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Fonctionnement du forum => A lire avant de commencer... => Bistro Bistro => Discussion démarrée par: alain_p le 14 août 2025 à 22:53:53

Titre: Enquête lancée sur le freinage d'urgence automatique cause d'accidents ?
Posté par: alain_p le 14 août 2025 à 22:53:53
Le freinage d'urgence automatique a été rendu obligatoire en Europe comme équipement de sécurité dans les voitures par le parlent européens en 2022, et effectif depuis Juillet 2024 en France. Il pourrait être la cause d'accidents, dont certains mortels. En tout cas, comme le rapporte divers articles, une enquête a été ouverte par le ministère du transport pour le vérifier.

Voir cet article de France Bleu qui est à l'origine de l'information d'hier  :

Citer
"De 130 km/h à l'arrêt, en trois secondes" : ce que l'on sait des "freinages fantômes" rapportés par des automobilistes

Coline Mollard, Delphine Evenou - Publié le mercredi 13 août 2025 à 17:28

Après avoir survécu à un accident de voiture, qu'elle attribue à un freinage brutal sans action de sa part, une femme a reçu en juillet plusieurs centaines de témoignages similaires. Le ministère des Transports assure le 13 août se pencher sur ces cas de "freinages fantômes". ICI fait le point.

Le scénario est cauchemardesque : une voiture lancée à pleine vitesse sur l'autoroute qui freine toute seule d'un coup sec, sans que le conducteur touche à la pédale du frein. C'est ce que raconte une habitante du Rhône, percutée sur l'autoroute en avril dernier. Elle a lancé un appel à témoignage début juillet et reçu 250 réponses partageant une expérience similaire, selon les informations de France Inter.

Le cas de cette automobiliste est remonté jusqu'au ministère des Transports, contacté par ICI mercredi 13 août. "Un échange a eu lieu le 7 août dernier entre [cette automobiliste] et le service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs (SSMVM), un service rattaché au ministère des Transports, confirme le ministère, qui précise que d'autres cas lui ont été directement remontés. "Le ministère va interroger les constructeurs et procéder à la réalisation d’essais."

"Elle s'est arrêtée, sans action de ma part"

En avril dernier, Joanna, une habitante de Décines, dans le Rhône, est au volant de sa Peugeot 208, sur l'A40, en direction de la Haute-Savoie. Alors qu'elle roule entre 110 et 130 km/h, sa voiture freine brutalement, en pleine voie, à hauteur de Ceignes, dans l'Ain. "Elle s'est arrêtée, sans action de ma part et alors qu'il n'y avait aucun obstacle devant moi, raconte Joanna au micro de France Inter. C’est allé très vite, trois secondes pour arriver à l’arrêt. La voiture derrière est venue me percuter, et mon véhicule a fait un 180 degrés". Par chance, Joanna et l'autre conducteur s'en sortent avec des entorses cervicales et des hématomes.

La jeune femme en est persuadée, il s'agit d'un "freinage fantôme" : "Ma voiture est équipée d'aide à la conduite, y compris d'un système d'aide au freinage et ça m'était déjà arrivé que ça se déclenche, y compris à des moments pas forcément opportuns, mais à faible vitesse, et il y avait toujours une raison. Et il y avait un signal sonore ou visuel à ce moment-là. En avril, ça n'a pas du tout été le cas."

Joanna et le conducteur de l'autre voiture sont auditionnés par la gendarmerie, qui demande une expertise du véhicule de Joanna. Mais la justice refuse. "Officieusement, je sais que c'est parce que c'est trop cher et qu'il n'y a pas eu de décès", confie-t-elle. Son concessionnaire, Peugeot, refuse également.

Plus de 250 témoignages similaires

Début juillet, Joanna contacte le journal Le Progrès pour raconter son expérience et tenter de trouver d'autres automobilistes dans la même situation. Elle crée également une adresse mail (incident.freinage@gmail.com), sur laquelle elle reçoit, en un mois, plus de 250 témoignages de "freinages fantômes".

