Auteur Sujet: Axione : "la couverture fibre dans les RIP accélère mais ce n'était pas gagné"  (Lu 1065 fois)

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vida18

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Axione : "la couverture fibre dans les RIP accélère mais ce n'était pas gagné"

Réseaux : Eric Jammaron, Directeur général délégué de l'opérateur de réseaux d'initiative publique, revient sur l'essor de la fibre en zone peu dense mais aussi ses freins.

L'enjeu de la fibre optique se concentre désormais sur la couverture des zones les moins denses notamment à travers les réseaux d'initiative publique qui bénéficient de subventions publiques. Ils sont loin d'être anecdotiques puisqu'ils doivent à terme couvrir 85% du territoire avec environ 7 millions de lignes FTTH.

Aujourd'hui, les grands opérateurs nationaux signent des partenariats pour s'interconnecter aux réseaux des opérateurs qui déploient ces réseaux locaux. Free va ainsi se connecter au réseau d'Altitude Infrastructure (3 millions de prises) et d'Axione (2,5 millions de lignes), afin de vendre ses offres FTTH. De son côté, Bouygues Telecom a signé des partenariats avec TDF et Covage tandis que SFR vient de signer avec Covage qui exploite 41 réseaux englobant 527.000 prises FTTH. Orange de son côté semble plus attentiste.

De quoi clairement accélérer la couverture et l'adoption du très haut débit dans ces zones. Pour Axione (près de 50% du parc de prises contractualisées avec les collectivités), filiale de Bouygues Energies et Services, cette accélération est bien visible. "Les prises arrivent et les interconnexions avec les opérateurs historiques se multiplient car chacun veut être le premier entrant. Le marché devient adressable donc ça accélère. Pour nous l'idée était d'embarquer au moins deux historiques afin de faire réagir les autres. Une fois qu'ils sont là, ça va vite", explique à ZDNet.fr, Eric Jammaron, Directeur général délégué de l'opérateur.

L'intensité concurrentielle est ainsi synonyme d'accélération, pour autant, les choses auraient pu prendre une autre tournure souligne le responsable. "On a mis six mois pour convaincre le régulateur de notre vision du marché des RIP. Au départ, l'Arcep voulait reproduire le schéma des zones AMII (villes moyennement denses dont la couverture est partagée entre Orange et SFR, NDLR), ce qui aurait été une grave erreur en matière d'ouverture. On s'est battu et l'Arcep a fini par nous suivre car notre approche est profitable au marché et aux consommateurs. Aujourd'hui, il y a une grosse concurrence sur les RIP".

Ceci étant dit, le modèle n'est pas vertueux pour tous les observateurs : il privilégierait les plus gros acteurs des RIP. SFR avait ainsi dénoncé une "financiarisation des RIP" et des acteurs locaux dénoncent assez régulièrement l'attitude de certains opérateurs qui profiteraient de leur position. "Oui, on constate que des gros acteurs imposent leurs conditions préférant jouer sur le court terme et spéculer", souffle Eric Jammaron. "Mais l'important, c'est l'ouverture, et elle existe aujourd'hui ainsi que des conditions d'accès aux NRO financièrement abordables".

Entreprises : "Kosc, un faux nez pour éviter de bousculer Orange"

La couverture des RIP pourrait néanmoins se heurter à une double pénurie. Celle de techniciens spécialisés et celle de matière première. L'Avicca, s'inquiète : "on ne veut pas que les RIP soient la variable d'ajustement sur la problématique d'approvisionnement de la fibre, or c'est le risque face aux gros opérateurs", souligne Ariel Turpin, Délégué général de l'association. Même un Bouygues Telecom commence sérieusement à s'inquiéter.

"On ne peut pas nier les tensions mais il y a des solutions", indique Eric Jammaron. "Nous avons anticipé et nous sommes plus sereins que d'autres. Mais il faut faire des concessions : ne pas acheter seulement français, aller chercher des micro-commandes, multiplier les fournisseurs et ne pas se focaliser sur la plus haute qualité de câble. Il fait faire preuve de pragmatisme : des câbles un peu moins qualitatifs sont utilisés dans de nombreux autres pays sans que cela fasse scandale".

Enjeux pour l'aménagement du territoire et la transformation numérique des entreprises, la fibre n'arrivera néanmoins pas partout, surtout en zones peu denses. Mais pour Axione, mix technologique ne doit pas rimer avec définitif. "On sait que la fibre à 100%, c'est pas possible mais une alternative comme la THD radio pourra rendre service pendant 7/9 ans, ce n'est en aucun cas un business pérenne. Le FTTH doit être la norme".

Quant aux entreprises, il reste tout à faire pour Axione. "On s'interroge sur l'arrivée de Kosc (troisième acteur B2B poussé par le régulateur pour mieux adresser le marché, NDLR) qui s'apparente à un faux nez pour éviter de bousculer Orange et les règles", s'agace le responsable. "De notre côté, on a divisé par deux nos tarifs fibre avec GTR (100 Mb/s : 250 euros par mois) mais nous ne sommes pas protégés quand on investit massivement dans les territoires pour les entreprises. Il aurait fallu un peu plus contraindre Orange, ce n'est pas ce qui a été fait".


Source : ZDnet, écrit le 30 Juillet 2018 par Olivier Chicheportiche.