Le déploiement de la fibre optique en Corrèze aura six à neuf mois de retard
Le chantier de 144 millions d'euros du déploiement de fibre optique en Corrèze, dont la fin est programmée le 31 mars 2021, pourrait prendre de 6 à 9 mois de retard. Le Département et le syndicat Dorsal mettent en cause la société NGE et comptent appliquer des pénalités.
« Pour moi, le sujet n’est pas financier, mais moral. On créé un service public, on lutte contre la gabegie partout, parce qu’on veut remettre de la noblesse dans la politique et on a, en face, des gens incapables de faire respecter leur engagement. » Le président du Département Pascal Coste a piqué une grosse colère contre la société NGE, ce vendredi 27 septembre à Tulle, lors des États généraux des travaux publics de la Corrèze.
Un échange musclé
Dans le cadre du chantier « pharaonique » du déploiement de la fibre optique sur la Corrèze, qui pèse 144 millions d'euros, le groupe NGE s’est engagé à livrer 30.000 prises (sur plus de 94.000) pour une somme d’environ 35 millions d'euros, pour le 31 mars 2021 au plus tard. Elle travaille sur un territoire situé à l’ouest de l’autoroute A20. Son directeur d’études projets, Frédéric Tesse a reconnu, vendredi 27 septembre, l’incapacité de son entreprise de respecter ce délai « Le chantier sera terminé en 2021, mais pas le 31 mars 2021. »
« L’ingénierie de télécom du projet a pris du retard, a-t-il justifié. Le 1er projet d’ingénierie vient juste de sortir, les projets d’exécution suivent. On peut dire que les travaux ont vraiment démarré il y a quelques mois. En plus, on a un vrai problème de recrutement et de ressources en ingénieurs télécom, un métier qui demande des années de formation après les études. »
Frédéric Tesse a fait valoir ses arguments : « On a déjà mis des bouchées doubles en termes de moyens. À l’étude de prix, on pensait qu’il fallait une centaine de personnes pour ce chantier et on a déjà plus que doublé ces effectifs. »
Des arguments jugés non-recevables
Tous ces arguments ont été jugés non recevables par Jean-Pierre Bost, le président du syndicat Dorsal, mandaté par le Département pour diriger le chantier de la fibre. « Aujourd’hui, il y a du retard, que les entreprises devront gérer les premières, parce qu’elles se sont engagées et doivent en assumer les conséquences. Lors des signatures des accords, rien n’a été caché. Les signes du rattrapage de ce retard ne sont pas réellement visibles. Il y donc des pénalités, et on commence déjà à les appliquer. »
En effet, le non-respect des engagements pris sur ce chantier, pourrait coûter, au final, à la NGE, la bagatelle de 10 millions sur 35 millions d'euros.
Un chantier colossal
« Je regrette que les gens qui ont candidaté n’aient pas pris toute la mesure de la complexité du chantier colossal qui était devant eux, a insisté Jean-Pierre Bost. Nous avons suffisamment communiqué en amont, avant le lancement des appels d’offres. Je n’ai jamais vu une entreprise venir me voir. Le Département nous a donné une mission. Nous portons la responsabilité de la bonne exécution de ces chantiers. »
Le pacte moral a été rompu
Le président Pascal Cosse a enfoncé le clou : « Quand une entreprise comme NGE qui a 12.000 salariés, n’est pas capable de faire 30.000 prises en Corrèze, alors qu’elle en fait un million et demi au niveau national, c’est extrêmement grave. Pour l’instant, 330 prises ont été installées."
Il fallait nous dire : “Moi, le grand, le costaud, je suis incapable de faire ça".
Le président du Département est allé encore plus loin : « Je tiens à votre disposition l’enregistrement de toutes les négociations de ce chantier. Cette entreprise a rompu le pacte moral. Moi, j’assume mes responsabilités, mais demain, on regardera pour vous. L’engagement est contractuel et signé. »
La réaction de Frédéric Tesse de la NGE : « On prend des risques, on essuie des plâtres, on n’a pas été bon. »
Source : La Montagne (https://www.lamontagne.fr/tulle-19000/actualites/le-deploiement-de-la-fibre-optique-en-correze-aura-six-a-neuf-mois-de-retard_13651169/), écrit le 28 septembre 2019 par Dragan Perovic.
