Un professeur d’économie raconte, sur un ton léger, sa mésaventure après une conversation téléphonique avec un confrère japonais : la police est venue jusque chez lui vérifier de quoi il retournait.

Figurez-vous qu’hier, j’ai eu la visite de la police à mon domicile parce que j’avais reçu un appel téléphonique d’un ami habitant à l’étranger ! Bien qu’un peu anecdotique, cette affaire a suscité chez moi certaines inquiétudes et interrogations.

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Mais à peine ai-je raccroché que je reçois un appel en provenance d’un téléphone fixe, celui du “Centre de lutte antifraude d’Hangzhou”, à en croire ce qui s’affiche sur le combiné. Je n’en tiens pas compte, mais à ma grande surprise, mon téléphone se remet à sonner avec insistance. Je décroche donc en demandant qui est à l’appareil. C’est le commissariat de police !

Ils veulent savoir si je ne viens pas de recevoir un appel de l’étranger. Qui était mon interlocuteur ? Ne s’agissait-il pas d’un appel frauduleux ?

Je réponds qu’un bon ami à moi habitant à l’étranger m’a appelé et que ce n’est pas du tout une arnaque téléphonique. On me demande ensuite mon adresse, ce à quoi je rétorque : “Qu’est-ce que cela peut vous faire ?” Mon interlocuteur m’indique qu’ils souhaitent venir voir sur place. Il commence à me chauffer les oreilles : “Mais puisque je vous dis que c’est un ami étranger qui m’a appelé, et que ce n’est pas une arnaque, quel besoin avez-vous de venir enquêter chez moi ?”


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À mon retour chez moi après avoir nagé pendant une bonne heure, ma femme m’apprend que deux policiers se sont présentés à mon domicile peu après mon départ. Très aimables et consciencieux, ils se sont enquis en détail de ce qui s’était passé au téléphone, pour confirmer à plusieurs reprises que ce n’était pas une arnaque. Pour finir, ils ont rempli une fiche destinée à être archivée, qu’ils ont demandé à ma femme de signer à ma place. Au moment de partir, ils m’ont quand même laissé un mot me priant d’appeler le commissariat à mon retour.

Toute cette histoire ne me dit rien qui vaille, et m’inquiète même un peu : va-t-il falloir désormais que je fasse un signalement à la police chaque fois que je recevrai un appel de l’étranger ? Qu’est-ce que ce serait gênant ! Et que faire en cas de doute sur un appel… Oh mais tout cela ne va-t-il pas à l’encontre de la liberté de communiquer des citoyens ?

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Envoyer des agents de police au domicile de quelqu’un pour prendre sa déposition, juste parce qu’il a reçu un coup de téléphone de l’étranger, c’est faire peser, mine de rien, une certaine pression sur ce citoyen : votre téléphone est sur écoute, faites attention pour vos communications téléphoniques avec l’étranger ! Voilà qui paraît quelque peu effrayant, surtout pour les personnes de ma génération, marquée par les séances de lutte et de dénonciation [pendant la Révolution culturelle] !

https://www.courrierinternational.com/article/surveillance-en-chine-un-coup-de-fil-de-letranger-et-hop-une-visite-du-commissariat