Auteur Sujet: Brèves du PIF (Paysage de l'Internet Français) par Hammett  (Lu 218178 fois)

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Hammett

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« Réponse #48 le: 13 juin 2014 à 08:02:44 »
Le serpent de mer d’une fusion avec Deutsche Telekom refait surface. Les dernières nouvelles (Le Figaro, 05/06) viennent de Deutsche Telekom, qui va enfin réussir à vendre sa filiale T-Mobile USA (numéro 4) et serait pas loin d’un accord pour un rachat par Sprint (numéro 3) pour environ 50 milliards de dollars. Reste à trouver un accord avec le régulateur américain.

Fusion à égalité ou rien
Sans cette filiale, la valeur de Deutsche Telekom serait quasiment égale à celle d’Orange, ce qui rendrait la fusion possible. C’est ce qu’avait expliqué Stéphane Richard lors d’une interview (Les Echos,10/2013). Un article du Jdd (10/2013) avait déjà relancé le débat sur une éventuelle fusion entre Orange et Deutsche Telekom. Lors de l’été 2012, un rapprochement avait déjà été évoqué (Les Echos, 06/2012).

Orange et DT travaillent déjà ensemble
Il faut dire qu'entre les deux opérateurs historiques, c’est une vieille histoire maintenant. Avec un accord de coopération (02/2011) dans  le domaine du M2M et le partage du wifi, et le partage (Le Monde, 03/2011) du réseau mobile en Pologne et enfin la création (04/2011) d’une société commune sur le achats d’équipement. La co-entreprise vise un montant annuel d’économies sur les achats de 1,3 milliard d’euros après trois ans d’activité. Dernièrement, les deux entités se sont associés dans l’aide aux jeunes pousses (01Net, 12/06).

C’est du lourd
L'Etat allemand contrôle 32% du capital de Deutsche Telekom et l'Etat français 26,9% du capital de France Télécom, dont 13,5% via le Fonds stratégique d'investissement. Une fusion des deux opérateurs créerait un mastodonte de plus de 100 milliards d'euros de chiffre d'affaires (45 milliards pour FT et 58 milliards pour DT) et près de 400.000 salariés (172.000 chez FT, 236.000 chez DT).

Alors ?
Fusion ? Rapprochement ? Un rapprochement entre ces deux groupes aurait le mérite de faire èmerger un «géant» européen des télécoms, ce qui ne devrait pas déplaire à Bercy et la Commission Européenne. Pour cette dernière, plutôt que de consolider à l’intérieur de chaque pays, la consolidation doit être paneuropéenne : "Nous avons besoin de consolidation par-delà les frontières, et de taille critique plutôt que de synergies" (Les Echos, 19/05).
On pourrait s’attendre à ce que les marchés nationaux restent dans chaque giron. Il s’agirait ensuite de fusionner tout ce qu’il est possible de faire en dehors de son territoire national.

Alors qu’Orange se pose la question de racheter Bouygues Telecom et de consolider définitivement le marché des télécoms en France, c’est sur le continent européen que pourrait se jouer une partie autrement plus importante. Si un rachat de Bouygues par Orange serait complexe à réaliser au regard des règles anti-concurrentielles, un rapprochement/fusion poserait aussi d’énormes questions. Le dossier est aussi très politique.

Hammett

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« Réponse #49 le: 16 juin 2014 à 08:07:42 »
Le retour à trois opérateurs mobiles en France fait maintenant quasiment l’unanimité. Ainsi au cours d’un colloque organisé par le quotidien Les Echos, diverses voix se sont fait entendre sur le sujet. C’est La Tribune (12/06) qui relate.

L’Autorité De La Concurrence
Pour son président : "Il n'y a pas de corrélation absolue entre le nombre d'opérateurs et la concurrence. Il n'y a pas de chiffre magique. Ce sont la qualité et les incitations des acteurs qui comptent (...) La question n'est pas de savoir si la consolidation est désirable, mais si elle est inéluctable, comment bien l'accompagner".
Bref, il s’agit d’être pragmatique et d’organiser le marché pour qu’il y ait concurrence. La présence d’un Free "renforcé" étant gage de cette concurrence sur les prix.