Le réseau public de fibre optique en Corrèze : comment ça marche ?
La Corrèze fait partie des sept départements de la Nouvelle-Aquitaine ayant misé sur un réseau de fibre optique public. Le principe est inédit. En voici le mode d’emploi.
Si vous habitez les agglomérations de Brive ou de Tulle, ce qui va suivre ne vous concerne pas. Ces deux territoires sont ce qu’on appelle des zones AMII (Appel à manifestation d’intention d’investissement) ce qui veut dire que des opérateurs privés (Orange à Brive et SFR à Tulle, en l'occurrence), se chargent de l’installation de la fibre optique.
Pour le reste de la Corrèze, ce sont les pouvoirs publics qui sont à la manœuvre au travers du syndicat mixte Dorsal et d’une société publique locale nommée Nouvelle-Aquitaine très haut débit (NATHD).
Comment ça marche ?
Pour résumer, le syndicat mixte, dont font partie des communautés de communes et le Département, fait construire le réseau par des entreprises. « Ce qui assure l’équité territoriale », relève le président de Dorsal, Jean-Marie Bost. Effectivement quel opérateur privé aurait installé 400 prises à Thalamy ?
Ensuite NATHD assure l’exploitation et la commercialisation du réseau auprès des fournisseurs d’accès Internet. « Nous avons signé des contrats avec neuf d’entre eux dont les principaux (Orange, Free, SFR…) et 25 pour les entreprises », assure Mathieu Hazouard, son président, également conseiller régional.
Quel est l'intérêt de ce montage public ?
NATHD va œuvrer sur sept départements de la Région. « Cela représente 700.000 clients potentiels pour les fournisseurs d’accès à Internet et permet donc d’avoir plus de poids », poursuit-il.
Ce montage a également un intérêt financier : « Les opérateurs reversent une partie des abonnements souscrits sur ce réseau à NATHD, qui elle-même va en reverser une partie à Dorsal afin qu’il puisse honorer ses engagements financiers. C’est un fonctionnement vertueux », analyse Mathieu Hazouard.
Pour Pascal Coste, président du conseil départemental, « c’est un moyen de créer un véritable service public ».
A qui doit-on s'adresser pour avoir la fibre ?
À un fournisseur d’accès Internet. « Sur le site Internet de NATHD vous pouvez voir si vous êtes éligibles ou pas encore et quels opérateurs peuvent être contactés. Il n’y a aucune différence pour les particuliers », indique le président de la société publique locale.
Le président de Dorsal assure que tous les Corréziens devraient avoir accès à la fibre au 31 mars 2021. Pari tenu même si pour l’instant on en est encore loin avec 1.680 logements éligibles actuellement en Corrèze sur les 90.000 prévus.
En chiffres
90.000
C’est le nombre de prises de fibre optique qui vont être déployées en Corrèze (hors agglomérations de Tulle et de Brive) d’ici le 31 mars 2021.
1.680
Pour l’instant, c’est le nombre de foyers éligibles en Corrèze. Il y en a actuellement 8.481 sur les sept départements pour un objectif de 700.000 prises.
Source : La Montagne (https://www.lamontagne.fr/brive-la-gaillarde-19100/actualites/le-reseau-public-de-fibre-optique-en-correze-comment-ca-marche_13706183/), écrit le 16 décembre 2019 par Emilie Auffret.
Fibre optique : les "bons choix" ont été faits en Corrèze
(https://img.lamontagne.fr/SGl4usOrIITDC5JqkSm5W9BBVOqVCwslPFfccqG9euU/fit/657/438/sm/0/bG9jYWw6Ly8vMDAvMDAvMDUvOTQvMDYvMjAwMDAwNTk0MDY1MA.jpg)
En moins de quatre ans, 100 % des zones rurales de la Corrèze ont été raccordées à la fibre. Photo Stéphanie Para
En Corrèze, les zones rurales sont désormais « à 100 % » éligibles à l’internet à très haut débit grâce à la fibre optique. En avance, le département est régulièrement pris en exemple. La présidente de l’Arcep, en visite ce vendredi 28 janvier à Palazinges, a estimé que « les bons choix » y ont été faits.
