Auteur Sujet: Corée : Analyse du marché très haut débit par l'ARCEP  (Lu 6265 fois)

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vivien

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Corée : Analyse du marché très haut débit par l'ARCEP
« le: 10 novembre 2011 à 08:58:24 »
Synthèse de la mission de l'ARCEP en Corée du sud.

Joëlle Toledano, Anne Lenfant et Ghislain Heude se sont rendus à Séoul en république de Corée du 27 juin au 1er juillet 2011 afin d’y rencontrer les acteurs du secteur des communications électroniques. Un PDF complet de 86 pages à été publié par l'ARCEP hier.

Pourquoi avoir choisit la Corée  du sud ?  Je suppose que l'ARCEP est intéressé par le fort déploiement du trés haut débit :


La Corée est le pays au monde ou les technologies Fibre / LAN sont le plus déployées (18% des habitants sont abonnés à une offre fibre / lan). Le Japon suit de prés avec 15% des habitants, la France est très loin, avec presque 0% des habitants abonnés à une offre fibre (le câble n'est pas inclus). Les premiers déploiements datent de la fin des années 1990. L’impulsion prépondérante est venue des pouvoirs publics dans le cadre de leur stratégie de sortie de la crise financière asiatique de 1997. Une priorité (encore plus) forte a alors été donnée à l’économie de la connaissance et aux TIC. Le développement des jeux en ligne a aussi joué un rôle d’accélérateur. La "Korea Communications Commission" (KCC) est un des bras armé de cette orientation stratégique. C’est à la fois un régulateur puissant des télécommunications et de l’audiovisuel et un responsable de la mise en œuvre de la politique industrielle tant des infrastructures que des services (Il dispose d’un fonds de soutien alimenté pour moitié par les recettes des fréquences qu’il distribue et l’autre moitié par le produit d’une taxe payée par les opérateurs. Le fonds de « Promotion pour l’informatisation » a disposé, d’après le KISDI, d’environ 1 Md de US$ de 1996 à 2006 ; la moitié a été utilisé pour la R&D).




Ampleur des déploiements du très haut débit fixe

Aujourd’hui, trois opérateurs de télécommunications et un ensemble de câblo-opérateurs disposent d’infrastructures fixes distinctes et sont à même d’offrir du haut et du très haut débit. L’opérateur historique couvre la quasi-totalité de la population en FTTx (99%) et les autres ont des couvertures très élevées. La couverture par le câble, de plus de 90% de la population, date des années 90. Elle était destinée à compenser les zones d’ombre très importantes de la couverture hertzienne de la TV2. Depuis 2005, les clients adoptent progressivement le THD (débit crête à 100 mégabit/s) qui représente d’ores et déjà plus de la moitié du parc, alors que le taux de pénétration du haut et/ou du très haut débit est parmi les plus élevé au monde (35% de la population et presque autant de connections que de ménages).

Le marché coréen est caractérisé par des abonnements haut et très haut débit résidentiels bon marché. Les offres des opérateurs sont assez proches les unes des autres mêmes quand les débits sont sensiblement différents : en moyenne, la différence entre des abonnements à 10 Mpbs et 100 Mbps descendants n’est que de 2 à 3 € sur un total de l’ordre de 20 €. Tous les opérateurs proposent des tarifs préférentiels – avec 15 à 20% de remise - lorsque les consommateurs acceptent des durées d’engagement conséquentes (36 mois).


vivien

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Corée : Analyse du marché très haut débit
« Réponse #1 le: 10 novembre 2011 à 08:59:57 »
Concurrence par les infrastructures sur le Fttx