Pour rappel, Bruno Lasserre (Le Figaro, 08/03) le Président de l'Autorité De La Concurrence était revenu sur le cadre réglementaire d'un rachat de SFR. Il y fixait quelques règles. Le passage de quatre à trois opérateurs n'était pas tabou : "L'Autorité se prononcera au vu du dossier - et des remèdes proposés - qui lui sera soumis..
L'ADLC examinera les questions suivantes : "le pouvoir de marché acquis par l'entreprise fusionnée lui permet-il d'augmenter les prix au détriment des consommateurs, qu'il s'agisse des particuliers ou des entreprises ? Existe-t-il des possibilités de riposte du côté des autres acteurs du marché ? Quels sont les effets de l'opération sur les incitations à innover et à investir de la nouvelle entité et de ses concurrents ? Ensuite, nous regarderons les effets coordonnés: la fusion peut-elle briser la dynamique concurrentielle dans le mobile mais aussi dans les marchés adjacents, la téléphonie fixe et même les médias. Les deux offres peuvent avoir des conséquences sur les médias."

L’ARCEP
Pour son président, il n’y a : "bien sûr pas de nombre d'or (...) prendre des précautions pour que la baisse des prix reste un acquis réel  (et à prévoir)  la réversibilité si le marché concentré se révélait insuffisamment concurrentiel (...) L'arrivée de Free dans le mobile a permis de casser la rente des opérateurs qui était improductive en matière d'investissement puisqu'ils avaient été mis en demeure sur leurs engagements de déploiement de la 3G". 

Le Ministre de l’Economie
Arnaud Montebourg : "Le retour à trois opérateurs est inéluctable (...)  Notre position est claire et ferme : nous militons pour ce retour à trois opérateurs. Mais l'emploi ne doit pas être une variable d'ajustement. Il y a d'autres solutions que des plans sociaux chez Bouygues Telecom, elles sont sur la table (...) Je laisse le soin aux dirigeants des entreprises concernées de peser le pour et le contre. Il n'y a pas qu'Orange. Il y a aussi Free. Avec Bouygues Telecom, ils pourraient s'entendre enfin, plutôt que de s'autodétruire".
Le Ministre louant même le rôle de Free en flattant "la bête" : "si Free se maintient, il serait le Maverick [non-conformiste], le vilain petit canard, il jouerait un rôle productif et intelligent".

Orange
Pour le Directeur Financier d’Orange : "Orange ne peut agir seul, nous sommes le seul à ne pouvoir faire des choses seuls. Ce serait tellement plus simple si les deux plus petits (comprendre Free et Bouygues NDLR) faisaient les choses ensemble ! Nous ne pouvons être leader ou la seule partie prenante".
Au nom d’une complexité (mais pas impossibilité) anti-concurrentielle au niveau Européen, Orange pourrait accompagner un acheteur. Et dans ce rôle, il n'y a que Free ? 

Le rachat de SFR et Virgin Mobile par Numericable a fait bouger les lignes et le PIF pourrait encore connaitre un épisode de consolidation, d'autant que Bouygues est le dernier gros morceau. Ensuite ce sera terminé. A ce jour Bouygues n'est pas vendeur, mais tout l'environnement est prêt. Yalta est là...

Hammett

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« Réponse #50 le: 17 juin 2014 à 08:02:37 »
Le Cabinet d’Etude Idate vient de présenter un rapport  "Digiworld Yearbook 2014", ce qui permet d’avoir quelques données intéressantes sur les investissements dans les télécoms des deux cotés de l’Atlantique. Le quotidien Le Monde (21/05) a publié quelques infographies et donne quelques chiffres.

Afin de se faire une idée sur les opérateurs en présence, le classement par chiffre d'affaire. Telefonica Le premier opérateur européen est cinquième. Orange est neuvième. l'Europe place 4 opérateurs, l'Asie 3, les Etats-Unis 2.



Autre statistique, dans le mobile, le chiffre d'affaire moyen par client. En cinq , il baisse de 3,9% au Japon, de 13,4% en Europe (Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni) et augmente de 2,4% aux USA.
 


A partir de là et "logiquement", les investissements s’en ressentent et l’Europe décroche sur le période 2012/2013. Afin de se faire une idée plus précise, il faudrait quand même avoir la même statistique suer une période plus longue 


Voilà qui devrait militer dans le sens de certains dirigeants d’opérateurs européens – dont Stéphane Richard – pour une consolidation des opérateurs européens. Actuellement trois grosses opérations se déroulent sous nos yeux : KPN-Telefonica en Allemagne, Hutchison-Telefonica en Irlande, SFR-Numericable en France. Sur la première, la Commission devait rendre un avis en avril et ce sera finalement en juillet, mais la Commission devrait approuver l’opération en échange d’une plus grande ouverture du réseau.
   