À l’entrée du bourg de Palazinges, tout près du cimetière, une petite armoire marron a changé beaucoup de choses. Elle contient les prises de fibre optique qui raccordent les habitations de cette commune de 150 habitants, perchée au-dessus d’Aubazine, à mi-chemin entre Tulle et Brive.
Même si le village n’était « pas le plus à plaindre », en termes de débit Internet, l’arrivée de la fibre l’a rendu encore plus attractif, remarque son maire, Yves Pouchou.
Le 100 % fibre dès juin 2021
Il cite l’exemple de cette famille qui avait « décidé de partir » avant la pandémie. L’essor du télétravail l’a finalement convaincue de rester à Palazinges, où l’on surfe désormais aussi vite sur le web qu’en plein cœur de Paris, de Toulouse ou de Bordeaux.
Des exemples comme celui-ci, la Corrèze pourrait en fournir beaucoup. Car le département, via son programme « 100 % fibre », a réussi le tour de force de déployer, dès juin 2021, le très haut débit dans les zones rurales.
Fracture numérique et attractivité
Cela a pris un peu moins de quatre ans et représente 102.692 prises, dont 25 % avaient été commercialisées au 1er janvier dernier. « En 2014, le conseil général s’était donné 2035 pour objectif », rappelle le président, Pascal Coste (LR). Une date jugée « trop éloignée » par l’actuelle majorité qui redoutait d’importants risques de « fracture numérique » et de « perte d’attractivité » du territoire. Un marché avait donc été signé, en janvier 2018, avec pour objectif de tenir le pari du raccordement total en quarante-deux mois.
Ce volontarisme a été salué, ce vendredi 28 janvier, à Palazinges par Laure de la Raudière, la présidente de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse). Elle effectuait, en Corrèze, sa « première visite dans un territoire rural où le 100 % fibre a été réalisé ».
Les zones difficiles en premier
Cette volonté d’exhaustivité, « on nous l’a contestée au début », rappelle toutefois Pascal Coste. « On s’est battu là-dessus, notamment avec l’État, qui prévoyait plutôt 95 % de raccordements. Car les 5 % les plus difficiles d’accès représentaient 25 % du marché. Mais cela aurait été le prix du mépris, de l’abandon. »
Comme un pied de nez, la Corrèze a même commencé à « fibrer » ces zones les plus difficiles. « On a montré que la ruralité peut être au cœur des problématiques modernes, souffle Pascal Coste. On peut être un exemple pour les autres. »
"La Corrèze a fait les bons choix"
Pour Laure de la Raudière, la Corrèze a effectivement « fait les bons choix. Cela montre que c’est possible, mais au prix d’une extraordinaire unité politique qui n’existe pas partout. » La Région, notamment, a largement participé au financement, comme elle le fait sur six autres départements, dont la Creuse et la Haute-Vienne.
Rentabilité sous quinze ans
« Maintenant, le juge de paix sera le montant des redevances » versées par la Société publique locale (SPL) qui exploite le réseau au syndicat mixte Dorsal, estime Mathieu Hazouard, conseiller régional délégué aux enjeux numériques. « Aujourd’hui, on peut déjà dire que cela fonctionne, puisqu’un premier versement de 20 millions a été effectué », indique l’élu régional.
Selon Jean-Marie Bost, le président de Dorsal, le dispositif pourrait même devenir rentable d’ici quinze ans. « Nous avons réussi un truc impensable, alors que beaucoup n’y croyaient pas. »
Source : La Montagne (https://www.lamontagne.fr/brive-la-gaillarde-19100/actualites/fibre-optique-les-bons-choix-ont-ete-faits-en-correze_14079023/), écrit le 29 janvier 2022 par Tanguy Ollivier.