Il existe ainsi une forte concurrence par les infrastructures. La géo économie de la Corée est certes le premier facteur explicatif fort : 500 habitants au km2 alors que la montagne occupe 70% du territoire ! (Une parte importante des 117 licences territoriales d’origine ont été reprises par de grands groupes industriels (chaebols) qui ont financé la numérisation du réseau pour passer en Docsis 3.0. Actuellement la moitié est numérisée, mais le réseau câblé est encore très émietté.)
Le «grand Séoul » représente presque la moitié de la population coréenne, 76% de la population réside dans les 10 premières villes et plus de 90% de la population est à moins de 5 km d’un nœud de raccordement de l’opérateur historique KT. À cette forte concentration, qui réduit sensiblement les coûts de déploiement, il convient d’ajouter des habitudes plus « pragmatiques » et moins respectueuses de l’esthétique urbaine que celles des pays européens, avec beaucoup de déploiements aériens en zone urbaine moins coûteux que notre génie civil souterrain.



C’est probablement ce pragmatisme, y compris technologique avec des réseaux techniquement très hétérogènes, qui explique que l’écart de qualité de service entre le haut et le très haut débit ne soit pas aussi significatif pour les consommateurs.
Les infrastructures de génie civil utilisées pour le déploiement des réseaux ont très tôt été rendues disponibles aux opérateurs. Il s’agit, pour l’essentiel, des appuis aériens de l’électricien KEPCO dont l’utilisation a été ouverte dès 1998. Une partie des infrastructures de l’opérateur historique KT est venue en 2003 enrichir l’offre de génie civil, mais celles-ci demeurent peu utilisées par ses concurrents.




La mutualisation de la partie terminale

Les opérateurs ne rencontrent plus de difficultés pour rentrer dans les immeubles les plus récents où ils ont pu déployer les nouveaux réseaux. La problématique de la mutualisation du segment terminal des réseaux FttH n’a pas donné lieu à une réglementation ex ante comparable à celle mise en place dans le cadre français. Pour autant le démarrage n’a pas été évident. La KCC a défini un programme de certification (1 à 4 étoiles) des immeubles destiné à évaluer la qualité des installations. Le très haut débit est devenu un élèment important du standing des immeubles et est demandé par les nouveaux propriétaires.



Avec le fort renouvellement de l’habitat, l’essentiel des Coréens habitent de grands ensembles immobiliers équipés par des réseaux de desserte des appartements (réseaux LAN Ethernet ou fibre optique) dont la gestion est assurée par les syndics. Il n’en reste pas moins qu’il a existé des problèmes de mutualisation qui semblent s’être globalement résolus, avec l’ «aide» du régulateur, même si l’opérateur historique continue à bénéficier de quelques avantages.
Les solutions dans les logements plus anciens sont plus « bricolées » : passage de fibre par la fenêtre, installations à l’intérieur des immeubles sans véritables salle dédiée, etc.

vivien

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Corée : Analyse du marché très haut débit
« Réponse #2 le: 10 novembre 2011 à 09:25:21 »
La concurrence « équitable » au bénéfice du consommateur

La concurrence par les infrastructures revendiquée et régulée par KCC a conduit à une situation concurrentielle dynamique avec des prix raisonnables et un service client très réactif dans le fixe. Dans le haut et très débit, l’opérateur historique KT détient un peu plus de 40% de part de marché, SK Broadband 24%, LGU+ 15% et les câblo-opérateurs 18%. Dans le mobile, la hiérarchie est inversée : SK détient 51% de part de marché, KT 31% et LGU+ 18%. Moins satisfait de la concurrence sur le marché mobile, le régulateur envisage l’entrée d’un quatrième opérateur, peut-être dans le cadre de l’attribution des fréquences du dividende numérique.


Pratiques commerciales des opérateurs

Les coûts de changement d’opérateur semblent importants. La stratégie commerciale commune aux opérateurs vise à vendre des offres avec durées d’engagement longues (36 mois pour plus de la moitié des ménages clients du haut/très haut débit), ventes groupées liant les différents produits disponibles – fixe/mobile/VOIP/téléphonie RTC/IPTV/terminal – et aussi les membres d’une même famille. Il en résulte une moindre fluidité du marché et des coûts d’acquisition des clients très élevés (jusqu’à 500 US $ pour un nouveau client) que la KCC cherche à limiter. La VOIP s’est très rapidement développée depuis 2008, date d’introduction de la portabilité des numéros fixes.


