Auteur Sujet: L'ARCEP se prononce sur un règlement de différend IPv4/IPv6 entre Orange et Free  (Lu 7584 fois)

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vivien

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L'Arcep publie sa décision de règlement d'un différend opposant Orange à Free et Free mobile sur les modalités d'interconnexion IP et TDM : uniquement IPv6 pour Free vs uniquement IPv4 pour Orange.

"il apparaît, au regard des écritures des parties, que les sociétés Free sont à ce jour les seules à proposer en France métropolitaine des offres d’interconnexion IP pour la terminaison d’appel vocal uniquement compatibles avec le protocole IPv6 ou, autrement dit, incompatibles avec le protocole IPv4."

C'est une demande de règlement de différend, enregistrée à l’Autorité le 19 octobre 2017, présentée par la société Orange. La société Orange demande à l’Autorité d’enjoindre aux sociétés Free et Free Mobile de modifier son offre d’interconnexion IP fixe et mobile afin qu’elle propose de manière optionnelle la compatibilité IPv4 sans majoration tarifaire pour Orange.



Le document fait 50 pages, car la version du protocole IP utilisé n'est que la demande 1.1 :
(cliquez sur la miniature ci-dessous - le document est au format PDF)

Source : ARCEP

C'est une décision RDPI (Règlement des Différends, de Poursuite et d'Instruction de l'Autorité)



Voici les pages qui traitent d'IPv4 vs IPv6 :





vivien

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vivien

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Nico

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son offre d’interconnexion IP fixe et mobile
De ce que j'ai lu, on parlerait d'interco voix.

vivien

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Tout à fait :

L’objet du présent différend concerne la terminaison d’appel vocal, qui correspond, pour un opérateur exploitant des numéros ouverts à l'interconnexion sur son réseau, aux prestations qu'il fournit à d'autres opérateurs pour l'acheminement de leurs appels vocaux vers ces numéros depuis les points d'interconnexion pertinents. Les points d’interconnexion pertinents correspondent à ceux au-delà desquels seul cet opérateur, qui contrôle l'accès aux utilisateurs finals auxquels sont affectés lesdits numéros, peut acheminer de manière efficace les appels vocaux qui leur sont destinés. Par commodité, on dit que l'opérateur vendeur « termine » les appels vocaux vers ces numéros ou utilisateurs finals.

turold

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Salut,

Et l'ARCEP considère que pour l'acheminement des appels inter-opérateurs, l'IPv4 est obligatoire sans surcoût: https://www.nextinpact.com/brief/appels---l-arcep-accorde-une-interconnexion-ipv4-a-orange-face-a-free-3863.htm

kgersen

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Salut,

Et l'ARCEP considère que pour l'acheminement des appels inter-opérateurs, l'IPv4 est obligatoire sans surcoût: https://www.nextinpact.com/brief/appels---l-arcep-accorde-une-interconnexion-ipv4-a-orange-face-a-free-3863.htm

Un point important dans la réponse de l'ARCEP est ce passage (page 18):

Citer
S’agissant de la transition vers IPv6 sur l’intégralité des réseaux, l’Autorité considère que des
conditions de migration raisonnables devraient être définies par le secteur.

en gros pour l'instant, l'ARCEP n'impose rien et laisse le 'secteur' définir les conditions... sigh ::)

Bref quand le régulateur dis 'dèmerdez-vous' ce n'est pas rassurant quand meme

obinou

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Un point que je ne comprends pas : On parle ici d'interco "voix" entre 2 équipements pour acheminer des données "voix".

=> Dans ce cadre, en quoi ils sont obligé d'utiliser des IP publiques ? Yen a pas assez en RFC1918 ?
Et si c'est le cas, Free fait de l'enc*lage de mouche, non...?

raf

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=> Dans ce cadre, en quoi ils sont obligé d'utiliser des IP publiques ? Yen a pas assez en RFC1918 ?
On ne dit pas "publiques" mais "globalement uniques". La je crois que ca vien plus evident.
Sinon imagine pres d'une dizaine d'operateurs (les 4 avec de la radio + les "Full MVNO") qui doivent tous discuter entre eux via des RFC1918 (ou 6598, peu importe), avec des conneries du type "mon 10.10.10.1 doit echanger avec ton 10.10.10.1".

Les adresses dites publiques (distribues via le circuit IANA->RIR->LIR->User ou les anciennes IANA->User) deviennent une obligation pour tout interconenxion entre des domaines administratifs differents. Que l'internet classique soit au milieu ou pas.

... et non, epargnez-moi les histoires de NAT, surout dans le monde de la telephonie ca NE FONCTIONNE PAS. Deja meme pour une interco pour echanger via des webservices, faut passer des semaines a echanger sur comment faire le NAT pour que le 10.10.10.1 d'une cote parle avec le 10.10.10.1 de l'autre. Been there, done that -> big bull$h1t.

vivien

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Et si c'est le cas, Free fait de l'enc*lage de mouche, non...?

Free a 12,24 millions d'IPv4 annoncées sur son réseau (source https://bgp.he.net/ : 11,12 millions pour AS12322 + 1,06 millions pour FreeMobile AS51207 + 0,07 millions pour Free Réunion AS327697)

D’une part, Free a indiqué à l'ARCEP que  « concernant  le nombre d’adresses IPv4, il dépend du nombre d’équipements d’interconnexion utilisés. Une estimation de quelques dizaines d’adresses IP pourrait convenir » (page 17)

La demande de faire l'interconnexion en IPv6 ne semble donc pas directement lié à la pénurie d'IPv4. (Si la demande venait de tetaneutral.net (AS197422) et ses 2 048 IPv4 ou K-Net (AS24904) et ses 24 320 IPv4 annoncées, cela pourrait être lié à un manque d'IPv4).


