifie que la technologie est déployée dans votre quartier ou votre rue. Mais ce n'est pas suffisant ! Votre habitation ou votre local doit ensuite devenir "raccordable", c'est-à-dire que l'opérateur doit tirer la fibre directement dans votre immeuble, ou sur un point de branchement dans le cas d’une rue pavillonnaire. Enfin, la dernière étape du logement "raccordé" est à la charge de l'opérateur chez lequel vous vous êtes abonné. Si vous êtes "éligible" (c'est-à-dire que votre opérateur est connecté au point de mutualisation prévu pour votre quartier ou votre immeuble), il pourra alors tirer la fibre jusqu'à votre logement.
Orléans est considérée par l'Arcep comme une "zone très dense" (ZTD). Elle diffère par conséquent de la réglementation pour le reste du Loiret. Dans le cas des immeubles, les fournisseurs d’accès peuvent se greffer sur les points de mutualisation des immeubles dans un délai de trois mois qui suivent l'installation du point de branchement optique intérieur, étape rendant un bâtiment "raccordable". Mais pour les quartiers pavillonnaires de ces ZTD, chaque opérateur doit déployer intégralement la fibre de A à Z, du noeud de raccordement optique jusqu’à l’habitation, ce qui complique parfois la tâche. Des accords entre opérateurs ne sont pas rares et permettent se partager les investissements.
Pour les "zones moyennement denses" (ZMD), la question est plus simple puisqu'un seul opérateur d'infrastructure va se charger de déployer la fibre sur un quartier. Le point de mutualisation pour que les opérateurs puissent se greffer dans un délai de trois mois est aussi obligatoire (que ce soit pour les immeubles ou pour les pavillons).
Source : La République du Centre (http://La République du Centre), écrit le 30 novembre 2018 par Thomas Derais.
À Orléans, des habitants affligés d'un très mauvais réseau réclament l'arrivée de la fibre
(https://img.lamontagne.fr/NIz1bdZd9K7QyD9aP5tV2MGvzHRThJhHLYfY3hegVYg/fit/657/438/sm/0/bG9jYWw6Ly8vMDAvMDAvMDUvMjcvMTgvMjAwMDAwNTI3MTgwMw.jpg)
Quand vivre en métropole ne suffit pas à assurer une bonne connexion à Internet. © gaujard christelle
Coup de colère de plusieurs Orléanais mal connectés, qui croyaient profiter bientôt de la fibre optique et sont confrontés à de nouveaux délais.
Devoir patienter jusqu’à ce que la fibre soit enfin déployée dans sa rue, c’est une chose. Avoir vu les ouvriers préparer le terrain avant que Ville et opérateur fassent brutalement marche arrière, c’en est une autre.
Une déprogrammation de dernière minute
Et cet habitant du boulevard Lamartine, dans le quartier Gare à Orléans, ne décolère pas :
"Certaines habitations de la rue sont déjà connectées, les autres devaient suivre en juin dernier, mais il y a eu un délai à cause du Covid. Les ouvriers envoyés par Orange sont passés sur le boulevard l’été dernier : on voit encore au sol la peinture, là où les implantations étaient prévues. Et depuis, rien."
Encore l’attente pourrait-elle être tolérable, pour les habitants, agacés, si la connexion ADSL était décente au quotidien. Ce n’est pas toujours le cas, ce qui entraîne quelques migraines chez l’habitant (lire ci-dessous).
"Tous m'ont dit : "Attendez la fibre" !'"
Et pas que dans le quartier Gare. Cette autre Orléanaise vit rue du Bignon, à la frontière avec Semoy.
"Je suis arrivée il y a un an et demi à Orléans avec ma famille. Avant ça, j’habitais à Gidy, où nous avions un débit faible. En arrivant ici, j’étais sûre que la situation allait s’améliorer. Je n’imaginais pas devoir me passer de réseau dans une métropole, une ville d’avenir."
UN HABITANTE DE LA RUE BIGNON
Sa belle assurance n’a duré que le temps de contacter différents opérateurs : sa maison est située dans l’une des rares zones blanches de la ville, et n’est même pas éligible à l’ADSL. Elle capte le téléphone, certes, mais pas toujours très bien non plus. "Free, Orange, SFR… Tous m’ont dit : "Attendez la fibre !"."
