Très haut débit : Orange rejoint le Réseau d’initiative publique Berry numérique
L’opérateur Orange vient de rejoindre le Réseau d’initiative publique Berry numérique pour déployer la fibre en dehors des agglomérations.
L’opérateur Orange vient de passer un accord avec le délégataire en charge de la construction et de l’exploitation du réseau Très haut débit dans le Cher, Berry fibre optique.
Si, jusqu’alors, Orange a la charge de déployer la fibre dans quinze communes du Cher (sur la commune de Vierzon ainsi que sur l’agglomération de Bourges hors Lissay-Lochy et Vorly), pour le reste des communes départementales, la charge revenait à Berry numérique, des communes regroupées au sein d’un Réseau d’initiative publique (RIP).
Objectif 70 % des foyers éligibles en 2021
Afin d’aboutir à l’objectif fixé (70 % des foyers du Cher éligibles à la fibre en 2021) et garantir aux 30 % restants un débit d’au moins 10 mégabits/seconde, le syndicat mixte a engagé des travaux d’un montant de 91 millions d’euros, avec une participation financière des communautés de communes à hauteur de 20 % du montant des travaux engagés sur leur territoire.
En début d’année, 6.500 prises étaient déjà raccordables au réseau fibre et Berry numérique vise le cap des 30.000 prises raccordées d’ici la fin d’année. « Nous travaillons activement pour faire en sorte de tenir nos engagements », précise Patrick Barnier, président de Berry numérique. Ce dernier se félicite d’ailleurs de la décision d’Orange de s’engager dans le déploiement de la fibre comme sur la commune de Mehun-sur-Yèvre où sont déjà présents Bouygues et SFR.
« C’est une bonne nouvelle de voir une telle concurrence sur des zones du département car cela pousse visiblement certains à s’engager dans le RIP ». La commune de Mehun-sur-Yèvre sera sans doute l’une des plus avancées en terme de développement de la fibre. « Dans la commune, quasiment 99 % des foyers vont être raccordables à la fibre », constate Patrick Barnier.
Une avancée donc que de voir Orange investir les territoires ruraux, alors que l’opérateur était plutôt réticent à franchir la barrière de l’agglomération berruyère il y a encore peu. Même si Patrick Barnier tempère quelque peu la portée d’une telle nouvelle pour les habitants : « Ce n’est pas parce qu’Orange a passé commande avec notre délégataire que les travaux seront là demain. »
D’autant que le volume de travail pour l’installation de la fibre est « énorme » sur le plan national, entraînant souvent une pénurie de main-d’œuvre et de matériaux. « Nous avons fait en sorte de stabiliser ces retards de livraison pour ne pas être pénalisés », précise encore Patrick Barnier.
Durant le premier trimestre, la fibre devrait être déployée sur la communauté de communes Cœur de Berry (Preuilly, Sainte-Thorette, Quincy et Brinay)?; sur la communauté de communes Terres du Haut Berry (Fussy, Pigny, Vignoux-sous-les-Aix, Saint-Georges-sur-Moulon, Saint-Martin-d’Auxigny, Saint-Palais et Vasselay).
Durant le deuxième et troisième trimestre devraient suivre : Argent-sur-Sauldre, Aubigny-sur-Nère, La Chapelle-d’Angillon, ainsi que Saint-Florent-sur-Cher, Plou, Saint-Caprais, Civray, Lunery et Primelles.
Avant la fin de l’année, le déploiement devrait être finalisé sur les communes de Vignoux-sous-Barangeon, Saint-Laurent, Vouzeron, Neuvy-sur-Barangeon et Nançay.
Source : Le Berry Républicain (https://www.leberry.fr/bourges/internet-multimedia/2019/03/08/tres-haut-debit-orange-rejoint-le-reseau-dinitiative-publique-berry-numerique_13512139.html), écrit le 08 mars 2019 par Frank Simon.
"Il n’y a pas une semaine où je ne suis pas contacté pour des problèmes" : les élus perdus dans la jungle de la fibre
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Photos d'illustration Pierrick Delobelle © Pierrick DELOBELLE
Même si l’achèvement de la couverture en fibre optique se profile en France, les raccordements erratiques des abonnés au réseau continuent de susciter la colère des habitants et des collectivités.
Mardi gris, ciel blanc, humeur noire. Dans le Cher, à Mehun-sur-Yèvre, commune de quelque 6.000 habitants, Christian Gattefin voit rouge. « Il n’y a pas une semaine où je ne suis pas contacté deux ou trois fois pour des problèmes liés à la fibre », soupire le maire-adjoint. Le dernier coup de fil remonte à… ce matin. « Une armoire de rue de fibre optique m’a été signalée ouverte par un habitant. J’y suis allé. Un technicien était là. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas effectuer le raccordement. »
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Un soupir plus tard, l’élu distille des exemples de malfaçons et dysfonctionnements qui minent sa commune. « Notre réseau est en grande partie aérien. Je me souviens d’un technicien qui avait décidé de passer la fibre au-dessus du jardin d’un voisin. D’autres lisent mal les plans et débranchent des abonnés voisins. Une dame a ainsi eu dix-sept coupures dans l’année ! »
15% à 20% des abonnés touchés par un dysfonctionnement
Ariel Turpin, délégué général de l’Avicca, association qui regroupe des collectivités engagées dans le numérique, connaît par cœur les galères des élus là où se déploie la fibre. « Mehun-sur-Yèvre, ce n’est ni catastrophique ni extraordinaire : c’est malheureusement le quotidien de toutes les communes du pays. Mais il y en a certaines en Île-de-France où les réseaux sont massacrés et ça se passe très mal ».