Le point positif est à la page 18 : Lors de l’audience qui s’est tenue le 29 mars 2018, Orange a indiqué qu’elle serait a priori capable de s’interconnecter en utilisant le protocole IPv6 d’ici 18 mois. Elle a également souligné que la demande qu’elle formule dans le cadre du présent règlement de différend est justifiée par son incapacité technique à mettre en œuvre à ce jour le protocole IPv6 dans le cadre de l’interconnexion mais qu’elle a pour objectif de migrer à moyen terme son réseau vers l’IPv6.

raf

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La demande de faire l'interconnexion en IPv6 ne semble donc pas directement lié à la pénurie d'IPv4. (Si la demande venait de tetaneutral.net (AS197422) et ses 2 048 IPv4 ou K-Net (AS24904) et ses 24 320 IPv4 annoncées, cela pourrait être lié à un manque d'IPv4).
Si quand-meme.
K-Net (pour reprendre ton exemple) ne fait pas du CGN ou assimile, Free oui (le partage d'IP) -> Free serait plus en situation de "manque" -> Free pousserait plus a deployer du v6, et pusqu'ils sont a ce stade la, comme ils aiment les choses simples, ils auraient pu decider que l'IPv6 serait le seul protocole a utiliser.

Rappel, pour ceux qui ne sont pas prets, la TDM etait toujours une option pour s'interconnecter avec Free :)

C'est pour ca que je consider la decision d'ARCEP stupide. Encore plus quand le plaignant estime qu'il serait pret dans 18 mois.

ARCEP veut que l'IPv6 avance ou pas ? faut se decider.... pour l'instant les faits font penser que non.

vivien

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Free à 6,451 millions de clients fixe (chiffres du T1 2018), si on exclut le mobile qui consomme peu d'IP, on a donc 1,9 IPv4 par client.

Je pense que K-Net a un ratio plus proche de 1.

Si on regarde dans les 4 gros opérateurs en fonction de leur nombre de client et du nombre d'IPv4 annoncées, on trouve :
- Orange : 1,8 IPv4/client ( 20,072 millions d'IPv4 / 11,285 millions de clients grand public)
- Free : 1,9 IPv4/client ( 12,242 millions d'IPv4 / 6,451 millions de clients grand public)
- Bouygues Telecom : 2,1 IPv4/client ( 7,173 millions d'IPv4 / 3,452 millions de clients grand public)
- SFR : 2,7 IPv4/client ( 16,008 millions d'IPv4 / 6,014 millions de clients grand public)

Je n'ai compté que les clients grand public, je pense que si on rajoute les entreprises, nombreuses chez Orange, le ratio baisse encore chez Orange.
Le principal biais de la méthode, c'est qu'il ne donne que les IPv4 annoncées et pas les IPv4 allouées par le RIPE.


Une plage IP est attribuée a un LIR, pas a un AS, donc les plages IP non annoncées n'ont normalement pas d'objet route, et donc pas de moyen de les corréler a un AS.



Les raison qui expliquent que l'Arcep autorise Orange 18 mois avant de proposer une offre d'interconnexion IPv6 ne sont pas publiques, mais on comprend que c'est lié à des raisons de sécurité. Les données et informations protégées par la loi sont remplacées par [...] dans le document :

À cet égard, l’Autorité relève qu’Orange fait valoir que des difficultés techniques, notamment liées à des raisons de sécurité, l’empêchent à court terme d’implèmenter de manière sécurisée l’interconnexion en utilisant le protocole IPv6 dans son réseau.

Orange a reconnu, comme l’a indiqué Free dans ses premières observations en défense, que ses SBC utilisés dans le cadre de ces interconnexions «supportent l’utilisation d’IPv6 et la conversion entre IPv4 et IPv6». Toutefois, elle a précisé que [...].

Dans sa réponse au questionnaire, Orange indique en particulier que ces équipements présentent [...].

Cette précision explique les raisons pour lesquelles, suite au mémoire en défense des sociétés Free mettant en doute les difficultés techniques évoquées par Orange, Orange considère que, dans son cas, «l’interconnexion IP ne serait pas opératoire dans la mesure où les équipements d’Orange ne supportent pas l’IPv6 aujourd’hui. Orange n’a aucune garantie de son équipementier que cela puisse être mis en œuvre avant [...]. Le délai de 30 mois qu’évoque Free [pour activer une fonctionnalité déjà disponible dans un produit] n’est pas pertinent dans ce contexte IPv4/v6 ».

Lors de l’audience qui s’est tenue le 29 mars 2018, Orange a indiqué qu’elle serait a priori capable de s’interconnecter en utilisant le protocole IPv6 d’ici 18 mois. Elle a également souligné que la demande qu’elle formule dans le cadre du présent règlement de différend est justifiée par son incapacité technique à mettre en œuvre à ce jour le protocole IPv6 dans le cadre de l’interconnexion mais qu’elle a pour objectif de migrer à moyen terme son réseau vers l’IPv6.


Bref, le signal envoyé à tous les acteurs, c'est qu'il faut se préparer à faire de l'IPv6...