Les consolidations d’aujourd’hui vont-elles faire les investissements de demain ? L’exemple de la fusion SFR/Numericable va nous en donner un premier aperçu. Et pourquoi pas un rapprochement trans-européen ? Les plus « avancés » sont Orange et Deutsche Telekom, mais pour le moment il n’est question de de coopérations ponctuelles. Les obstacles politiques, économiques et réglementaires sont colossaux. L’écart entre l’Europe et le reste du monde devrait donc continuer à croitre.   

Pour rappel, voici ce que pèsent les gros acteurs européens des télécoms.


Hammett

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« Réponse #51 le: 18 juin 2014 à 08:06:00 »
Dans le cadre de rachat de SFR par Numericable, il y a dans la corbeille de la mariée SFR une filiale de SFR qui détient quasiment un monopole sur l’Ile de La Réunion, SRR.
C’est l’occasion de faire un petit point sur le marché des télécoms dans les DOM-COM et plus spécifiquement sur celui de l’Ile de la Réunion.
D’abord, quelques généralités et un point sur Altice, la holding de P.Drahi, qui vient de racheter SFR et qui détient Numericable. Demain, un point sur SRR. Globalement, c'est un domaine très peu documenté. 

Généralités
Premiers chiffres. L’ARCEP dénombre 2,768 millions de cartes SIM dans les DOM. Les forfaits représentent 1,362 million soit 49,2% du marché et le prépayé 1,406 million soit 50,79%. Contrairement à la Métropole, le prépayé y est donc majoritaire, alors qu’il ne représente que 18,6% du marché dans l’hexagone.

L’ARCEP recense comme Opérateurs de réseaux mobiles outre-mer : opérateurs disposant de ressources en fréquences dans les départements et collectivités d'outre-mer (Orange Caraïbe, Orange Réunion, Société Réunionnaise du Radiotéléphone (SRR), Digicel AFG, SAS SPM, Dauphin Telecom, Outremer Telecom). Digicel est l’ex Bouygues Telecom Caraïbes.

Orange et  SFR ne donnent pas de chiffres spécifiques sur les DOM et COM. La clarté ne serait pas de trop. Bouygues n’est plus présent et Free n’est pas présent, car il n'y dispose pas de licences. 
A fin 2011, Orange Caraïbes comptait de 560 000 à 570 000 clients mobiles.

Altice
Alors qu’Altice vient de racheter SFR et Virgin Mobile, le groupe est déjà bien présent dans les DOM-COM.
Le 7 juin 2013, il a racheté Outremer Télécom pour 360 millions d'euros. C’est le principal opérateur alternatif des DOM-COM, avec 16% du marché. Présent en Martinique, Guadeloupe, Guyane, à la Réunion et à Mayotte, Outremer est actif à la fois dans l'accès internet, le téléphone fixe et mobile. 

Altice détenait déjà sur place les câblo-opérateurs Martinique TV Cable et World Satellite Guadeloupe, qu'il avait racheté pour 17 millions d'euros en 2008.

A fin 2012, Outremer Telecom, c’était 385 000 clients sur le mobile, 83 000 en téléphonie fixe et 57 000 sur internet en haut débit. Le Cable, c’est 12 000 clients en haut débit.

Comme avec le câble en Métropole, Altice s'est fait la spécialité de racheter de multiples petits opérateurs et de les agréger afin d'en faire une grosse marque qui compte. La construction est lente, mais efficace. 

Sources : BfmTv (06/2013), Ariase (04/2014), Challenges[/u] (04/2014), France Guyane (04/2014), Actusmédia (10/2011), Domtom-adsl (02/2014), Caribmag (07/2013).

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« Réponse #52 le: 19 juin 2014 à 08:08:58 »
Dans le cadre de rachat de SFR par Numericable, il y a dans la corbeille de la mariée SFR une filiale de SFR qui détient quasiment un monopole sur l’Ile de La Réunion.
C’est l’occasion de faire un point sur le marché des télécoms dans les DOM-COM et aujourd’hui plus spécifiquement sur celui de l’Ile de la Réunion

Téléphonie Mobile
Sur l'île de La Réunion et à Mayotte, le marché du mobile se concentre autour de trois opérateurs principaux : Orange, Altice (IZI et Only), et Vivendi (Mediaserv et SRR). Orange détient 33% (+/- 353 000 clients)  du marché du mobile, SRR 56% (+/- 600 000 clients) et Only 11% (/+- 118 000 clients).
 
