Auteur Sujet: Fracture Numérique: Nécessité de Réseaux Standardisés...  (Lu 1242 fois)

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Marco POLO

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Olivier Huart, président de TDF, a écrit l'article suivant sur LesEchos.fr (19/04/16):

Réduire la fracture numérique passe par des réseaux standardisés

Le rythme de déploiement des réseaux est par nature lent. Mais, aujourd'hui, ce tempo se heurte à une impatience croissante de l'opinion publique.

Le rythme de déploiement des réseaux se heurte à une équation économique complexe : satisfaire des besoins croissants sans peser sur la rentabilité des opérateurs. La solution passe par une offre standardisée. C'est le moyen de réduire la fracture numérique.

Nous avons déjà tous été confrontés à l'impossibilité de téléphoner ou d'envoyer un e-mail, une photo, une vidéo avec bien sûr une urgence à régler… lors d'un séjour à la campagne. Une situation qui peut sembler d'une autre époque à des urbains hyperconnectés mais qui est malheureusement le quotidien pour encore plusieurs milliers
[millions !!!] d'habitants. Pourtant, le gouvernement a engagé un plan de mobilisation pour équiper en 2G et en 3G 3.300 zones considérées comme prioritaires, qu'il s'agisse de 268 centres-bourgs et de 800 sites stratégiques économiques ou touristiques n'ayant aucune couverture, ou de 2.200 communes ne disposant pas de la 3G.

Le rythme de déploiement des réseaux est par nature lent. Mais aujourd'hui, ce tempo se heurte à une impatience croissante de l'opinion publique. Afin de lutter contre cette fracture territoriale, nos gouvernants ont mis en place des politiques publiques ambitieuses. Résultat, les plans se succèdent: 2003, 2004, et, dernier en date, le plan Très Haut Débit de 2013, accéléré en mai 2015. Avec des progrès incontestables, mais une couverture de qualité qui peine à s'imposer sur tout le territoire.

En réalité, ma conviction profonde est que le volontarisme politique ne suffira pas à régler la question de la carence de couverture. Car, l'enjeu de fond est d'abord économique: il nous faut trouver une équation financière de long terme capable de garantir partout la viabilité des investissements des opérateurs privés.

Les paramètres de l'équation sont connus: d'une part, les besoins croissants des ménages et des entreprises pour accéder à un réseau partout où ils se trouvent ; de l'autre, des coûts d'installation considérables, qui pèsent sur la décision de couvrir tel ou tel territoire. C'est particulièrement net dans le mobile, où chaque nouvelle génération de technologie nécessite plusieurs centaines de millions d'euros d'investissements, quand, dans le même temps, les revenus des opérateurs ne sont pas extensibles à l'infini.

La résolution de cette équation passe par la standardisation : les opérateurs doivent pouvoir s'appuyer sur un réseau d'infrastructures standardisé pour offrir les services numériques, (4G, fibre…) au plus grand nombre.

Pour cela, les pouvoirs publics doivent avoir une vision sur le long terme des infrastructures numériques : tout d'abord, en anticipant leur déploiement en cohérence avec les évolutions des bassins de population, ensuite en organisant leur mise en oeuvre et maintenance à des coûts connus et optimisés. Enfin, en rendant ces infrastructures disponibles à tous les acteurs : habitants, entreprises et institutions publiques.

Une telle vision prévaut dans le monde de l'audiovisuel avec la télévision et la radio. Elle s'organise progressivement pour le déploiement de la fibre dans certaines parties du territoire. Dans un marché structurellement horizontal, c'est grâce à une infrastructure dédiée et optimisée qu'il est aujourd'hui possible d'offrir la TNT dans les foyers pour des sommes modiques. Ce qui a fait ses preuves dans l'audiovisuel hertzien peut fonctionner dans le mobile aujourd'hui et dans la fibre demain.

En tant que fournisseurs d'infrastructures, nous avons un rôle clé pour déployer et numériser le territoire. Nous avons le savoir-faire et la technologie. Nous sommes un trait d'union entre les intérêts du public et ceux du privé.

Notre métier est celui d'un grossiste: construire, maintenir et faire évoluer les infrastructures au bénéfice de détaillants, qui eux-mêmes proposent les services et les contenus de haute valeur ajoutée pour leur clientèle respective.

Notre méthode est doublement horizontale: elle part du principe simple que c'est en mettant autour de la table acteurs privés et pouvoirs publics que nous serons en mesure de couvrir l'ensemble des territoires. A l'inverse d'un modèle vertical, elle ne fait pas forcèment rimer création de valeur et maîtrise de la chaîne de valeur (de l'infrastructure à la distribution). En réalité, nous sommes au cœur de cette économie du partage, qui milite pour la valeur d'usage plutôt que pour celle de la possession.

Au final, c'est en abordant sans fard idéologique la question des zones prioritaires que nous serons capables de régler une injustice sociale incontestable. Car, derrière la notion de zone blanche ou prioritaire, il y a bien sûr une fracture numérique béante. D'un côté, un monde connecté et mutant èmerge au cœur des mégapoles: la 5G, les objets connectés repoussent sans cesse les limites technologiques dans les domaines de la santé, de l'environnement, de la connaissance, du divertissement… De l'autre et à la marge des progrès technologiques, les zones rurales et périurbaines, où l'accès à la téléphonie fixe, mobile et Internet n'est pas acquis et vient s'ajouter à une fracture économique préexistante.