« Un technicien était passé la veille pour raccorder à la fibre une autre maison du lotissement »

« Chaque fois qu’un nouveau locataire débarquait dans le coin, j’étais débranchée... »

Pour le Syane, la parade passera par « davantage de réglementation »

Les raccordements et débranchements sauvages sont un problème qu’Olivier Soulas connaît bien. Pour le responsable de la direction numérique du Syane, « c’est quelque chose que l’on constate partout en France » et qui commence à devenir un problème « majeur ». D’après lui, c’est parce que le cadre réglementaire commence à « se fissurer » que ces problèmes apparaissent : « Pour raccorder, on fait appel à des sous-traitants qui font appel à des sous-traitants qui font appel à des sous-traitants… Et bien souvent, quand on est au bout de la chaîne, on est payé à l’acte. Et mal payé en plus. Donc tout cela entraîne une précipitation qui fait que quand il y a un obstacle, on le contourne au lieu de passer par la voie normale. »

Parfois, ces contournements peuvent aller très loin. « Certaines armoires blindées sont forcées à la disqueuse, c’est impressionnant », révèle Olivier Soulas, qui signale qu’à l’heure actuelle, « les équipements se dégradent plus vite qu’on ne les répare ». Peu optimiste sur le fait de trouver une solution rapide à ce problème, le responsable concède que « les autorités cherchent toujours une parade efficace ». Parade qui passera sans doute par « davantage de réglementation ».

J.-B.S.

« J’ai rattrapé le technicien qui venait de me débrancher pour qu’il me rebranche ! »

« On doit trouver de nouvelles façons de travailler »

« Il faut qu’on arrive à travailler tous ensemble », assure Damien Biard, d’Orange, qui sait que des « techniciens peu scrupuleux », la plupart du temps des sous-traitants d’opérateurs, n’hésitent pas à débrancher un raccordement au profit de leur client. « Certains sont payés au raccordement. Ils veulent donc à tout prix brancher leur client avant de repartir », reconnaît-il.

En théorie, un technicien qui constate qu’il n’y a plus de branchement disponible doit le signaler à Orange, gestionnaire du réseau sur le bassin annécien. « Dans ce cas, il ne doit pas raccorder son client, mais suivre une procédure de remontée d’information à Orange. Quand une armoire de quartier n’est plus dimensionnée, c’est à nous d’en rajouter une. Même chose quand des lots sont insuffisants dans de nouvelles constructions. Mais on doit pour cela être informé pour que nos techniciens puissent intervenir. »

Sauf que de la théorie à la pratique, il y a un pas que certains ne franchissent pas… Avec des conséquences sur les usagers. Le problème de la fibre (mais pas uniquement sous cet aspect de coupures sauvages) est devenu le 2e sujet de discorde entre les abonnés et les opérateurs en 2021 (après les mobiles), selon la médiatrice des communications électroniques interrogée par nos confrères du Monde. « Nous devons arriver à de nouvelles façons de travailler, en faisant le ménage dans ces pratiques », reprend Damien Biard, qui évoque « un sujet national » et des opérateurs d’infrastructures et commerciaux qui s’en sont saisis, via des accords signés. « La deuxième version de ce contrat va plus loin avec des pénalités à la clé. »

I.D.