Avec ce rachat le nouvel ensemble détiendrait 67% du marché. Un vrai monopole (pour lequel SRR a été condamné plusieurs fois) que ne devrait pas laisser passer l’Autorité De La Concurrence. Mediaserv devrait rester dans le giron de Canal+ et pourrait récupérer ce que pourrait céder Altice pour faire passer le rachat de SRR. 

Canal Plus, ne voulant pas se laisser distancer, a racheté Mediaserv (28 000 abonnés à la Réunion et 90 000 sur l’ensemble des DOM) qui se présente comme le 2ème fournisseur d'accès Internet des départements d'outre-mer derrière Orange. Puis en octobre 2013, Altice s'est approprié l'opérateur télécom Mobius qui commercialise la marque Izi (24 000 abonnés Internet).

Le haut débit
Orange reste loin devant avec 75.000 abonnés, pour 48.000 à SRR au 31 décembre 2013 (36 000 à fin 2012), 18 000 à Numericable-Only et 18 000 pour Numericable-Izi.

Après la fusion, l'ensemble SRR-Only-Izi va représenter 86.000 abonnés Internet soit 11.000 seulement de plus qu'Orange. Zeop revendique 10 000 clients et pourrait s’allier à Canal+-Mediaserv et ses 28 000 clients.

Autre chiffre concernant la télévision payante, Canal+ Caraïbes compte 275 000 clients sur l’ensemble des DOM-COM dont 125 000 à La Réunion. MediaServ comptait 62 000 clients internet sur les Caraïbes en juillet 2013

Sources : BfmTv (06/2013), Ariase (04/2014), Challenges[/u] (04/2014), France Guyane (04/2014), Actusmédia (10/2011), Domtom-adsl (02/2014), Caribmag (07/2013).

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« Réponse #53 le: 20 juin 2014 à 08:11:07 »
Au cours d’un colloque organisé par le quotidien Les Echos et que relate La Tribune (12/06), l’Autorité De La Concurrence et l’ARCEP sont revenus sur les conditions d’extinction de l’accord d’itinérance. Chacun se refile la patate chaude.

Pour appel, l’Autorité de la concurrence a rendu un avis en mars 2013 (Communiqué de presse, l’avis) sur le sujet et Bouygues Télécom vient d’attaquer l’ARCEP devant le Conseil d’Etat, Bouygues dénonce le manque de clarté de la sortie de l’itinérance 3G qui lie Orange et Free.
Parallèlement, L’ARCEP vient également d’ouvrir une enquête concernant le déploiement de son réseau mobile 3G : "L'Autorité a décidé l'ouverture d'une enquête afin de s'assurer que Free Mobile met en œuvre tous les moyens nécessaires à l'atteinte de son obligation et d'évaluer la réalité d'éventuels obstacles au déploiement". 

Pour l’ARCEP, le contrat d’itinérance 3G entre Orange et Free est un accord de droit privé et n’est pas de son ressort. Pour le régulateur, sa seule mission est de vérifier que Free est dans les clous sur la couverture tel que prévue dans sa licence.

Pour L’autorité De La Concurrence, il s’agit de savoir si la concurrence n’est pas faussée par l’itinérance. Elle a donnée des grandes lignes pour en sortir, mais l’intendance doit être assurée par l’ARCEP : "L'ARCEP peut mettre en demeure Free. Nous regrettons que rien n'ait été fait depuis notre avis. On aurait pu prendre au mot Free et demander la mise en extinction progressive par plaques, dans les régions réputées couvertes (par le réseau propre de Free Mobile NDLR). Ce n'est pas le rôle de l'Autorité de la concurrence, c'est un travail de régulation". Ambiance, ambiance...

L’ARCEP a rappelé qu’elle n’avait toujours pas le pouvoir de sanction (c'est en attente de publication des décrets d'application) depuis que le Conseil d’Etat lui a interdit il y a un an et donc qu’elle ne peut sanctionner Free. Dans l'attente, elle "vérifie que Free est bien sur une trajectoire d'investissement pour tenir ses obligations de couverture de 75% de la population à une échéance très proche, janvier 2015 : c'est demain matin", ajoutant : "A ce stade, on ne sent pas d'enthousiasme à accélérer le calendrier (d'extinction de l'itinérance) chez l'opérateur qui en tire des revenus significatifs (...)Dès 2015, il faudra regarder dans le détail cette extinction par plaque à partir de 2016 ou 2018".

