Auteur Sujet: Embouteillage d’annonces sur la fibre optique  (Lu 2588 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

ExxaG

  • Pau Broadband Country (64)
  • Abonné Orange Fibre
  • *
  • Messages: 386
  • FTTH 1 Gbits/s sur Lescar (64)
Embouteillage d’annonces sur la fibre optique
« le: 09 mars 2007 à 17:15:21 »
Les opérateurs télécoms se lancent tous dans la fibre optique. Dans le plus grand désordre, et sans mettre en commun leurs réseaux

Après le gaz, c’est fibre à tous les étages. Voire même, un entrelac de fibres, quitte à faire des noeuds… Hier, Neuf Cegetel, Noos-Numéricâble, et SFR ont professé chacun leur foi dans l’accès internet à très (très) haut débit.
 

Après Free, à l’automne, puis France Telecom, un peu avant Noël, Neuf a dévoilé hier son plan de marche dans le déploiement d’un réseau de fibre optique draguant les particuliers. Avant que SFR, la filiale de Vivendi n’annonce elle aussi son intention d’utiliser sa fibre en complèment de son offre d’ADSL qui sera lancée en avril prochain. De son côté, Noos-Numéricable, en litige avec des milliers de clients, a cherché à rassurer en confirmant la modernisation de son réseau à très haut débit.

D’abord Neuf Cegetel. Son offre sera commercialisée en avril prochain à Paris. Pour le prix, l’opérateur s’aligne d’emblée sur Free, son ennemi: ce sera 29,90 euros par mois pour un débit de 50 mégabits par seconde de débit (mbps). Neuf ne démarre pas de zéro. Free avait acheté le petit opérateur parisien Citéfibre pour démarrer plus vite. Neuf Cegetel l’a copié, et a mis la main il y a quelques semaines sur Erenis, autre opérateur de fibre bien introduit dans le logement social et auprès de la Mairie de Paris.

Neuf Cegetel peut donc afficher, alors qu’il commence à peine à déployer sa fibre, 55 000 logements câblés et 10 000 abonnés. Grâce à des accords conclus avec les syndics, il devrait grimper assez vite à 100 000 logements. Et promet d’atteindre 1 million de foyers et 250 000 clients à fin 2009. Coût affiché de l’investissement: 300 millions d’euros. Ce qui propulse la dépense moyenne par client à 1200 euros, ce qui fait beaucoup à débourser, avant que Neuf ne perçoive en retour les premiers euros de l’abonnement. Pour mémoire, Free a dit vouloir mobiliser 1 milliard d’euros d’ici 2012…

Mais tout pourrait aller plus vite, à Paris, et surtout à Lyon, Marseille ou Toulouse, si les opérateurs se mettaient autour de la table au lieu de dupliquer bêtement leurs réseaux: «On n’a pas encore mis en place une collaboration. Mais on a tous envie de travailler les uns avec les autres.», lance Jacques Veyrat, le patron de Neuf, évoquant Free ou France Telecom. «Même si sur Paris, c’est très mal engagé». Chaque opérateur est en effet bien parti dans la capitale pour poser ses câbles, chacun de son côté. Avec SFR, son premier actionnaire, c’est un peu différent. «On pourrait créer un GIE avec SFR pour déployer la fibre et SFR pourrait mettre, c’est une simple hypothèse, 150 millions d’euros». Propos confirmés quelques minutes plus tard par SFR, qui évoquait «une banque de fibre», commune dans laquelle l’opérateur mobile pourra puiser pour proposer à ses abonnés, en prolongement de leur forfait mobile, une connexion à très haut débit à leur domicile…

Il va falloir aller très vite. Noos-Numéricâble, plombé en ce moment par ses déboires avec ses clients - avec des litiges à la pelle et encore 26 000 mails et courriers en retard-, n’oublie pas son métier de câblo-opérateur, et donc d’exploiteur légitime de fibre, au même titre que les grands opérateurs télécoms. Et hier, Philippe Besnier, son président, a confirmé son programme de déploiement de fibre optique pour moderniser son réseau. Il est à la tête d’un énorme réseau câblé (9,5 millions de prises, dans 1200 municipalités, soit autant de logements desservis), mais qui sature par endroits, a reconnu hier l’opérateur, tant «il est obsolète et peu entretenu».

La migration vers la fibre a commencé à Paris, ville câblée à quasiment 100 %. Noos promet un passage complet à la fibre à fin 2008. «On a commencé par le XIXe et le XXe arrondissements, confie, en restant très vague, Eric Denoyer, son directeur général. Il est hors de question d’informer précisèment l’abonné parisien du calendrier, de peur que ses concurrents ne chassent sur ses terres: «Dès que cela devient visible, France Telecom se précipite sur nos clients».

France Telecom suit effectivement les progrès des uns et des autres avec un appétit non dissimulé. Il n’a pas l’intention pour autant d’y engloutir des sommes astronomiques, en tous cas pas davantage que la somme affichée par Neuf d’ici 2008. Son offre est accessible depuis le 1er mars (44,90 euros plus la location du modem) dans une poignée de logements. Il est surtout lancé dans une opération de séduction des syndics. Parce que si tirer la fibre est un exercice coûteux, convaincre les copropriétaires de laisser envahir leurs gaines techniques avec la fichue fibre est un autre sport.


Source: Libération par Catherine MAUSSION - 8 mars 2007