Une nouvelle politique de l'urbanisme
Sauf qu’elle ne voit rien venir à l’horizon. "J’ai rencontré des agents d’Orange dans la rue, j’avais compris qu’ils étaient là pour ça, mais apparemment non. J’ai contacté la mairie de quartier, nous avons eu plusieurs échanges téléphoniques, mais ils renvoient la balle dans le camp d’Orange. Apparemment, il y a eu un changement de politique, quand Serge Grouard a remplacé Olivier Carré, et ça entraîne des délais. On nous dit qu’il faut être patient."
Une patience qui s’amenuise au fur et à mesure que la menace d’un reconfinement se précise :
"Mais le pire, c’est que de l’autre côté de la rue, à Semoy, ils ont déjà la fibre !"
Du côté d’Orange, en charge de l’installation de la fibre sur le territoire orléanais, on préfère ne pas s’exprimer à ce stade du déploiement.
Éviter la prolifération des poteaux en ville
En mairie d’Orléans, l’adjoint Quentin Defossez confirme que la nouvelle municipalité a revu la stratégie de déploiement de la fibre optique.
"Nous ne voulons pas de nouveaux poteaux aériens, et favorisons la fibre souterraine, afin d’éviter la pollution visuelle, les atteintes à l’urbanisme, ce qui est aussi apprécié par les habitants. Il y a une minorité active qui proteste sur Twitter, mais il ne faut pas négliger la majorité silencieuse."
QUENTIN DEFOSSEZ (Adjoint en charge de la ville numérique)
Problème. Le raccordement souterrain, c’est bien beau, "mais ça entraîne un coût plus important", qu’Orange n’a pas forcément envie d’assumer. Ce qui entraîne forcément une adaptation de stratégie.
L'objectif du 100 % fibré fin 2022 est maintenu
Profiter ici d’un chantier en cours sur la chaussée, rattacher là la fibre à un poteau électrique déjà existant… "Nous sommes en discussion avec Orange et Enedis pour renforcer certains poteaux afin qu’ils supportent le poids de la fibre."
Bref, tout cela entraîne des délais. "Je comprends l’agacement des usagers mais nous préférons prendre notre temps et faire les choses bien. Mais nous avançons toujours. Je ne peux pas vous donner de chiffres, mais à Orléans, plus de la moitié des foyers ont la fibre, largement. Et nous tiendrons le délai de fin 2022."
"Qu'on nous donne un planning"
L’habitant du boulevard Lamartine n’est pas convaincu. "M. Defossez dit que les riverains ne veulent pas d’une ville moche. Peut-être, mais il n’y a eu aucune consultation publique avant de changer de plans. Il y a déjà les poteaux électriques, quelques poteaux de plus ne rendront pas les rues plus moches. Depuis 2015, on nous dit qu’on aura la fibre dans six mois : si les choses avancent, qu’on nous explique quelle est la stratégie, qu’on nous donne un planning et des raisons plus solides de retarder le chantier !"
"La fibre, c'est devenu vital"
- "Ce n’est pas un caprice. On ne demande pas la fibre pour pouvoir télécharger plus de films. Mais parce qu’on en a besoin", insiste l’habitante de la rue du Bignon. Cette mère de famille garde en mémoire une année 2020 "catastrophique, quand on a dû passer au télétravail tout en assurant l’école à la maison, sans avoir de réseau du tout. C’est devenu vital, ne serait-ce que pour assurer l’éducation des enfants. Je n’ai qu’une peur : qu’on soit reconfinés, alors que je n’ai toujours ni ADSL, ni la fibre !".
- Sophie, elle, habite dans le quartier Gare, à côté du Palais des sports. "Le débit y est tellement limité que j’ai pris l’offre ADSL la plus basse, car ça ne servait à rien d’en demander plus. Ça fonctionne, mais quand mon compagnon et moi sommes tous les deux en télétravail, ça coupe. Nous nous retrouvons obligés de travailler sur nos téléphones avec la 4G, ce qui est très contraignant. Tout ça a un impact professionnel. Et nos voisins nous disent que c’est la même chose chez eux."
- "On nous dit sans arrêt qu’avec le Covid, la société se numérise, pointe l’habitant du boulevard Lamartine. Moi, sans le Covid, j’aurais obtenu la fibre avant le changement de municipalité. Internet, aujourd’hui, est un outil de travail, dont les villes de l’agglo et les autres métropoles disposent largement. Et nous ?".
Source : La République du Centre (https://www.larep.fr/orleans-45000/actualites/a-orleans-des-habitants-affliges-d-un-tres-mauvais-reseau-reclament-l-arrivee-de-la-fibre_13929604/), écrit le 20 mars 2021 par Caroline Bozec.