L’itinérance pourrait rapporter à Orange entre 500 et 700 millions par an, soit entre 3,5 et 4,9 milliards sur 7 ans.

Voilà qui ne devrait pas trop brusquer Orange qui déclarait par la voix de Stéphane Richard : "une première fenêtre début 2015" qui va s’ouvrir, mais cette cela va prendre du temps : "On est en train de parler de migration de millions de gens qui se servent quotidiennement de leur téléphone, donc ça ne se fait pas du jour au lendemain. Ce sont des évolutions qui se font sur plus d'un an".

Le sujet devrait alimenter la chronique lors de ses prochains mois. Tout le planning mis en place peut aussi bouger : si Bouygues est vendu, nul doute que Free récupérera des fréquences, un réseau, des antennes, etc...Il sera alors temps d'aménager le calendrier. 

vivien

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PIF
« Réponse #54 le: 20 juin 2014 à 09:32:27 »
Chacun se refile la patate chaude, c'est bien le terme et de nombreuses personnes du secteur pensent que l'Itinérance ne sera pas éteinte.

Cela pourrait être le coût de la reconduction du contrat qui incite Free à se passer d'itinérance, plutôt que l'ARCEP.

Hammett

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« Réponse #55 le: 24 juin 2014 à 08:06:18 »
Achètera ou achètera pas, tel est la question ! En tout cas, c’est celle que se pose Orange sur un rachat de Bouygues Télécom – si celui-ci est vendeur bien sur –
En France, l’Autorité De La Concurrence, l’ARCEP et le Ministère de l’Economie sont pour à conditions de respecter un marché concurrentiel, sous-entendu que Free deviennent plus puissant.  (La Tribune, 12/06).

De son coté, Orange soupèse le pour et le contre.

Pour
- Ne pas laisser l’initiative à Free,
- Augmenter ses parts de marché dans le fixe (potentiellement 48,6%) et le mobile (potentiellement 48,7%),
- Éliminer un concurrent,
- Absorber un personnel jeune et compétent,
- Récupérer un réseau et des fréquences,
- Stopper la guerre des prix, 
- Terminer la consolidation du marché hexagonal en y jouant le rôle pivot.

Contre
- Examen par Bruxelles, car Orange réalise moins des deux tiers de son chiffre d'affaires en France,
- Examen minutieux par Bruxelles du respect des règles concurrentielles,
- Remèdes importants pour respecter ces règles, dont revente d’une grosse partie du réseau et de fréquences à des Mvno, mais plus surement à Free en absence de Mvno forts,
- Risque de renforcer un concurrent.

Conditions et remèdes européens en Allemagne
Selon le quotidien La Tribune (17/06), Orange attend la décision de la Commission Européenne au sujet du rachat d'E-Plus (la filiale allemande de KPN) par Telefonica Deutschland pour 8,6 milliards d’euros. La décision est attendue pour le 10 juillet. Celle-ci devrait donner les conditions et remèdes afin de respecter les règles concurrentielles d'un passage de quatre à trois opérateurs.
Pour un membre du Comité Exécutif d’Orange : "On attend de voir la décision sur l'Allemagne avant de bouger». La dead-line est "la fin juillet : après, si on n'a pas trouvé le bon schéma, on pose les stylos".

Conditions et remèdes européens en Irlande et en Autriche
La Commission Européenne vient de donner son accord au rachat de Telefonica Ireland (quatrième opérateur) par Hutchison (deuxième opérateur) pour 850 millions d’euros. C’est assorti de fortes conditions sur le maintien de la concurrence.
La nouvelle entité fusionnée s'est engagée à laisser entrer dans les mois à venir deux opérateurs virtuels (Mvno) - dont un avant même que le deal ne soit officiellement conclu - avec l'obligation de leur céder jusqu'à 30 % des capacités de son réseau. Enfin Hutchison a promis de poursuivre le partage de réseau existant avec Eircom, le troisième réseau de téléphonie mobile.
Ces conditions sont directement inspirées de celles qui avaient prévalu en décembre 2012 lors du feu vert au rachat d'Orange Autriche par Hutchison.