Quadruple play, smartphones et explosion des débits

Actuellement les offres quadruple play (internet, téléphone et TV sur IP + mobile) deviennent commercialement stratégiques. La KCC, pour préserver une concurrence équitable entre les quatre acteurs du fixe et pour développer la concurrence sur le marché des mobiles, envisage de faire évoluer sa politique d’allocation des fréquences et de faire entrer sur le marché un quatrième opérateur dont les câblo-opérateurs pourraient devenir opérateur virtuel (MVNO). En tout état de cause, la KCC est en train de définir les conditions d’hébergement que les opérateurs mobiles existants devront pratiquer avec les opérateurs virtuels qu’ils vont devoir accepter.



Le développement des ventes des smartphones sur le marché coréen et en particulier de l’iPhone - bloqué jusqu’en novembre 2009 - a été explosif. Les Coréens ont une très grande appétence pour les nouveaux produits et services. En un peu plus d’un an, le nombre de clients du haut débit mobile a dépassé les 11 millions. KT était, jusqu’à mars dernier, le distributeur exclusif de l’iPhone et en a largement profité (Arpu supérieur de 45% à la moyenne). SK vient de signer lui aussi un accord de distribution avec Apple. Toutefois, l’explosion des usages, associée à des offres illimitées, commence à poser des problèmes de congestion aux opérateurs qui demandent des fréquences supplèmentaires (KT espère profiter enfin de son ancien réseau WIBRO - Wimax coréen - pour décharger le réseau).

Aujourd’hui, les efforts de la KCC semblent davantage se tourner vers les contenus et les services transitant par les infrastructures des réseaux larges bandes. Certes la KCC pousse également le projet de faire passer les débits des réseaux FTTx de 100Mb/s à 1Gb/s, en finançant la R&D et les expérimentations, mais les grandes ambitions sont ailleurs. Avec la convergence, il faut aussi être présent dans les services. Or, force est de constater que l’industrie des contenus, au premier rang desquels on trouve la TV, n’a pas encore trouvé son modèle économique dans le monde numérique. De gros efforts sont faits en matière de création musicale, de production de films et de nouveaux services publics comme privés (Il faut d’ailleurs noter que la Corée a adopté un mode de soutien à son industrie cinématographique très proche de celui défini en France, fondé sur des aides à la production, à la distribution et à l’exportation).
Quant aux opérateurs télécoms, leurs préoccupations affichées sont très similaires à celles des opérateurs européens et ils abordent le sujet de la neutralité d’internet avec les mêmes argumentaires. En particulier, ils souhaitent recevoir des rémunérations complèmentaires au titre de l’augmentation des trafics et des investissements nécessaires au décongestionnement de leurs réseaux.


Rédaction de l'analyse de l'ACEP :
- Joëlle Toledano, Membre de l’Autorité
- Anne Lenfant, Directeur des affaires européennes et internationales
- Ghislain Heude, Adjoint au chef d’unité « Infrastructures haut débit et très haut débit »
Date de parution : Novembre 2011

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Corée : Analyse du marché très haut débit par l'ARCEP
« Réponse #3 le: 10 novembre 2011 à 23:21:46 »
Il est claire que la corée à pris une certaine avance.
Par contre leur déploiement technologique est il me semble catastrophique dans le temps.
Peut etre que la rentabilité leur permet d'améliorer leur réseau au fur et à mesure.


Il me semble que le déploiement en france est certe long mais pérenne.

Il serait interressant de voir la différence avec le réseau ftth du japon déployer en priorité dans les résidences à faible débit et par un seul opérateur NTT.