Charente: la fibre optique continue de brouiller les élus
Pour peser face aux opérateurs et offrir la fibre à 85% des Charentais d’ici 2022, la Charente choisit la mutualisation. Fibre ou 4G, à l’orée d’un chantier de cinq à sept ans, le débat continue.
Ils sont d’accord sur le constat et l’objectif: l’urgence d’améliorer l’accès au haut débit internet sur le territoire. Mais pas sur la méthode: la fibre optique pour plus de 85% des foyers pour Charente Numérique et le Département, un «mix technologique», jugé moins coûteux et plus rapide, pour l’opposition «Charente à gauche». Ces dissensions resurgissent alors que Jacques Chabot, le président de Charente Numérique participait hier pour la première fois au conseil d’administration de Nouvelle Aquitaine THD («très haut débit»). Objectif de cette société publique locale, qui regroupe cinq syndicats mixtes représentant sept départements de Nouvelle-Aquitaine: se regrouper pour peser face aux opérateurs afin de créer un réseau en fibre optique.
«Il y a un effet de masse. C’est plus facile d’intéresser les opérateurs lorsque l’on représente 500.000 prises que 30.000», a assuré hier à l’issue du conseil d’administration Mathieu Hazouard, le président de la société qui promet le raccordement quasi entier des territoires de Nouvelle-Aquitaine au très haut débit d’ici cinq à sept ans. Concrètement, cette société publique exploitera et commercialisera les réseaux mais ils resteront la propriété de chaque syndicat mixte et seront loués à des opérateurs -Bouygues et Free sont intéressés.
Ces recettes seront redistribuées à chaque syndicat pour poursuivre le déploiement. Si Jacques Chabot refuse de dévoiler les recettes escomptées par Charente Numérique, il estime que «la rentabilité sera rapide, dès 2021». Pour ce chantier à 200 millions, la Charente a été divisée en quatre «lots». «Huit sociétés ont déjà été sélectionnées pour les marchés de travaux. Les premières prises physiques seront posées fin 2018. L’idée est d’amener le très haut débit dans 80% des foyers d’ici 2022, dans 100% en 2025.»
Fibre contre 4G
C’est sur ces délais et le coût que tire l’opposition départementale qui estime que Charente Numérique se trompe de combat. «Ce que les gens veulent c’est de l’internet de qualité, pas de la fibre optique ou rien. Ce qu’on critique n’est pas cette SPL, c’est la stratégie du Département, arc-bouté sur la fibre optique malgré le coût, tacle Thibaut Simonin, conseiller départemental d’opposition, parmi les instigateurs d’un débat sur le sujet mardi prochain. On nous explique que l’on a plus d’argent pour rien, pour les collèges, pour financer l’insertion et on est capable de trouver 24 ou 30 millions supplèmentaires alors que ce n’est pas la compétence du Département.»
Ce que lui et ses collègues préconisent, c’est «d’adapter la technologie à la topographie des lieux. De la fibre là où ça se justifie, des zones d’activités ou d’habitation denses, puis de l’ADSL de bonne qualité et de la 4G qui servirait en plus pour la téléphonie.» «Pas une solution pérenne», répond Jacques Chabot. A l’orée d’un chantier de cinq à sept ans, le débat est loin d’être clos.
L'opposition contre-attaque
Mardi 10 octobre à 18h, Charente à gauche, le groupe d’opposition au Département organise un débat «Très haut débit: élus, faites-vous votre idée» à la salle Paul-Dambier à Champniers. Pierre Camani, le président du conseil départemental du Lot-et-Garonne -département d’ailleurs représenté au sein de Nouvelle-Aquitaine THD- sera présent.
«Ils font de la 4G fixe et ont un grand secteur couvert par une quinzaine d’antennes», rapporte Thibaut Simonin. Seront aussi présents Stéphane Traumat, patron de Scub, et Philippe Bouty, président de la CDC de Charente limousine, qui étudie une proposition de SFR d’équiper gratuitement les 62 communes en très haut débit internet d’ici 2025.
Objectif: démontrer aux élus que très haut débit ne rime pas qu’avec fibre optique. «Charente Numérique leur a a présenté le projet de manière orientée», estime Thibaut Simonin. Faux, répond Jacques Chabot. «Le schéma ne prévoyait pas au début du tout fibré. C’est à la demande des CdC, à commencer par le Rouillacais que l’hypothèse a été envisagée.»
Source : Charente Libre (http://www.charentelibre.fr/2017/10/03/charente-la-fibre-optique-continue-de-brouiller-les-elus,3143275.php)