Les expériences concernent des voitures de toutes les marques et s'étalent sur les quatre dernières années. "Ça va du petit incident - le véhicule freine parce qu'il interprète une ombre ou un virage - sans conséquence, jusqu'à l'accident comme pour moi, voire, pour certains, un accident mortel", décrit la jeune femme.

"Ma passagère est décédée, je suis tombée dans le coma"

Parmi les différents témoignages, une femme contacte Joanna à propos d'un accident mortel en décembre 2023, sur l'A7 dans la Drôme. "On revenait de déplacement avec mon assistante. J'étais à vitesse normale sur l'autoroute. Et la voiture a freiné subitement, alors que j'étais en train d'accélérer, témoigne Aurélie auprès de France Inter. En quelques secondes, on est passé de 130 km/h, à l'arrêt. On a été percutées par l'arrière. Ma passagère est décédée, je suis tombée dans le coma".

À son réveil, c'est l'incompréhension : "Je suis absolument certaine de ne pas avoir freiné. Il n'y a pas eu de bip sonore, de lumière. C'est comme si on avait enclenché un fort moteur puissant", décrit Aurélie. Sa voiture, une Skoda, a été expertisée trois fois, mais aucune défaillance n'a été trouvée. Selon elle, sa voiture avait pourtant déjà connu des problèmes électroniques les semaines précédant l'accident mortel, avec le GPS et la musique. Le concessionnaire avait examiné le véhicule, sans trouver de dysfonctionnement.

Aurélie a été jugée en mai dernier et condamnée, début juillet, à de la prison avec sursis pour homicide involontaire. Elle n'a pas fait appel sur les conseils de ses avocats, mais cherche toujours à comprendre. "Mon objectif, c'est que justice soit rendue, que la vérité soit faite. Que quand il y a un défaut sur une voiture, ce soit reconnu, pour la victime, pour les familles. Ça ne ramènera pas ceux qui sont partis, mais ça pourra changer le futur, parce qu'on aura renforcé les contrôles, parce qu'on sera plus vigilant."

Un système de freinage obligatoire depuis 2022

Depuis 2022, tous les véhicules neufs vendus sur le territoire européen sont obligatoirement équipés d'un système de freinage d'urgence automatique, en cas d'obstacle sur la chaussée. "C'est une aide à la conduite conçue pour éviter les collisions ou réduire leur gravité, décrit Christophe Theuil, vice-président de la Fédération française de l'expertise automobile. Le système utilise plusieurs capteurs, des caméras et radars pour modéliser l'environnement tout autour du véhicule, et détecter tous types d'obstacles. Ces capteurs analysent en permanence la route, alertent le conducteur si un danger est imminent, avec un avertisseur visuel ou sonore. Si le conducteur n'agit pas sur la pédale de frein, le système freine automatiquement le véhicule, plus ou moins fort, pour minimiser l'impact."

Mais ce dispositif peut, dans certains cas, être défaillant et se déclencher pour de mauvaises raisons, admet Christophe Theuil. "Les conditions environnementales peuvent être défavorables à ces systèmes de capteurs, en cas de pluie, brouillard, neige, obscurité, soleil rasant ou contre-jour. Dans ces cas-là, le système peut se déconnecter, mais parfois, il ne le fait pas et les capteurs peuvent détecter des choses qui n'existent pas", assure l'expert en automobile. "On parle aussi de limitation technologique, c'est-à-dire des objets partiellement visibles ou des mouvements atypiques, par exemple un piéton qui surgit entre deux voitures. Le système peut ne pas comprendre les intentions du piéton et freiner par anticipation et surprendre le conducteur."