La voie européenne est compliquée mais pas irréalisable. En attendant, Bouygues Telecom veut mettre en place son plan de relance afin de "se donner les moyens d’assurer son avenir de façon autonome" (La Tribune, 11/06).

Hammett

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« Réponse #56 le: 25 juin 2014 à 08:20:44 »
L’accord de mutualisation entre SFR et Bouygues Telecom va-t-il aller au bout ? Le quotidien Les Echos (25/06) annonce que l’ARCEP aurait rendu un avis négatif sur certains aspects de cet accord.

De quoi s’agit-il ?
En janvier dernier, SFR et Bouygues Telecom ont signé un accord de mutualisation (Le Figaro, 31/01), cet accord prévoit "la création d'une la création d'une société ad-hoc commune, qui gèrera le patrimoine des sites radio mis en commun », d'autre part « la prestation de service de RAN-sharing que se rendront mutuellement les opérateurs en 2G, 3G et 4G sur le territoire partagé".

Depuis, SFR a été racheté par Numericable et Bouygues n’est plus très chaud pour travailler avec SFR et serait tenté par un rapprochement avec Orange. Ce dernier a attaqué cet accord devant l’Autorité De La Concurrence (Les Echos, 30/04) car il craignait que "Bouygues et SFR aillent plus loin que ce qui a été annoncé, et qu’ils partagent leurs fréquences, notamment les précieuses fréquences 800 MHz permettant de couvrir de vastes zones en 4G".

Orange demandait donc que l’application de cet accord soit suspendue en attendant les réponses de l’ARCEP sur cet accord et l’avis de l’ADLC concernant le rachat de SFR par Numericable. Suite à cette saisine, l’ADLC a demandé son avis à l’ARCEP, qui vient donc de répondre. 

La position de l’ARCEP
Le régulateur aurait répondu que la mutualisation des réseaux n’était pas un problème. A ce sujet l’ADLC avait également donné son accord pour une mutualisation des zones non-denses.

Ce qui pose un problème serait l’itinérance 4G de SFR sur le réseau de Bouygues, car cela ne serait pas prévu par les régulateurs. Selon Les Echos : "L’accord SFR/Bouygues est dès lors sur la sellette : l’Autorité de la concurrence pourrait prendre des " mesures conservatoires", c’est-à-dire suspendre les travaux de mutualisation. Elle pourrait aussi se donner le temps d’examiner le sujet au fond. Mais les deux opérateurs, risquant une grosse amende, pourraient geler leur projet par prudence".

Pour l’ARCEP : "(SFR) disposera d’un avantage trop important par rapport aux autres opérateurs qui ont lourdement investi dans leur réseau". On comprend un peu mieux pourquoi SFR fait du surplace sur ses investissements dans la 4G : " Au 1er juin, l’opérateur avait mis en service 1.675 sites, soit à peine plus que Free (1.380), et quatre à cinq fois moins que Bouygues Telecom (6.083) et Orange (6.393)". 

Quelles suites ?   
Reste à connaitre la position de SFR et celle de Bouygues. L’autorité De La Concurrence pourrait rendre son avis sur la saisine d’Orange au mois de septembre. De son coté SFR attend une réponse sur le rachat par Numericable au mois de novembre. En tout état de cause, si cet accord de mutualisation était détricoté, cela serait une possibilité supplèmentaire offerte à un rapprochement entre Bouygues Telecom et Orange.

La consolidation n'est pas un long fleuve tranquille. A suivre...

Hammett

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« Réponse #57 le: 26 juin 2014 à 11:00:16 »
L’article du quotidien Les Echos (25/06) annonçant que l’ARCEP aurait rendu un avis négatif sur certains aspects de l’accord de mutualisation signée entre SFR et Bouygues a déclenché quelques réactions (La Tribune (25/06).

Selon, le président de l’ARCEP : "Sur quelques points de détail, nous appelons l'attention de l'Autorité de la concurrence. Mais ce sont des questions de deuxième ordre".

Pour SFR : "La plainte [d'Orange] n'est pas sérieuse. Nous avons présenté l'accord de mutualisation entre SFR et Bouygues Télécom à l'Autorité de la concurrence, qui l'a examiné pendant deux mois et nous a donné son feu vert. Je ne vois pas l'Autorité de la concurrence dire aujourd'hui le contraire".