Arrêtés en Ile-de-France
Excédés par des interventions non conformes de sous-traitants dans les armoires de rue de fibre optique, des maires du Val-d’Oise ou de l’Essonne ont carrément pris des arrêtés en 2021 pour obliger les opérateurs à signaler en amont le passage du technicien. 15 % à 20 % des abonnés seraient touchés par un dysfonctionnement.
Alors que le gouvernement promet la fibre pour tout le monde en 2025, son déploiement dans les foyers français vire parfois au cauchemar. 15 % à 20 % des abonnés seraient touchés par un dysfonctionnement du service.
Projet de loi
En juillet, le président de l’Avicca et sénateur (LR) de l’Ain, Patrick Chaize, a déposé une proposition de loi à visée coercitive pour inciter les opérateurs télécoms à se mobiliser contre les dégradations sur les réseaux de fibre. Le texte prévoit, notamment, qu’un abonné pourra, en cas de coupure, suspendre le paiement de son abonnement, voire le résilier.
« La France est en pointe en Europe pour les déploiements […] Mais cette réussite se transforme progressivement en échec essentiellement du fait du mode de raccordement des abonnés. Les derniers mètres, qui sont les premiers mètres vus de l’abonné, ruinent l’image du plan et sapent la résilience de ce réseau essentiel », exposait Patrick Chaize.
Mode Stoc en cause
Le mode STOC – « sous-traitance opérateur commercial » – a longtemps été pointé du doigt. Dans ce système, l’opérateur d’infrastructures laisse la responsabilité du raccordement des abonnés aux opérateurs commerciaux, qui délèguent ensuite cette tâche à des sous-traitants, lesquels, eux-mêmes, sous-traitent le travail, et ainsi de suite. En bout de chaîne, parfois, des autoentrepreneurs pas ou mal formés, qui interviennent pour raccorder les abonnés. Avec, de temps à autre, de la casse.
En avril 2020, l’État a tenté de réguler cette sous-traitance en la limitant à deux échelons. Mais, selon l’Avicca, le problème demeure. « La sous-traitance s’est juste horizontalisée », dit Ariel Turpin. Vous avez bien deux rangs, mais c’est une plateforme qui s’occupe de recruter des autoentrepreneurs. L’opérateur ne contrôle donc pas mieux le travail. »
Mise en concurrence
Pascal Le Lausque, représentant de la branche des télécoms de la CGT-FAPT, déplore « un grand nombre de dysfonctionnements et un service après-vente totalement défectueux. Pourtant, le marché de la fibre est en plein essor, mais les droits et garanties des salariés sont abaissés via une mise en concurrence des sous-traitants, au lieu d’assurer des emplois stables et qualifiés, une garantie de services pour des usagers. »
Un ancien syndicaliste assure, lui, être « intervenu pour des travailleurs sans papiers qui pour certains bossaient 70 heures par semaine pour 400 euros. À Béthune (Pas-de-Calais), ils vivaient à dix dans des chambres d’hôtel et étaient payés en sac de courses. »
Accidents mortels
Le manque de formation et la sous-traitance à outrance engendrent des accidents du travail parfois mortels. Le 15 octobre, alors qu’il intervenait sur un poteau téléphonique en bordure d’une départementale, à Talezat (Cantal), un salarié d’un sous-traitant d’Orange, âgé de 30 ans et originaire du Val-d'Oise, est mort électrocuté après être entré en contact avec la ligne à moyenne tension située au-dessus du poteau sur lequel il travaillait.
Uberisation
Pour Ariel Turpin, ce drame illustre « ce que peuvent donner les choix des opérateurs de recourir à l’uberisation. Cet homme est intervenu un samedi, alors qu’une convention interdit le travail le weekend. Il devait poser un poteau en matériau composite, mais il a posé un poteau métal, ce qui a provoqué un arc électrique : c’est le b.a.-ba que l’on apprend en formation ! Je pense que ce n’était pas possible de faire pire. Ce qui comptait, c’était de déployer vite et pas cher. »
Source : La Montagne (https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/il-ny-a-pas-une-semaine-ou-je-ne-suis-pas-contacte-pour-des-problemes-les-elus-perdus-dans-la-jungle-de-la-fibre_14230484/), écrit le 9 décembre 2022 par Nicolas Faucon.