Par ailleurs, Christophe Theuil attribue d'éventuels dysfonctionnements à des erreurs humaines. "Il y a aussi un gros problème avec la mauvaise calibration des capteurs, par exemple quand vous remplacez votre pare-brise et que le professionnel n'est pas équipé des systèmes de calibrage des capteurs, ou qu'il ne les utilise pas ou mal, par manque de formation, de compétence ou méconnaissance. Mais le système est tellement précis qu'un seul degré d'écart de réglage est énorme. La voiture peut donc voir arriver une autre voiture sur la voie d'en face, imaginer qu'elle est sur notre voie et freiner, décrit-il. Si le capteur est mal réglé, des petits objets, comme un morceau de pneu éclaté, peuvent être interprétés par le système comme un obstacle."

Le spécialiste évoque également des "logiciels défaillants mal configurés ou pas mis à jour et révisés régulièrement chez un concessionnaire", ou encore "les interférences ou les incompatibilités avec d'autres systèmes, comme le régulateur de vitesse adaptative", qui ajuste les distances de sécurité. "Il faut vraiment respecter le cahier des charges de maintenance des véhicules et d'entretien", conclut-il.

"Il n'y a pas ici de scandale Takata"

Les conséquences graves sont toutefois rares, relativise Christophe Theuil. Il s'agit d'"un outil qui sauve des vies tous les jours", assure le vice-président de la Fédération française de l'expertise automobile. "Le système est fiable. Il y a des bugs, des problèmes de calibration et d'entretien du véhicule, pour cela il faut faire de la pédagogie auprès des professionnels et des automobilistes, mais pour moi, il n'y a pas ici de scandale Takata." Il ajoute que ces capteurs sont en constante évolution.

Les automobilistes qui se disent victimes de ces "freinages fantômes" veulent tout de même en avoir le cœur net. Joanna, qui n'a pas obtenu d'expertise, refuse pour le moment d'envoyer sa voiture à la casse. Elle a démarché Peugeot pour en savoir plus sur les causes possibles des pannes qui touchent leurs modèles, sans réponse. Contacté par France Inter, le constructeur assure que son dossier "est entre les mains de l’assurance du client. Vraisemblablement, celle-ci ne souhaite pas nous solliciter pour l’instant".

Un dispositif de sécurité obligatoire peut-il s'avérer dangereux ? Ce n'est pas avéré, encore, mais le principe, en cas de défaillance, freinage brutal, peut effectivement l'être...
Titre: Enquête lancée sur le freinage d'urgence automatique cause d'accidents ?
Posté par: artemus24 le 15 août 2025 à 09:29:22
Salut Alain_P.

Tout conducteur doit rester maitre de son véhicule. Article R412-6 du Code de la route (https://jeparticipe.metropole.toulouse.fr/processes/code-de-la-rue-ville-a-30/f/601/proposals/5047?component_id=601&locale=fr&participatory_process_slug=code-de-la-rue-ville-a-30). Dans le cas de ce dispositif de freinage d'urgence automatique, il se substitue à l'automobiliste et de ce fait, celui-ci n'est plus maitre de son véhicule.

Dans le même genre, il y a le cas du régulateur de vitesse bloqué sur l'autoroute, sans pouvoir s'arrêter (https://www.ladepeche.fr/article/2013/02/12/1559158-son-regulateur-de-vitesse-bloque-il-franchit-3-peages-a-200-km-h.html).

Je veux bien que cela soit une aide à la conduite, mais provoquer des accidents, non.
Titre: Enquête lancée sur le freinage d'urgence automatique cause d'accidents ?
Posté par: alain_p le 15 août 2025 à 10:35:44
Pour le régulateur de vitesse bloqué, on peut éventuellement penser que le conducteur s'y est mal pris, ou a paniqué à l'approche de barrières de péage.

Pour le freinage d'urgence, si on s'arrête en 3 ou 5s à 120 km/h, c'est forcément une action voulue par le conducteur qui a appuyé fortement sur la pédale de frein, ou une défaillance du logiciel. Si le conducteur ne l'a pas voulu, c'est une défaillance du logiciel (ou une hallucination d'une IA...). Je dirais en plus que quand c'est une femme, qui sont réputées moins agressives que les hommes au volant, c'est encore moins probable.