En fait, l’itinérance 4G serait sur une durée limitée et ne porterait que sur 9% de la population. Bref, SFR ne pourrait pas se prévaloir de la couverture de Bouygues pour vendre ses offres. Cela offre un avantage à SFR, mais cela désavantage-t-il Orange et Free ? SFR aurait reçu des assurances de l’ADLC suer l’ensemble de l’accord. Selon un expert cité par La Tribune : "Cette clause d'itinérance aurait été ajoutée afin de compenser le déséquilibre financier de l'accord au détriment de Bouygues, au réseau 2G/3G plus petit (il opérera 40% du parc mutualisé d'antennes".

Pour Bouygues : "On découvre que la mariée était moins belle, que la qualité du réseau de SFR n'est pas ce que l'on nous avait promis". C’est vrai que la dernière enquête de l’ARCEP sur la qualité des services mobiles n’est pas à l’avantage de SFR.

L’Autorité De La Concurrence devrait rendre son avis au mois de septembre. Si cela ne lui coûte rien, il semble que pour Bouygues cherche à se débarrasser de cet accord qui lui colle au doigt comme le scotch du Capitaine Haddock.

Hammett

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« Réponse #58 le: 30 juin 2014 à 07:56:50 »
Brèves du PIF (Paysage de l'Internet Français) - N°87

Orange Royaume-Uni
Un autre serpent de mer hante Orange ! L’introduction en bourse de sa filiale anglaise détenue à parité avec Deutsche Telekom : EE. 
C’est un sujet qui est sur le tapis depuis fin 2012 et qui a maintes fois été reporté. Le projet devrait être réétudié à l’automne. L’opérateur compte 27 millions de clients dont 2 millions en 4G. EE a lancé la 4G en octobre 2011.

La Poste Mobile
La poste Mobile a conquis plus d’un million de clients sur la marché du mobile et 50 000 sur son 4P Adsl. Avec le rachat de Virgin Mobile par Numericable, La poste Mobile (dont la Poste est propriétaire à 51% et SFR à 49%) est devenu le deuxième Mvno derrière EI Telecom, contrôlé par le Crédit Mutuel (marques Crédit Mutuel Mobile, CIC Mobile, NRJ Mobile), qui aurait entre 1,3 et 1,5 million de clients.
Du fait du rachat de SFR par Numericable, La Poste Mobile, "n'anticipe pas de conséquence" l’acquisition de Virgin montrant plutôt "l'attachement de SFR à préserver son activité avec les MVNO". Pour ce rachat, Numericable dépense 191€ par client. Cela ferait un bon prix pour La poste au cas où Numericable se poserait la question.   

Refarming 1800Mhz
Le Conseil d'Etat a rejeté le recours d'Orange. En juin 2013, Orange avait déposé un recours contre la décision de l’ARCEP d’autoriser Bouygues Telecom à utiliser sa bande de fréquence 1800MhHz dédiée à la 2G pour faire de la 4G. Orange estimait que cette réutilisation n’était pas prévue expressèment lors de la vente des licences 4G et que cela offrait donc un avantage spécifique à Bouygues Telecom.
En échange, Bouygues Telecom devra payer une redevance composée d’une part fixe et d’une part variable de 1% de ses revenus 4G. Le total pourrait atteindre 60 millions d'euros par an.
Au regard de la situation actuelle de Bouygues Telecom, cet "avantage" n’aura pas été spécialement décisif pour Bouygues Telecom pour conquérir des parts de marché.

Hammett

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PIF
« Réponse #59 le: 30 juin 2014 à 12:41:28 »
Sans bruit et sans fureur. (Le Figaro (30/06), Numericable vient de racheter Virgin Mobile pour 325 millions d’euros, les 1,670 000 clients de Virgin Mobile. Cela signe simplement la fin du premier Mvno français et du cinquième opérateur. Reste plus qu’à avoir l’autorisation de l’ADLC et de l’ARCEP.
Suite à ce rachat, le nouvel ensemble - une fois le rachat de SFR terminé  - pourrait peser (avec les chiffres au 31 mars) environ 31,4% du marché du mobile (28,5% pour SFR, 2,6% pour Virgin et 0,3% pour Numericable). A titre de comparaison, Orange détient 36% du marché.
Cela permettra-t-il de relancer le match pour la première place ?

Du coté des Mvno, cela va laisser un vide. EI Telecom, contrôlé par le Crédit Mutuel (marques Crédit Mutuel Mobile, CIC Mobile, NRJ Mobile), qui aurait entre 1,3 et 1,5 million de clients et La poste mobile compterait 1 million de clients.